Le SPM ou comment tu peux pas tout maîtriser dans la vie
Control freak, moi ? Non, je dirais plutôt avide de vie. Je rêve de 1000 vies et pour parvenir à mes fins, je n’ai pas le choix : une organisation millimétrée. Alors, ça, c’est la théorie. En pratique, c’est intenable. Ca mène tout droit au burn-out et à la frustration. Oui, j’aimerais avoir plus de temps pour écrire, faire du powerpoint Art, du sport et de la flânerie mais c’est pas ça la vie. Alors petit à petit, j’apprends à me lâcher la grappe. Je fais ce que je peux et si j’ai glandé au lieu de faire c’est peut-être parce que j’étais pas au mieux de ma forme. Est-ce que quelqu’un en est mort ? Je veux dire à part mon moi imaginaire qui a publié une dizaine de romans et ouvert sa boutique arty, posée sur un fessier qui ferait pâlir d’envie Lara Croft ? Non. Surtout que depuis quelques temps, j’ai un nouvel ennemi assez costaud : le SPM.
Pourquoi un soudain bad ?
Longtemps, je n’ai pas été attentive à mon SPM. Mes humeurs semblaient fluctuer selon des éléments tout à fait tangibles. Genre un boulot chiant, une péripétie avec un mec in fine indélicat. J’ai eu une trentaine assez trépidante, en bien comme en mal. La quarantaine est relativement plus douce. Après des années à courir après je ne sais quoi, je suis enfin posée. Vraiment, si je valide ma période d’essai, je devrais arrêter de courir partout. Donc à priori, à part mon ventre que je soigne du mieux que je peux, la liste des contrariétés devrait être plutôt courte. Bien sûr, il y a des contrariétés matérielles au niveau de l’appartement, un vieux chat devenu ronchon qui trouve que c’est mieux de pisser sur le canapé que dans sa litière posée à deux mètres de là. Des imprévus à payer, un entourage qui vieillit. Mais globalement, je n’ai jamais été aussi proche de ma vie rêvée. Alors pourquoi des fois, je suis en bad total ?
Je suis méchante avec moi-même
Parce que le SPM ! Syndrome Pré Menstruel pour les trois du fond qui ne connaîtraient pas. C’est un état physico-mental assez particulier qui peut survenir quelques jours voire quelques heures avant les règles. Chez moi, ça se traduit par une fatigue et une énorme lassitude mentale à base de « à quoi bon« . Dans la version vénère, je me mets à avoir une énorme méchanceté envers moi. C’est d’ailleurs à l’occasion d’un de ses épisodes cet été que j’ai repéré que mon SPM me voulait du mal. Alors qu’il faisait beau et que je prenais plutôt bien ma vie du moment en main, je me suis mise à m’auto-insulter. Soudain, je n’étais qu’une merde qui n’avait rien réussi dans la vie. J’étais une grosse nulle en tout. Et je croyais que j’allais pouvoir changer de voie ? Ca va encore finir en échec, cette histoire-là. Dans les films, le héros ou l’héroïne, surtout l’héroïne, a un parent humiliant. Le parent qui n’a pas grand chose à dire à son enfant à part que c’est un raté, une déception. Et bah moi, ce parent abusif, c’est moi en période SPM.
Lutter contre la fatigue
Et ça m’arrive souvent en plus. Alors que je me rapproche inexorablement de la fin de ma fertilité, mes cycles se raccourcissent. 23 jours en moyenne. Ce qui veut dire que, oui, je peux me taper deux SPM en un mois, yeah. Alors je vous rassure, mon SPM n’est pas systématiquement aussi vénère. Des fois, il veut juste faire la sieste. Et vous savez ce qui est peu compatible avec le fait de vouloir faire la sieste ? Une organisation millimétrée. Trop millimétrée. Je me suis déjà pas trop prévu une pause pipi, vous croyez que j’ai pensé à une pause dodo en dehors des heures prévues à cet effet ? Alors j’ignore. Je lutte pour ne pas dormir. Sauf que je suis peu effective, ce que je produis est globalement moyen voire carrément médiocre. J’écris des phrases mal branlées, je mets deux heures à défaire un noeud qui aurait dû me prendre 10 minutes. Et le grand classique : je me perds dans les méandres d’Internet. Twitter, Insta, Youtube, Twitch, un article que je ne finirai sans doute jamais de lire. Puis tiens, je vais faire du Powerpoint Art. Ah mais pourquoi je suis à nouveau sur Insta à lâcher du like par benne ? Ou pire, sur Facebook à regarder des vidéos « hacks de la vraie vie » tellement pétés qu’on devrait couper Internet aux gens qui produisent ça ?
