Performe ou ne fais rien

J’avais promis un article sur le changement de paradigme que j’essaie d’appliquer dans ma vie mais on va changer de programme. Déjà parce que vous devez être trois devant vos écrans aujourd’hui. Et aussi parce que j’ai lu un article qui m’a un peu agacée sur les 10 000 pas avec un médecin en mode “pfff, c’est rien du tout ça, pauvres feignasses”. Ok Jean-Connard. Oui, pardon, je vais pas mettre les formes mais je ne supporte pas ce discours “Performe sinon rien”. Déjà parce que 10 000 pas, c’est mieux que zéro mais surtout… Foutez-nous la paix ?   

Me dépenser sans me blesser

Je n’ai jamais été une grande sportive. J’aime bien me dépenser rapport à l’afflux d’énergie que ça m’apporte… et que je dors bien mieux quand j’ai fait un peu d’effort physique, oui. Mais je ne suis pas dans la performance, jamais. Parce que ce n’est tout simplement pas ce que je cherche. Je veux juste prendre soin de ma santé en sortant mon corps de sa sédentarité tout en évitant au max les blessures. Dit-elle en écrivant cet article à une main car l’autre est dans une attelle suite à une chute à vélo. Une chute nulle, hein, j’allais carrément pas vite. Un mauvais angle pour monter sur un bateau. Bateau de trottoir, rien qui ne va sur l’eau.

Une indication comme une autre

Les 10 000 pas, c’est donc une indication que j’aime bien. Même si je tempère. Déjà, je n’ai plus de bracelets traqueurs donc mes pas sont mesurés par… mon téléphone. Donc quand je vais au lac faire mes exercices d’aquajogging, par exemple, je le laisse sagement à la maison. Il ne compte donc ni le trajet maison > lac > maison ni les 3000 foulées de l’exercice. Soient plus de 5000 pas non comptés. Ce qui n’est pas un drame en soi. Moi, je sais. De la même façon, mes trajets en vélo représentent zéro pas mais une dépense calorique un peu supérieure… je crois. En vrai, la dépense calorifère n’est pas ce qui m’intéresse le plus, essentiellement parce que c’est pas mal folklorique. Le choix entre vélo et marche se fait plus en fonction de mes besoins. Aller vite : vélo. Flâner : marche. Mais cet indicateur de nombre de pas peut me permettre de réaliser que je ne me suis pas beaucoup dépensée et que je vais galérer à dormir, par exemple.

C’est pas beaucoup mais c’est pas si simple

10 000 pas, c’est environ 1h30 de marche.  C’est pas énorme mais… Faut les avoir, déjà. Pendant longtemps, j’étais aidée par les trajets boulot > maison qui comportaient toujours un peu de marche. Voire parfois, je descendais à un ou deux arrêts avant pour marcher, justement. Ou chasser des Pokemons pendant l’éphémère mode de Pokemon Go. C’était cependant une habitude que j’aimais bien parce que ça me détendait un peu. Enfin, si l’environnement le permet. Mon dernier taf était quelque part sur un site en friche et le prochain dans une zone où t’as pas une touche de vert sur Google maps. Bref, 10 000 pas au quotidien, quand tu bosses devant un écran, ce n’est pas si simple. 

C’est pas assez, ça sert à rien

J’avais lu un truc similaire y a quelques années sur un PDG friqué qui courait un kilomètre par jour. Direct, le commentaire : “bon, 1 km, ça ne sert à rien, hein”. Mais ça sert à rien par rapport à quoi, en fait ? OK, c’est pas comme ça que tu feras un marathon. Peut-être que c’est insuffisant pour se muscler ou perdre du poids. Mais ça ne me paraît pas inutile, en fait. Ca fait du bien à l’énergie, peut-être au moral. Je ne vois pas comment une activité physique, même réduite, peut être considérée comme inutile. Sauf cas très spécifique de quelqu’un qui se dirait “oh, j’ai couru un kilomètre, j’ai le droit de m’enfiler un pot de Häagen Dasz” mais est-ce que quelqu’un ferait ça ? Je le sais que mon pot de Haagen Dasz ou Ben et Jerry’s, je vais pas l’éliminer comme ça, surtout les mélanges les plus caloriques. Je pense qu’en revanche, passer d’une totale sédentarité à une petite activité physique aura un impact sur le corps. Y compris esthétique.

Le sport est-il obligatoirement performatif ?

En vrai, j’en ai un peu marre de cette vision du sport comme uniquement performatif. Dépasse-toi ! Comme si le sport n’avait in fine qu’un seul but. Enfin deux : le dépassement de soi et la minceur. Parce que oui, on sait très bien qu’il y a ça, aussi. Surtout. Quand j’ai suivi quelques coaches sportifs pendant quelques mois sur Youtube, ça m’a surtout filé des TCA. Après pourquoi pas. Si vous vous mettez au sport pour l’un de ces objectifs, c’est valable. Mais on a aussi droit de chercher autre chose. Pour ma part, c’est clairement la sensation de bien-être qui me plaît. La douce énergie post-activité, mon corps qui se sent bien dans ses baskets. Souffrir pour mes objectifs, très peu pour moi. 

Je veux la pêche

Mais surtout, ce qui m’agace, c’est la forme de découragement que je lis à travers ces propos méprisants. Le “autant ne rien faire”, sous-entendu. Alors que rien n ‘est moins faux. Y a quelques années, je marchais le midi et j’avais déjà anticipé le “ça sert à rien”. Moi, je me disais que c’était toujours mieux que rien. Et je persiste. Quand je vois mes parents commencer à rouiller car ils ne font plus aucun exercice, même pas de la marche, je ne peux souscrire à ce discours. Oui, la marche, c’est moins que la course qui est moins que le cross-fit ou je ne sais quoi. Mais puisque je ne cherche ni la perfomance ni un corps ultra-fit polytraumatisé, c’est quoi le souci ? Moi, j’ ai juste envie d’être dynamique et d’avoir la pêche. Le reste n’est que littérature.

J’ai pas envie d’être une machine

Bref, je performe si je veux. Mes activités physiques, même si elles ne sont guère impressionnantes, ne comptent pas pour du beurre. Désolée de pas partager mes parcours Strava qui révèleront mon adresse ou comment je me pulvérise les genoux à courir sur de l’asphalte au quotidien. Je n’ai aucune envie d’être une machine, j’ai juste envie de me sentir bien. Allez, marchons ! Mais surtout pour le plaisir.