Rendez-vous manqué avec un lieu

Rendez-vous manqué avec un lieu

Pendant longtemps, j’ai eu la passion des voyages. J’aimais la perspective de me promener dans des rues étrangères, d’en répérer les jolis détails, d’essayer d’en ressentir l’atmosphère. J’ai longtemps eu l’envie de tomber amoureuse d’une ville, aussi. Vous savez, ces histoires de quelqu’un qui part en vacances quelque part et tombe tant sous le charme du lieu qu’il décide de s’y installer. Ca ne m’est jamais arrivé. J’ai visité de très belles villes mais je ne me suis pas dit “c’est sûr, c’est là que je dois vivre”. Je veux dire Bordeaux ou Dauneutes, j’étais activement en rechercher d’un lieu de vie. Et puis il y a ces lieux avec qui on a un rendez-vous manqué. Mauvaise météo, mauvais timing,  je ne sais pas. Alors que tout le monde adore, pour vous, ce fut un énorme bof.

Rendez-vous manqué à Santorin
Santorin, un cas typique de mauvais contexte : à partir d’un bateau de croisières qui a déversé des milliers de touristes d’un coup

Les grands loupés

En terme de rendez-vous manqué, le dernier challenger fut Montpellier. Mauvais choix dans la date, horaires peu compréhensibles, place mythique en travaux. Un fail. A la limite, Montpellier, je pourrai y retourner, c’est sur la route pour aller voir ma belle-mère. Une autre ville qui nous a fort déçus, Victor et moi, ce fut Naples. Doublement déçus car c’étaits nos premières vraies vacances en amoureux. Sale, étouffant, puant et bruyant avec des travaux partout. Bon, déjà, on aurait enlevé les scooter, la ville aurait regagné quelques points dans mon estime parce que quel enfer, ce truc… Mais on ne comprenait pas. Pourquoi les gens aiment cette ville ? On a eu tôt fait de mettre le cap sur les alentours, Ischia, Capri, Pompei. Et à l’arrivée, je dois avoir dix photos de Naples. Quand on sait ma passion des photos…

Rendez-vous manqué : Naples, que j'ai pas aimé

Tombe la pluie

D’autres lieux ont été “gâchés” par une météo peu favorable. Comme au Japon où nous n’avons jamais vu le Mont Fuji, pas même sa base. Et c’est tout le sel des voyages, les aléas. Encore, je m’en sors bien, je n’ai jamais eu de catastrophes. Ah si, les inondations en Martinique, “40 ans qu’ils n’avaient pas vu ça”. Mais même en étant attentifs aux bonnes saisons, le tourisme ne contrôle pas encore les saisons. Donc oui, des fois, les vacances se passent sous la pluie. Et les travaux sont inévitables. Je n’ai pas vu le Pont des soupirs à Venise, je n’ai toujours pas vu la Place de la Bourse sans échafaudage à Bordeaux. 

La place la Bourse à Bordeaux
La photo la plus clichée de Bordeaux

Bad timing

Et des fois, c’est juste nous. Le mauvais moment, la mauvaise humeur. Nice, par exemple, qui n’a pas su nous séduire. Peut-être parce qu’en sortant de la gare, on s’est retrouvés sur un boulevard avec une grosse circulation et qu’on n’est plus habitués à ça. Oui, je sais pas si c’est fait exprès mais ça fait 18 ans que je vis dans des rues sans grand passage donc dès qu’il y a plus de six voitures, je me sens agressée auditivement et olfactivement. 

Nice, trop de voitures

Sortez les voitures ! 

Du coup, que faire ? Redonner une chance à la ville ? Mais y a tant à voir, à faire, à photographier pour Instagram ! En vrai, j’ai envie de dire… laisse faire la vie. En 2002, quand j’étais venue à Bordeaux pour faire un tour à a fac, j’ai détesté cette ville. Sale, noire, des bagnoles partout, des travaux qui rajoutent au schmiblick. A l’époque les quais n’étaient qu’un immense parking. Je suis toujours sidérée quand les bagnolards chialent parce que “gna gna gna, maire écolo, gna gna gna les vélos, on ne peut plus circuler !”. Mais attendez les gars, qui peut dire que la ville était mieux quand on ne voyait que des voitures partout, qui ? Je veux dire si les hôtels vous demandent un supplément pour avoir vue “sur mer”, “sur ville” ou “sur cour” et pas “sur parking”, c’est pas pour rien, hein… Bref, je m’étais jurée de jamais venir vivre là. Et aujourd’hui, alors même qu’on va bientôt souffler nos deux ans d’aménagement, je suis encore charmée par la beauté de la ville. 

La rue Kleber à Bordeaux

Je veux tout voir !

En vrai, je crois que la frustration naît de notre besoin de tout voir, tout faire instillé par notre tourisme frénétique. Déjà, une ville, tu ne peux pas la vivre en deux jours. Tu peux faire le tour des points d’intérêts, oui, courir du Manneken Piss à la Grand Place, de la Tour Eiffel à Montmartre, du Chrysler Building à la statue de la Liberté. Mais la ville en elle-même, tu la côtoies pas. Tu l’entraperçois. Et au pire, c’est pas grave si elle ne te séduit pas, ça arrive. Moi par exemple, j’ai adoré Athènes alors que plein de gens la trouvent sale. Nous n’avons pas eu la même expérience, le même ressenti. C’est ok. D’ailleurs, si vous pouviez arrêter de vous montrer limite agressif quand quelqu’un vous dit qu’il n’a pas aimé une ville que vous aimez bien. Ca marche avec tout, d’ailleurs. 

Sortir des sentiers battus : Brooklyn

Une question de contexte

Bref, le tourisme, c’est un peu comme un date. Il suffit de pas beaucoup pour que ce soit un peu nul voire franchement raté. Ou au contraire un joli souvenir qu’on conservera longtemps. Et n’oubliez pas que même dans les villes les plus visitées, suffit parfois de s’éloigner de quelques mètres d’un point d’intérêt pour se retrouver seul au monde.

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