Passion dodo

Passion dodo

Aujourd’hui, je vais vous parler d’un sujet important, crucial pour moi, même. Dormir. Le sommeil, le dodo. Sombrer dans l’inconscient pour partir au pays des rêves. Tout ci, tout ça. J’adore dormir… Enfin, non, c’est surtout la paresse et la rêvasserie. J’aime me rouler sur le matelas, m’envelopper dans une couette douillette. Et pourtant, pour la société, c’est un plaisir coupable. 

Passion dodo
(c) Milan Gaziev

Longtemps, j’ai été noctambule…

J’aime dormir mais je suis une couche-tard. Toujours quelque chose à faire, à lire, à écrire, à regarder. Au chômage, je me couchais vers 6h, adorant écrire dans le silence de la nuit. Quand j’ai trouvé du boulot, je me couchais entre 1h et 3h du matin, le regrettant amèrement le lendemain. À un moment, j’avais pris l’habitude de me faire une sieste d’une heure en rentrant chez moi, le soir. La cata… ou pas, en fait. Peut-être que c’est ça, mon rythme. Oui parce que j’ai beau me rêver être du matin, j’ai toujours les réveils aussi compliqués.

Le sommeil, un enjeu mercantile

Aujourd’hui, le sommeil est un enjeu mais un enjeu assez curieux. On va vite patauger en pleines injonctions contradictoires comme on les aime… D’un côté, le sommeil est devenu la poule aux oeufs d’or pour certaines marques. On va te vendre des matelas et oreillers à mémoire de forme… entre parenthèse, l’oreiller à mémoire de forme a sauvé mes nuits et peut-être un peu mon couple car il diminue drastiquement les ronflements de mon adoré. Il y a tout ce qui peut favoriser l’endormissement comme des réveils qui te font compter, les bruits blancs ou je ne sais quoi. Et pour des réveils en douceur, le simulateur d’aube. Evidemment, j’en ai un. Entre l’endormissement et le réveil, on va avoir des traqueurs de sommeil qui vont te dire si tu dors bien ou pas, des conseils d’activité pré-dodo pour que tu sombres dans les bras de Morphée d’un claquement de doigts.

Le dodo rend beau

Parce que dormir, c’est important. Ca donne une belle peau, de beaux cheveux, ça te fait même un peu mincir. Et sans prendre des pilules minceur qui agissent dans ton sommeil, là… Ca permet à ton cerveau de se reconstituer et le lendemain, tu es repartie sur les chapeaux de roue. Les médecins et les magazines féminins s’accordent sur une durée de sommeil qui tourne autour des 7 ou 8h. Enfin, ça… c’est pour les feignasses qui veulent pas réussir leur vie; Blam, plot twist tavu ?

Dormir, c’est pour les faibles sans ambitions

Alors qu’on nous explique que le sommeil est essentiel à notre beauté, notre forme et nos performances cognitives, on va, en même temps, nous dire que les vrais dorment 4 à 5h par nuit. Genre Macron, Napoléon, Victor Hugo, Pascal, si je me rappelle bien de mes cours de philo suivis en 97-98. Dans sa méthode du Miracle morning, Hal Elrod nous explique que le sommeil n’est pas important. Il faut se lever à 5h du matin pour faire tous nos SAVERS, là. Je veux bien Hal mais si j’ai dormi 3h, je te garantis que ma méditation va tourner court… Et puis pourquoi je m’infligerais ça, en fait ? Je citerai ici Alexis Rossignol parce que pourquoi pas “se lever à 5h pour prendre du temps pour soi… mais moi quand je dors jusqu’à 8h, j’ai pas l’impression d’accorder du temps à un autre que moi.” Non mais surtout, prendre du temps pour soi, c’est génial. Rappelez-vous que mon rêve, c’est de me lever à 6h fraîche comme la rose pour faire un peu de sport et un peu d’écriture. Bon, là, le réveil sonne à 6h30 et je tiens plus du zombie que de Blanche-Neige… 

Réveil difficile
(c) Laura Chouette

Rêver pour écrire

Surtout que, chez moi, le dodo est un élément essentiel de ma créativité. Sur les cinq romans que j’écris actuellement, deux m’ont été soufflés dans mon sommeil. Un matin, je me suis réveillée avec un nom “Madeleine Zeist” qui se répétait en boucle dans ma tête. Et ce n’était pas qu’un nom, comme ça, c’était un personnage. La fille qui travaille pour Uchronia. J’en ai écrit 200 pages. Idem pour “Et la Terre s’ouvrit en deux” qui est le résultat d’un rêve. J’ai dépassé les 100 pages. Bon, celui-là, j’ai dû un petit peu l’adapter. A la base, le grand cataclysme était lié à une série d’explosions volcaniques et je rêvais d’un monde de feu. Sauf qu’en me penchant deux minutes sur la question, je me suis rappelée que dans hiver volcanique, il y a hiver… on est loin du déluge de feu. J’ai adapté et on poursuit. Ma vie onirique nourrit mon écriture… et oui, c’est du temps pour moi. Du temps gratuit pour moi. C’est l’anti-productivisme forcené du développement personnel. Parce que oui, à force de se nier son droit à la glande, au repos, au dodo, on va finir en burnout. 

Savourez le dodo

Bref, dormez avec gourmandise, avec reconnaissance. Comme j’avais lu dans Usbek & Rica, je crois, le sommeil qualitatif devient un luxe. Entre les gadgets de dodo hors de prix, la nécessité d’avoir des apparts hyper bien isolés pour ne pas être dérangés par le bruit… Alors on boude pas son plaisir ! On dort, on s’étire dans le lit pendant une heure, on se roule dans la couette en laissant notre visage arborer un sourire satisfait. Surtout que, vu le temps qu’il fait, c’est ce qu’on a de mieux à faire.

3 Replies to “Passion dodo”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *