Ma vraie injonction bourreau : fais des efforts
Et je suis choquée parce que je l’ai identifiée il y a à peine quelques jours. Récemment, j’ai suivi une formation gestion du stress avec la coach emploi que j’avais eue pour mon bilan de compétences. D’ailleurs, préparez-vous, il va y avoir une flopée d’articles sur le sujet. Bref. A un moment, on remplit un test sur nos injonctions bourreau. Oh moi, je les connais : c’est “fais plaisir” et “sois parfaite”. Sauf qu’en faisant le test, la vérité apparaît, nue et crue : si j’ai bien la “fais plaisir” en premier, arrive à égalité “fais des efforts”. Mais non ?
Faire beaucoup et tant pis si on ne va pas au bout
Hé si. Déjà, pourquoi l’injonction du “sois parfait” n’arrive pas en tête ? Bon, elle arrive en 3 sur 5 quand même. Mais en réalité, je ne cherche pas tant à être parfaite qu’à faire plaisir en étant parfaite au yeux des autres. Telle que je crois qu’ils m’attendent. Le “fais des efforts”, c’est plus le côté “je m’intéresse plus au voyage qu’à la destination ». Faire, faire, faire. Ah oui, tout à fait ça. Le souci de cette injonction là, c’est qu’on s’éparpille et qu’on a tendance à ne pas aller au bout du truc. Damned, encore du moi tout craché.
Je vis ma vie dans ma tête
Je me considère comme une rêveuse. Enfin, je me considère… Je suis une rêveuse. Dans ma tête, je vis mille vies, je lance 30 projets par jour. Et j’aurai ma boutique Etsy, ma BD, je m’initierai à tous les loisirs créatifs. J’aurai des podcasts et j’écrirai mille romans. Mais publié aucun parce que même dans mes rêves les plus fous, la réécriture puis le travail de promotion ne m’intéressent pas du tout. Peut-être parce que j’ai vu trop d’auteurices mourir d’ennui dans une librairie à attendre que quelqu’un vienne demander une signature. Bref, je me lève un matin avec l’idée de lancer un projet et qu’il va falloir faire des efforts pour y arriver. Une sorte de no pain, no gain, étendu à toutes les facettes de ma vie.
Aucun dosage dans l’enthousiasme
Pour lutter contre le stress, je réfléchis de façon pragmatique. Un pied après l’autre jusqu’au bout. Rien ne paraît insurmontable à partir du moment où il suffit de faire pour avancer. Sauf que le driver “fais des efforts” n’incite pas au dosage. On se jette donc dans la nouvelle tâche, le nouveau projet avec enthousiasme. A corps perdu, j’ai envie de dire. Sauf qu’entamer un marathon avec l’énergie pour un 800 mètres, ça va être compliqué. Et je dis ça alors que moi, je cours au max 50 mètres et ça me fatigue déjà. Mais oui, passé l’enthousiasme de la découverte, une fois le sujet maîtrisé… bof. Typiquement, quand je bosse en mode agence, je suis toujours excitée par l’arrivée d’un nouveau sujet ou dossier. Mais au bout de trois mois, je commence à caler un peu. Ca va, j’ai compris, passons à autre chose.
En faire toujours trop
A partir de là, tout se met en place. Pourquoi mon rêve absolu, ce serait d’être étudiante à vie ? Parce qu’apprendre me stimule, oui. Mais surtout pour le travail d’apprentissage en soi. Aller à la bibliothèque, lire, prendre des notes. Ce travail de creuser pour maîtriser un sujet. La partie rédactionnelle m’intéresse déjà moins. C’est bon, j’ai compris. Je peux passer à autre chose ? Du coup, effet kisskool, ce driver “fais des efforts” a tendance à pousser à complexifier les tâches car rien ne doit être facile sinon, ça vaut pas. Résultat ? On travaille beaucoup, longtemps, on ne se ménage pas eeeeet… c’est le burn-out. Ah ben tiens, je le connais bien celui-là aussi.
Un driver qui me mine
Très bien alors maintenant, on fait quoi ? Je veux dire, les drivers, c’est bien de les connaître mais ça se désamorce pas d’un claquement de doigts. Et j’ai été bien dépitée parce qu’évidemment, je ne retiens que le négatif, à savoir que je vais pas au bout de mes trucs et que je m’éparpille. Oui parce que les drivers, c’est pas que des handicaps dans la vie, y a aussi du positif mais on se sait. Moi, j’ai vu ça, j’ai entendu “t’iras jamais au bout de rien” et j’ai pensé à mes kits de ci, de ça, qui traînent à la maison. Genre ma peinture au numéro jamais finie, mes Powerpoint art jamais finis non plus donc ce super de Starmania :
Nina ne finit rien. Elle a calé sur son roman à la 140e page et n’écrit plus beaucoup. Nina crame tout au début et après… Nina est exaltée par les nouvelles idées, les nouveaux projets. Pense qu’il suffit de s’y mettre et de s’appliquer pour que ça marche. Et si ça marche pas, elle se flagelle en se disant qu’elle est particulièrement gourde. Le self love chez moi est puissant par moment. Mais je sortais de mon SPM à ce moment-là de l’histoire.
L’obsession du faire
Alors du coup, je fais quoi, je fais comment ? Ok, j’ai identifié le truc. Sauf qu’à chaque fois que je souhaite m’en sortir, qu’est-ce que je pense “méthode et application”. Il suffit de, y a plus qu’à. Faire une to do mastoc avec un temps pour chaque activité que je veux mener à bien. Faire, faire, faire. On n’a pas le cul sorti des ronces.
Ou alors on se lâche la grappe
Conclusion ? Et bien je n’en ai pas, là, de suite. Peut-être que c’est aussi là une leçon de vie, un premier pas dans le lâcher-prise. Je suis comme je suis et je n’arriverai pas à me changer. La seule leçon, éventuellement, à conserver, c’est que si ça commence à chauffer dans le système, on se calme. Quant au fait de ne pas aller au bout des projets… est-ce toujours si grave, finalement ? Vous avez quatre heures.