J’excelle en flagellation
Et évidemment, le cercle vicieux se met en place : ah, je perds du temps, je glande, je galère, je suis une nulle. Ah oui, le SPM, il ne gâche pas une occasion de vous en refoutre une couche. Et j’ai beau bosser mon self esteem comme je peux (mal, sans doute), je ne peux pas lutter. Il a trouvé un bâton, il va me taper avec, c’est comme ça. Je parle du SPM parce que c’est un moment assez facile à définir mais étant assez cyclothimique, ces petits moments de la haine de soi, j’en ai un peu régulièrement. Souvent quand je suis fatiguée. Et dans cette grande refonte de logiciel dans laquelle je me suis lancée, à savoir que je ne peux pas être efficace en permanence, je dois apprendre à dompter ces moments-là. Pas les dompter en mode « ta gueule, la fatigue, je dois faire ! ». Non, juste les accepter et ralentir le rythme. Tant que faire se peut, évidemment.
Accepter l’imprévu
Cet article sur le SPM, je l’avais prévu dès cet été. Dès le gros épisode d’intense flagellation cité plus haut car je l’avais trouvé particulièrement violent. Alors que je devais passer l’été le plus beau de ma vie, il a eu un goût de mouif. Faudra que je travaille la petite rancoeur par rapport à ça, d’ailleurs. Sauf qu’à l’époque, j’envisageais ça sous le prisme du « prévois le coup et organise-toi en conséquence ». Maintenant que j’ai compris que je devais me lâcher la grappe sur ces histoires d’organisation, je l’envisage autrement. D’autant que le SPM, c’est pas un bail que je peux maîtriser. Des fois, je ne le sens pas passer, d’autre fois, il arrive en me hurlant dessus en me tatanant par surprise. Organiser ma vie en fonction du SPM, c’est l’équivalent de partir en vacances avec 3 valises des fois que j’ai envie de faire de la peinture, des perles, du tissage ou je ne sais quoi. Des trucs que je ne fais pas dans la vraie vie, notez. Ca ne fonctionne pas comme ça. Le SPM, c’est juste un imprévu. Un courant dans la mer de la vie. Soit tu nages à contre-courant et tu t’épuises, soit tu te laisses porter en faisant la planche. Soit ça t’amène à un point qui te convient, soit tu nages là où tu voulais aller mais dans une eau plus calme.
Des fois je suis up, des fois je suis down
Bref, j’apprends à accepter les aléas de la vie. Surtout qu’ils ne sont pas que négatifs. Parfois, je suis en super forme et je fais plein de trucs. Typiquement, la semaine dernière, joli alignement des astres : il faisait super beau, c’était mon anniversaire, j’étais entre deux concerts de Starmania et je n’avais pas mal au ventre. Ai-je fait tout ce que j’avais envie de faire ? Non. Est-ce que ça m’a chagrinée ? Non plus. Essentiellement parce que je n’avais pas mal et que la nature est super belle en ce moment, que demander de plus ? Du coup, les coups de mou, autant les accepter sans combattre. Bon, si c’est un peu trop régulier, un petit check-up ne fera pas de mal, bien entendu. Je me suis racontée une histoire dans laquelle j’étais toujours au top de moi-même. Une belle histoire qui me rendait triste et un peu maltraitante avec moi-même vu que c’est faux mais je refusais de l’admettre. Le SPM me rappelle régulièrement à l’ordre. Ma forme est une variable. Des fois, je suis en up et c’est cool. Parfois pas et je ne peux pas célébrer le up tout en faisant comme si le down n’existait pas.
Et je boirai du chocolat
Et si le prochain SPM m’embête, je lui donnerai une bonne tasse de chocolat. Après tout, c’est riche en fer, magnésium, anti-oxydant et vu que je le prépare à base de lait d’avoine, doit y avoir de la fibre ou je ne sais quoi. Ca nous rendra certainement moins grincheux.