Le développement personnel, c’est le burn-out
Pour de vrai. Sur ce blog, je parle régulièrement d’une intervention d’Albert Moukheiber dans l’émission 28 mn de Arte. Intervention qui n’est plus disponible, grrrr. Bref, Albert parle de comment on gère mal notre cerveau, qu’on croit que quelques jours de vacances suffiront à recharger les batteries alors que le cerveau a besoin de breaks quotidiens. Et il nous parle notamment de la pression liée au développement personnel et au bien-être. “Il faut que je médite”, “il faut que je fasse mon bullet journal”. Et qu’au lieu de t’apporter l’apaisement dont tu as besoin, tu sombres dans le burn-out. Précisément mon sujet du jour.
Le bonheur, c’est simple
Quand j’ai découvert les différents préceptes du développement personnel, j’ai voulu embrasser ça avec le zèle de la débutante. Le fameux syndrome du shiny object. J’avais toute la panoplie. L’appli petit bambou, je faisais le miracle morning, je tenais un journal. Bon ceci étant, je tenais ce journal au moment de Vanessa la cruelle manageuse donc c’était pas inutile. Le développement personnel se repose sur un concept assez simple : fais ce que je te dis et tu réussiras ta vie. J’ai voulu y croire parce qu’après tout, on aime tous l’idée que le bonheur, c’est simple comme une recette de cuisine.
On aimerait croire qu’il suffit de
Sauf que l’une des grandes leçons que j’ai apprise du développement personnel, c’est que la vie n’est pas toujours aussi simple qu’une carotte. Rapport à la recette de cuisine. Croire qu’il suffit de, c’est tentant. Mais l’énergie est fluctuante quoi qu’il en soit. C’est bien beau de dire qu’on ne doit pas se laisser atteindre par les éléments négatifs de votre vie mais à un moment, le cuir finit par s’affiner, voire se déchirer. Je déteste quand on n’écoute pas mes récriminations parce que “oh, c’est rien”, “t’inquiète pas, ça va pas être si pire”. Bien sûr, parfois, je dramatise une situation mais mes inquiétudes sont légitimes. Suffit pas de me dire “bah, n’y pense plus”, pour que mes pensées s’apaisent. Surtout en période d’énergie basse ou quand je découvre que mon nouveau PDG est du genre trou du c’ de compète et que je sais très bien comment ça va se terminer. Bref, ignorer les signaux faibles, c’est aussi la voie royale pour le burn-out.
Je ne peux pas tout faire
Parfois, je suis frustrée. Parce que je n’ai pas le temps de tout faire et que je n’ai pas nécessairement la philosophie de l’accepter. Par exemple, en ce moment, j’écris. 130 pages d’un roman qui finira dans les limbes de mon drive mais je prends du plaisir. Sauf que, à côté de ça, j’ai pas trop le temps de faire du Powerpoint art, que j’ai pas fini la peinture à numéro que je me suis offert pour mon anniversaire y a un an. J’ai pas fini Zelda, pas commencé le dernier Mario alors que Princess Peach arrive. Je me suis pas lancée dans mes projets vidéos et je ne fais plus du tout de photo. Je sais que je fonctionne par périodes mais quand même. La cause ? La vie. Typiquement, samedi dernier, je voulais faire plein de choses mais j’ai paressé toute la journée. A part une petite marche et du ménage, j’ai rien foutu. Ca arrive. J’avais passé une semaine bof avec un vendredi au sommet de l’intensité émotionnelle. En gros vendredi soir, au lieu de rentrer chez moi après le boulot, je suis allée boire des verres avec une collègue pour la consoler de sa sale journée. Donc ouais, j’ai pas écrit, j’ai pas fait de Powerpoint art. J’ai même pas beaucoup lu. Mais c’est la vie.
La vie rêvée du développement personnel
Donc les énergies ne sont pas constantes. Mais le développement personnel s’en fout. Lui, son précepte, c’est la régularité. Pratique, pratique, pratique ! Même le développement personnel basé sur le fait de se lâcher la grappe ne prend pas en compte les sentiments, les tensions qui traversent ta vie. Tout est simple. C’est un peu ce qui m’avait fait décrocher de “Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une”. Le côté “ah mais lâche ton taf de merde pour te lancer dans ta carrière de rêve”. En l’occurrence, l’héroïne lance sa marque de vêtements pour enfants, ouvre une boutique. Les héroïnes de roman, elles ont toujours notre vie rêvée avec des petits boutiques trop chou. Genre Les gens heureux lisent et boivent du café. J’ai pas aimé le roman mais j’ai bien aimé cette boutique fictive. Evidemment, faire ce que l’on aime rend heureux dans l’absolu. Mais avoir les fonds pour payer ses factures et s’éviter la charge mentale de l’argent aussi, en fait. Parce qu’additionner les charges mentales, ça provoque… le burn-out, oui.
Une vie où l’argent n’est pas une considération
Y a un truc que je n’avais pas trop identifié au début de mon périple au coeur du développement personnel mais que je perçois aujourd’hui : l’argent. L’argent en tant que moyen et fin. Au début des années 2010, j’ai eu envie de faire du yoga. Parce que je pensais que c’était ma recette anti-stress. En un sens oui même si j’éprouve la même relaxation à la fin d’un cours d’abdos fessiers alors… Le secret, c’est surtout l’ouverture des hanches mais passons. En cherchant ces cours, j’ai été frappée par deux choses : les horaires ne sont pas très compatibles avec celles des travailleurs et surtout… c’est horriblement cher. Conclusion : le yoga, c’est un truc de bourgeoises désoeuvrées. A la lumière de ça, je réalise que beaucoup de coachs bien-être sont dans cette veine-là. “Je vis ma meilleure vie à l’autre bout du monde car c’est là que je me sens chez moi”. Je veux bien le croire Janine. Mais si on considère que tout le monde n’a déjà pas les moyens de se payer un billet d’avion pour je ne sais où, déjà… Le burn-out se dissout peut-être dans le sable blanc mais tout le monde ne peut pas vérifier.
L’argent n’est pas un problème quand tu en as
C’est facile de dire que l’argent n’est pas un problème quand on en a. Qu’on peut se permettre de tenter une carrière à son compte parce que les filets de sécurité sont là. Et que normalement, l’argent et la réussite sont au bout du chemin si tu appliques la méthode. Même si la méthode consiste à écrire “argent” sur un bout de papier qui te suit partout. Techniquement, avec l’épargne que j’ai, je pourrais tenter un truc. Par contre, je ne suis pas assez fortunée pour tenter mon aventure et avoir un pépin de santé, par exemple. Je pourrais me reposer sur mon mec qui a plein d’argent mais je tiens à mon indépendance financière, quand même.
Si je m’applique pas, la recette sera ratée
Bref, le burn-out du développement personnel vient du fait que, quoi qu’on en dise, suivre une méthode à la lettre n’est pas garantie de succès. Reprenons la comparaison avec la recette de cuisine. Pour une même recette, plus les ingrédients seront bons, meilleur le goût sera. Mieux vous serez équipés, plus la réussite est garantie. Je veux dire si l’envie me prenait de faire des macarons, je n’irais pas bien loin vu que j’ai pas de poches à douilles. Je pourrai tricher avec des poches percées mais ce ne sera pas pareil. Et puis certaines recettes tiennent plus de la chance que de la maîtrise de la technique. Bien sûr que le développement personnel peut marcher. Déjà parce que ça donne la sensation de reprendre sa vie en main. Rien que ça, ma foi… Mais là où ça devient contre-productif, c’est quand ça génère une charge mentale supplémentaire. Ah non, j’ai pas fait ma méditation, mes étirements, mon petit laïus dans mon journal intime, aaaah. Craquage, craquage.
Respecte ton mood pour éviter le burn-out
En vrai, le seul développement personnel qui marche, c’est celui qui te dit de faire ce qui te fait du bien quand ça te fait du bien. Et si t’es pas dans le mood… Et bah tant pis. Ca arrive et c’est pas grave. Moi, par contre, faut vraiment que je reprenne l’écriture de mon journal parce que je vis une période dantesque au boulot. Ca me servira pour de futurs articles.