Quoi ? Tu ne fais pas de sport pour perdre du poids ? Menteuse !

Quoi ? Tu ne fais pas de sport pour perdre du poids ? Menteuse !

Une nouvelle semaine commence et le lundi soir, c’est sport ! Allez 1h30 à souffrir en se demandant pourquoi on s’inflige ça, hihi. Bon, j’exagère. Parce que oui, sur le coup, ça tire. Les muscles râlent et chauffent mais dès que c’est fini, on se sent si bien. Bref, je vois le sport comme un moyen de détente assez efficace. Et… Quoi, qu’entends-je ? Le sport, ça devrait être fait dans une visée esthétique et sanitaire ! On fait du sport pour perdre du poids et c’est ça qui devrait être mis en avant! Mais… chacun fait ce qu’il lui plaît, en fait. Et surtout, je ne suis pas du tout d’accord avec ça.

Faire du sport pour perdre du poids
(c) Oksana Taran

Fais pas du sport pour le fun !

L’autre jour, sur un réseau social, je vois une fille expliquer qu’elle a posté un réel d’elle sur Instagram en train de faire du sport. Ok, classic shit. Ah, j’ai oublié de préciser : elle est grosse. Ah, les gros qui font du sport, un sujet qui passionne les foules. En résumé : tu es gros·se, on t’exhorte à aller à la salle. Mais quand tu vas à la salle, on se fout de ta gueule. Et quand tu dis que tu aimes faire du sport parce ça te fait plaisir, des randoms viennent t’expliquer que non, il ne faut pas faire du sport pour s’amuser mais pour mincir. Oui, ok, mêlez-vous de votre cul, pour commencer, non ?

Cours et démerde-toi

Le rapport au sport est souvent quelque chose de compliqué. Je pense que nombre d’entre nous ont été un peu dégoûtés, peut-être traumatisés, par les cours de sport au collège-lycée. Et franchement, ce fut longtemps mon cas. En cause : on ne m’a rien expliqué. On me disait de courir pendant 20 minutes, j’échouais. Je me prenais juste des coups dans mon amour propre et j’étais partie du principe que j’étais nulle. Bon, ok, je discutais pendant la foulée, ça n’aidait pas. Mais on ne m’a pas appris à respirer, doser mon effort, écouter mes sensations pour m’ajuster, etc. En un mot comme en cent : je ne sais pas courir. Et j’ai développé une réelle aversion pour cet exercice. Des fois, ça me titille, hein. Mais j’ai l’impression que je vais clamser au bout de 500 mètres, terrassée par l’essoufflement et la honte. 

D’abord, j’ai marché

Pendant des années, je n’ai donc pratiqué aucun sport, ma seule activité étant de marcher. Bon, je marchais pas mal, je faisais tous mes trajets à pied et j’adorais. Les petits matins où j’allais à la fac en traversant une Toulouse encore endormie, mon ipod vissé dans les oreilles. Puis petit à petit, je m’y suis mise. Piscine, gym suédoise, yoga. Là, je fais des hiits, de la power dance et des abdos à la salle, beaucoup de marche et un peu de marche rapide. Sans oublier le vélo sur de petits trajets. Bref, je m’active et ça me fait du bien. Je dors mieux, déjà. Et après une bonne séance de sport, je me sens plus détendue. Et j’aime cette sensation. C’est après elle que je cours pour l’essentiel.

Toulouse endormie

Mal choisir son sport, la voie de la démotivation

“Ah oui mais genre, t’es bien contente de voir ton corps changer grâce au sport, ne mens pas”. Oui, c’est vrai. Mais je pense que faire du sport pour perdre du poids est la voie directe pour l’échec. Vous allez voir, c’est bêtement mathématique. En un, faire du sport pour perdre du poids va vous entraîner plus vers certaines disciplines que d’autres. Si je demande à Google quel sport pour perdre du poids, il me répond… la course à pied. Super, qu’est-ce que j’ai dit sur le fait que je détestais courir ? Et sinon ? La corde à sauter. Ah oui, j’ai eu l’ambition de faire ça fut un temps. J’ai fait trois sauts et cassé une lampe. Vraie histoire. Bon, la liste varie selon les sites mais imaginons que je choisisse la course à pied, activité que je n’aime pas. On sait tous comment ça va finir. Je vais m’acheter des supers baskets, y aller une fois, deux fois, peut-être trois. Et fin. Parce que je n’aime pas cette activité et que j’aurai toujours de bonnes excuses pour ne pas y aller. Donc non seulement je n’avancerai pas dans mon objectif de perte de poids mais en plus, je ne ferai plus de sport du tout.

Ne pas voir trop loin

Ensuite, l’objectif de perte de poids me paraît trop flou et lointain. Déjà, faut revoir un peu le vocabulaire. Faire du sport ne fait pas forcément perdre beaucoup de poids parce que vous allez gagner du muscle. Donc on serait plus sur du sport pour éliminer de la masse graisseuse. Pour une silhouette allégée ou je ne sais quoi. Et ce n’est pas un mal en soi, comprenez bien. Moi même, j’essaie d’être plus active parce que j’ai un petit foie gras et que j’ai pas envie que le bail s’aggrave. J’ai assez de soucis avec mes intestins. Mais ça ne peut pas être votre seul objectif car il est trop lointain et vous allez vous décourager. Mathématique, je vous dis.

Prendre les choses par petits bouts

En tant qu’acharnée de la to do list, j’ai eu tendance à lister de grandes tâches et c’était démotivant. Par exemple, au boulot, certaines tâches prennent du temps, plusieurs heures voire jours. Du coup, décaler la tâche jour après jour en modifiant juste son avancée, c’est blasant. Oh ciel, je n’ai rien coché aujourd’hui, n’ai-je donc rien fait ? Alors que saucissonner mon travail en plusieurs sous-tâches, là, j’ai l’impression de réellement progresser et c’est exaltant. Bon, « exaltant » est peut-être un peu exagéré mais vous voyez l’idée. Ca s’applique à tout. Par exemple, un déménagement. Le challenge est facile à résumer : je dois tout mettre dans des cartons avant le jour fatidique. Tâche qui peut s’avérer rapidement fastidieuse, n’est-ce pas ? En la découpant en sous-tâches de type “livres”, “vaisselles”, “vêtements” voire même “pulls”, “pantalons”… Vous êtes plus à même de voir ce qui a été fait plutôt que ce qui reste à faire. Et la motivation reste élevée. 

Déménager dans la joie et la bonne humeur
(c) Kadarius Seegars

Le sport n’est pas une baguette magique

Donc faire du sport pour perdre du poids, c’est un grand objectif qui ne s’atteindra pas en trois jours. Je le vois même plutôt comme un bonus. Parce que déjà, chacun sa morphologie, sa génétique, sa capacité à perdre. Le sport n’est pas un coup de baguette magique, il faut garder ça en tête. Je veux dire je connais des profs de sport replets alors que ces personnes font plusieurs heures de sport par jour. L’important, dans le sport comme dans n’importe quelle action, c’est le bien que l’on en retire. Je me suis inscrite dans une logique de plus d’activités sportives depuis mon début dans mon nouveau boulot et, si je ne saurais quantifier le poids perdu ou non, je me sens indéniablement mieux dans mon corps. Le moral global doit certes jouer mais j’ai l’impression d’être plus dynamique, je dors mieux. Je me sens plus “fluide”. J’observe mes gains immédiats et j’en suis satisfaite. Si, grâce à ça, je re rentre dans un pantalon oublié au fond du placard, tant mieux. Même si je suis pas sûre d’avoir ce type de vêtements, cf mon paragraphe sur le déménagement. Mais ça sera un plus produit. Parce que si je fais du sport juste pour rentrer dans ce fameux pantalon et que ça n’arrive pas au bout d’un mois ou deux, on sait comment ça va finir. On va lâcher l’affaire.

Ce qui vous convient à vous

Je ne suis pas une avocate acharnée du sport. Moi, j’aime bien les activités que j’ai choisies et j’aime les pratiquer. D’ailleurs, il me manque encore la piscine alors que j’en ai une à dix minutes à pied de chez moi. Il suffit que je l’intègre dans ma routine et hop. La piscine, typiquement, c’est vraiment une activité que j’adore car j’aime être dans l’eau. Ca me fait du bien. A moi. Si ce  n’est pas votre cas, je vais pas vous lister pendant 107 ans les bienfaits de la natation en mode “mais si, c’est ce qu’il te faut”. Ce qu’il vous faut, y a que vous qui savez. Si vous faites du sport pour des objectifs lointains, ça va pas durer. Si vous ne trouvez aucun plaisir dans les activités que vous avez choisies, même si le plaisir est surtout à la fin, vous n’irez pas bien loin. Surtout en ce moment avec l’arrivée, fort tardive, de l’automne. Après, il est parfois mieux de se réfugier sous son plaid que dans sa salle de sport. Faudrait pas se blesser parce qu’on ne s’est pas écouté.

Se concentrer sur les sensations

Bref, tout ce long pavé pour dire que le sport doit faire partie de vos routines à partir du moment où il vous fait du bien. Pas pour atteindre un lointain sommet de l’Everest avec un fort risque d’abandon en cours. Et d’argent gaspillé avec cet abonnement à la salle de sport qui court mais que, promis, on reviendra. Le sport doit être choisi et pratiqué parce qu’il vous apporte quelque chose. A minima du bien-être, voire du plaisir. Et il y a une forme de plaisir quand le squat fixe de 30 secondes s’achève, vraiment. Ou quand on arrive à la fin de cette improbable reprise sauce Eurodance d’un tube rock. Et le sport peut être un peu pratiqué n’importe quand. Perso, les matins où je me gère bien, je descends deux à trois arrêts de tram plus tôt pour m’offrir vingt à trente minutes de marche. Triple effet kiss kool : j’ai été active, j’arrive au boulot bien réveillée et parfois même avec les joues délicatement rosies, et j’ai pu écouter un peu de mon livre audio en allant renifler les quelques fleurs repérées dans mon quartier. Je suis dynamique, en forme et un peu zen. Royal au bar. Et pour ceux qui viendrait la ramener en mode “la marche, c’est pas du sport”, j’ai déjà répondu.

Une femme marche dans la rue, heureuse
(c Javier Reyes

Chacun sa gestion de son corps

Bref, bougez si ça vous plaît, comme ça vous plaît. Et ceux que ça dérangent, j’ai envie de dire qu’ils devraient d’abord régler les soucis qu’ils ont avec leur propre corps avant de faire la leçon aux autres. Non parce que pour être obsédé à ce point par la silhouette des autres, c’est qu’il y a clairement un noeud à défaire.    

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *