J’aime pas le vélo

J’aime pas le vélo

Ou plutôt : j’aime le vélo comme j’aime la voiture. Quand je suis peinarde. Quand nous avons lancé le projet Bordeaux, notre vie rêvée de se limitait pas juste à un joli chez nous. On rêvait d’un petit jardin (check), avec un petit potager(check). Avec notre vraie cuisine, cuisiner mieux (check) des produits frais (check) achetés au marché (heu…). Et puis il y a forcément eu la question du transport. Une voiture ? Tant que faire se peut : NON. Par contre, un vélo… Le vélo, genre le truc qui m’a traumatisée pendant mon enfance ? Et bah super !

De jolis vélos

Foncer sur mon vélo à petites roues

J’ai une relation un peu compliquée avec le vélo. Petite, j’aimais bien, comme la plupart des gamins. Je faisais plein de tours du parking de ma résidence, trop chouette. Par contre, je le faisais avec mes petites roues. Car oui, j’ai appris super tard à faire du vélo sans roues, vers mes huit ans. Mes parents ne faisaient pas particulièrement de vélo. J’ai précisément appris au moment où ils ont décidé qu’il fallait qu’on se bouge familialement le cul et qu’on allait tous en faire. Par contre, je savais nager avant de savoir lire, chacun son élément. Mais on ne faisait pas beaucoup de vélo. En CM2, mon institutrice organisait une sortie vélo, un après-midi par mois. C’était mon enfer. Vraiment. J’étais boulotte 2000 certes mais par exemple, j’étais l’une des meilleures en natation. Le vieux moniteur me demandait même régulièrement de montrer aux autres comment qu’on fait la brasse coulée car j’y arrivais très bien. C’est fou, j’ai été la meilleure à un sport. J’avais oublié… 

Le vélo et moi, ça ne marche pas

Mais le vélo, c’était l’enfer. J’avais zéro endurance, zéro technique et je me faisais sécher très rapidement. Toujours en fond de peloton avec un papy qui venait me pousser de temps en temps pour pas que je me fasse distancer. Je me sentais nulle, dépassée, un boulet. Alors que je n’ai pas souvenir qu’un gamin ait été méchant là-dessus avec moi, personne ne s’est jamais moqué du fait que je sois lente. Sans doute parce que, par principe, je partais directement en dernier pour ne pas gêner les autres. Je ne sais plus. Mais voilà, j’ai intégré que le vélo et moi, ça ne marchait pas. Dès qu’il était question d’une sortie vélo en famille, je priais pour qu’il pleuve. Mon dernier exploit fut à l’Ile de Ré où, à 17 ans, j’en chiais tellement que je descendais pour pousser mon vélo car j’avais plus de jus dans les jambes. J’étais rincée et on était contre le vent. Et franchement, pousser son vélo quand tu vois les autres y arriver avec tes parents qui te gueulent dessus, c’est pas une super expérience. Vingt cinq ans plus tard, ils se foutent encore de ma gueule à ce sujet. Donc oui, j’ai intégré que le vélo, ce n’était pas fait pour moi.

Du coup, je n’en fais plus

De 97 à 2022, je n’ai donc pas touché un vélo. Il y a eu cette fois où ça a failli et j’ai vraiment été mal. Je vous raconte car j’adore les anecdotes. C’était en février 2020 et j’étais… à Bordeaux ! Ahlala, signe tout ci tout ça. Je devais me rendre avec un collègue local à une présentation. On se retrouve donc à Quinconces, lui avec son vélo, moi, avec mes pieds. Le rendez-vous a lieu à Bassin à Flots donc ligne B, baby. C’est direct, c’est facile. Sauf que ce jour-là, c’est grosse confusion sur la B. La ligne est plus ou moins interrompue, relou de chez relou. On doit se rendre vers le Pont Chaban-Delmas et l’heure tourne. Mon collègue a donc son fidèle destrier et moi… ah bah y a justement une station de Velibs bordelais. On appelle ça les V3 ici. Ok alors j’ai pas fait de vélo depuis 13 ans et j’ai un gros sac à main bien pendouillant sur le côté plus une doudoune hyper pas adaptée. Alors que je m’imaginais déjà me prenant la gamelle de l’année, un tram B apparaît. Vite, fonçons. Bon, il a mis une plombe à partir et on est arrivés bien en retard mais j’ai évité la honte intergalactique.

Faire du vélo à Copenhague

Reprendre le vélo 25 ans plus tard

Puis début 2022, Victor n’a plus qu’une obsession : faire du vélo. Faut s’acheter des vélos, faut s’acheter des vélos. Oui, ohlala, faisons ça. Un samedi, on part donc acheter nos montures et je vais pas mentir : je fais pas la fière. On passe devant un premier magasin avec de très beaux vélos à 600 €. Bon… c’est le moment d’expliquer à mon cher et tendre que le vélo et moi, c’est compliqué et je suis pas prête à investir autant si je suis pas sûre de m’en servir. Surtout que j’avais déjà démissionné à ce moment-là de l’histoire. On file donc vers le Decathlon et je pars à essayer un Elops de ville avec un joli petit panier pour mettre les fleurs que j’achèterais jamais… et je n’arrive pas à pédaler. Je ne trouve pas mon équilibre. Oh bordel, je ne sais plus faire du vélo. Le vendeur me rassure : c’est un taille S/M et il est sans doute trop grand pour moi. Il va me commander un XS et ça ira de suite mieux. Bien la première fois de ma vie que je dois passer au XS. En allant le chercher quelques jours plus tard, je suis terrifiée. Je le pousse vaillamment jusqu’au tram puis descends pour rentrer. Evidemment, problème de je ne sais plus quoi, j’en suis débarquée avant chez moi. Mais de là, je passe devant mes maisons de rêve. Et si… j’emprunte une rue que je sais très peu fréquentée par les voitures alors du coup… Je tente. Je m’assieds sur mon vélo, pose le pied sur une pédale, l’autre et… Omagad, je fais du vélo. J’avance. J’ai pas oublié ! Bon, je déraille une centaine de mètres plus loin mais j’ai fait du vélo et je suis pas tombée.

Le vélo, c’est de la logistique

Et là, ça fait quasiment un an que j’ai un vélo et j’ai réglé le souci de déraillement très régulier que j’avais. Enfin, j’ai réglé… j’ai ramené le vélo au Decathlon et un monsieur m’a réglé ça. J’ai un peu retouché ma selle aussi car j’avais des maux de cul démentiels. Sur le matos, on est bons mais… Mais je réalise que j’ai le même rapport au vélo qu’à la voiture et donc une flemme monumentale de la logistique. C’est pour ça que j’aime autant marcher. La marche, tu mets tes chaussures et tu ne les quittes plus. Parce que oui, le vélo, tu le trimballes pas comme ça partout. Il faut le garer. Et ça me stresse. Parce que j’ai peur de pas trouver un arceau dispo, parce que j’ai peur qu’on me l’abîme ou qu’on me le vole. Alors que j’ai un U quand même. Un U accroché à mon vélo donc pas besoin d’un sac à dos juste pour le trimballer. Et puis en vélo, je peux pas boire alors qu’à pied, si. Ok, ça se discute. Mais je peux pas écouter de musique ou de livre audio, je peux pas tant rêvasser que ça parce que les voitures et les crevures de l’asphalte. Même si l’autre jour, en vélo, j’ai vu un pivert et j’étais fort heureuse. 

Un vélo sous la pluie et les glycines

Et si j’avais plus de force ?

Et puis, dernier point, j’ai aucune confiance en mon endurance. Dès que je fatigue un peu, je panique. Comment vais-je poursuivre ? Comment vais-je arriver à destination ? Je n’ai aucune alternative. J’ai noté ça avec le sport que je fais au global. Je suis très à l’aise avec le sport “statique” genre appareils fitness ou les hiits parce que si je vais pas au bout… et bah, je suis dans mon bureau, ce n’est pas très grave. Ce n’est pas la panique. Pas de “panne” au milieu de nulle part. Et évidemment, comme je suis peu dégourdie, j’ai l’impression d’être la brebis la plus faible du troupeau et que les automobilistes vont pas être gentils avec moi. Bon, pour le moment, je n’ai eu que deux altercations où j’étais dans mon droit à chaque fois mais les automobilistes sont souvent ravagés, que voulez-vous ? Le mieux reste la meuf qui m’a engueulée car je ne lui ai pas cédé ma priorité. C’est pas parce que tu fais une tonne et demi de plus que moi que ça te donne la priorité, hein. La tonne et demi, je parle de la voiture, pas de la dame. 

On arrête de s’angoisser pour rien

Mais là, j’ai décidé de prendre un peu le taureau par les cornes et ce pour plusieurs raisons. Déjà, circuler en vélo à Bordeaux, c’est la garantie de circuler plus vite qu’en transports en commun. Et en plus, ça diminuerait bien mon temps de trajet pour le boulot. Ok, je suis censée n’y aller que deux fois par semaine (ce qui est arrivé deux fois en cinq semaines) mais si je peux passer mon temps de trajet de 60 à 45 mn dont 20 mn de vélo, c’est tout bénef. Je gagne 30 mn de temps et je fais du sport. Mais même sans ça, j’ai pris un engagement : faire une sortie vélo dès que possible avec mon mec. Même une petite vingtaine de minutes ou une demi-heure. Le plus souvent possible. Déjà parce qu’on peut atteindre de chouettes endroits mais aussi parce que c’est en forgeant qu’on devient forgeron et que c’est en pédalant que… je suis pas sûre. Bref, je me crée une galaxie d’appréhensions et d’angoisses qui n’ont pas lieu d’être. Des places pour se garer, ça se trouve. Et puis sans alcool, la fête est plus folle. Sans oublier le fait que les automobilistes ne sont pas tous agressifs. Et puis l’art de faire du vélo, c’est peut-être de découvrir les itinéraires bis, ceux sans voiture… et sans côte. Même si l’histoire m’a appris qu’entre pédaler pour distancer le bus juste derrière moi et me manger la côte d’un pont bien aigüe et bien… je préfère la côte. Oh ? 

Mon joli vélo
Mon joli vélo et mon casque de star

Pédalons, pédalons

Bref, en 2023, je vais pédaler. Pour gagner du temps et aussi parce que la docteure a dit que je devais faire un max d’exercice pour mon bidou et comme j’en ai marre d’avoir mal, je vais l’écouter très religieusement. Next step : acheter un vélo pliant pour faire maison > TER > travail. Hé oui !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *