Quand je n’arrive pas à définir ce que je veux
Crise existentielle, je ne sais combien de prises. Bon, j’exagère car en vrai, je vais carrément bien. Je ne sais pas combien de temps ça va durer mais je vis très bien mon chômage… de une semaine, ok. Mais ça ne m’empêche pas de cogiter, pendant que je cours dans mon lac chéri. Dans le lac, pas autour. Faudra que je vous parle de mon petit aquajogging. Parce que là, j’ai décidé que cet été serait ma parenthèse enchantée, à quelques envois random de CV près. Mais à un moment, va falloir retourner sur le terrain de l’emploi et y a un souci : je suis pas certaine de savoir ce que je veux. Et ça peut s’étendre à toute ma vie, en fait.
Je voudrais juste une vie peinarde
L’idée directrice de ce que je veux dans la vie est claire, nette et précise : la sérénité. En un peu plus étoffé mais tout de même très résumé : je ne veux pas me prendre la tête sur des trucs inintéressants. Je ne veux pas gaspiller mon énergie bêtement avec une charge mentale que je pourrais dézinguer. Voilà, sérénité et énergie sont mes maîtres-mots. Mais…concrètement, ça veut dire quoi exactement ? Je veux dire, dans l’absolu, tout le monde veut ça dans sa vie. Et nous n’avons pas tous les mêmes moteurs nous permettant d’y arriver. Je crois même que certaines charges mentales pour les uns peuvent être des moteurs pour les autres. Par exemple, moi, la paperasse : charge mentale. Je lambine de fou alors que quand je m’y mets, c’est plié super vite. Pour d’autres, c’est une marotte. Peut-être même une passion ? Chacun son truc, ne jugeons pas.
Vie privée, à peu près check
Donc moi, qu’est-ce que je veux ? Ma vie privée me satisfait à peu près. Enfin, là, elle me satisfait pleinement mais en période de travail, ce n’est pas toujours évident d’avoir un équilibre satisfaisant permettant de s’épanouir en dehors des horaires de bureau. Non parce qu’autant j’aime dormir, autant ce n’est pas un épanouissement en soi pour moi. Ma vie idéale, c’est vraiment bosser la journée, créer le soir. Créer avec un petit c, c’est genre écrire, faire du PPT art ou ce que j’ai envie de faire… Ok, c’est la base. Mais le pro, maintenant, je veux quoi ? Et bien force est de constater que je n’en sais rien. Enfin, si, en vrai de vrai, je voudrais la retraite mais je suis trop jeune. J’ai littéralement l’âge de la durée de cotisation pour un départ de la retraite à taux plein. Ahahah, quelle claque…Donc n’ayant pas de rente, faut que je travaille. Et là, c’est le bordel dans ma tête.
Des rêves un peu confus
“Mais attends, t’as pas fait un bilan de compétences, justement ?”. Ah si si. Et je reste à désirer un taf analytique dans l’absolu. Sauf que la data analyse, c’est comme le social media, finalement. Derrière un intitulé de poste assez lambda se cachent des jobs radicalement différents. On peut demander à un social media manager d’être une star du montage vidéo et la data analyse… Lors de ma dernière semaine, j’en parlais avec un futur ex collègue qui voulait un peu m’aider et quand je lui expliquais ce que j’aimais bien, il a souligné que je parlais d’au moins trois tafs différents. Oh damned. Moi, je veux juste raconter des histoires avec les chiffres, hein. Plutôt data storytelling, donc. Ou data journaliste, mon rêve ultime mais je sais même pas par où commencer là-dessus.
Je pourrais choisir ma boîte ?
Et puis je parle du poste mais parlons structure. Lors de ma dernière visite chez la psy du travail, elle m’a demandé quelle structure je visais. J’ai répondu environ “heuuuuuuuuuuuuu…”. Parce que je suis une mendiante de la reconnaissance, en vrai. Je me sens toujours en infériorité par rapport au monde sur le plan du travail. Syndrome de l’impostrice, tout ça. Donc j’ai pas idée que je pourrais dire non à un poste parce que la structure me convient moyen. Moi, je me dis “je dois trouver un job pour sortir de la situation de m… dans laquelle je suis, je prends le premier truc qui passe”. Vous savez, ces personnes qui sont un peu en détresse affective et qui tombent amoureuses de la première personne qui leur donne un peu d’attention ? Souvent des personnes manipulatrices qui ont bien saisi la fragilité de leur proie ? Bah c’est littéralement moi sur le marché du travail. Je vais en parler à ma psy du travail à la prochaine séance, tiens. Il doit y avoir une sorte de “daddy issue pro” là-dessous.
Peu importe la structure…
Alors oui, je suis pas difficile mais je peux dessiner un idéal quand même, non ? Et bien il s’avère que non, ahah. J’ai bafouillé deux ou trois trucs mais en vrai, je n’ai aucune idée de ce que je veux comme structure d’entreprise. Une boîte familiale ? Ah bah vu l’investissement émotionnel que je mets dans mes jobs, non, surtout pas. Une start-up djeuns ? Non, moi, j’ai pas envie de passer mes jeudis soirs à picoler en écoutant des 2000 me parler d’applications que je ne connais pas, d’artistes que je ne connais pas, de séries ou d’émissions que je ne connais pas. Ca peut être intéressant, je dis pas. Mais mes soirées sont à moi et j’aimerais pouvoir ne pas me sentir obligée d’aller à quelques raouts que ce soient. En vrai, il me faut une structure un peu grosse, un peu froide. Ma dernière entreprise était pas mal sur le papier là-dessus. Si ce n’est que leur froideur les amène à couper des têtes en toute décontraction. Dont la mienne. Couic. Bon en vrai, on a convenu toutes les deux que je serais bien mieux à mon compte mais bon…
Parfois, on rêve
Bon, ok, on sait que le monde pro et moi, c’est pas l’amour fou et que j’ai vraiment du mal à croire à un avenir radieux sur le sujet. Quand je dis radieux, comprenez “juste peinard, sans toxicité”. Evidemment, parfois, je rêve d’une autre vie. Samedi, je suis allée faire un petit atelier broderie dans une petite boutique créa tenue par une couturière-brodeuse et une sérigraphiste et j’ai rêvé quelques instants de cette vie. Mais oui, meuf, toi qui laisse traîner la paperasse, tu vas ouvrir une boutique. On y croit tous. Bien sûr que j’adorerais ça. Tout le monde adorerait ça. Mais j’ai suffisamment regardé de Reacts de Sad Panda sur Cauchemar en cuisine pour savoir que les rêves, c’est pas forcément rentable. Outre le fait que j’ai aucune compétence pro sur les loisirs créatifs.
Et pourquoi le succès ne serait pas pour moi ?
Mais le rêve, on le connaît tous. L’écriture. J’ai pas mal laissé tomber ces derniers temps. L’idée est de reprendre là, avec le chômage. Une fois que j’aurai fini Zelda. Mais le rêve d’écriture, on sait tous que j’ai lâché l’affaire. Essentiellement parce que j’ai décrété que les belles histoires et les trucs cools, ce n’était pas pour moi. Le “trop beau pour moi”, vous savez. C’est fou ça. Quand on a voulu aménager à Bordeaux, je rêvais d’un jardin mais je me suis direct censurée “non mais c’est trop beau, baisse tes attentes”. J’ai un jardin. Je rêvais d’une piscine… Bon, j’ai pas de piscine mais un lac à 10 mn à pied me permettant de me baigner tous les jours. Je me censure toujours d’un “rêve pas, c’est pas pour nous”. Ca vient de mes parents, surtout ma mère. Donc forcément, publier un livre pour de vrai, c’est pas pour moi. C’est sans doute un peu pour ça que j’ai sabordé l’envoi du manuscrit de Green ! chez les éditeurs et que j’ai un peu jeté le truc en autopublication à l’arrache. Alors qu’à la grande époque des vingtenaires, deux éditeurs m’avaient contactée pour que je leur écrive un truc. Deux ! Alors oui, je sais que j’ai un bon style mais que je pêche un peu dans mes récits. Les défauts que je souligne sur Raconte-moi des histoires, je les ai aussi. Mais pourquoi ça ne m’arriverait pas, à moi aussi ? Après tout ?
Je ne m’autorise pas à tenter
Et pareil pour le data journalisme. J’essaie de créer des petites infographies sympas sous mon vrai nom pour attirer un peu l’attention. Et parce que j’aime bien, aussi. Pourquoi ne pas rêver de décrocher un jour une pige sur le sujet ? Ou, pourquoi pas, d’être un jour recrutée comme rédactrice dans l’équipe de Datagueule ou émission équivalente. Oui, je sais que Datagueule n’existe plus mais c’est mon rêve de faire ça un jour, laissez-moi. Tiens, je vais regarder si y a pas des cours du soir d’infographiste. Après tout, moi, mon vrai rêve pro, ce serait d’être slasheuse, quelque part entre création, écriture et information. Oh mais… En vrai, je sais ce que je veux. C’est juste que je m’autorise pas à y aller.
Plein de noeuds à défaire
Moralité ? Je vais prendre une carte 10 séances chez ma psy du travail parce que j’ai pas mal de noeuds à défaire, là. Exaltant, non ?