J’ai eu 38 ans
Vendredi, c’était mon anniversaire. 38 ans. Et pour ceux qui me connaissent, petit bug : “mais attends, c’était ton anniversaire et tu n’as pas écrit d’article le jour J ?”. Hé non. Et c’est précisément le coeur de mon article d’anniversaire : va falloir arrêter de se faire bouffer.
Je suis à bout
Normalement, mon anniversaire est toujours l’occasion de me la jouer “bilan et perspectives ». Un de mes exercices préférés car j’adore croire qu’il suffit de modifier un paramètre ou deux pour atteindre le bonheur. Sauf que là, je suis en phase d’épuisement avancé. Mes vacances ont à peine rechargé mes batteries. Mon boulot me bouffe, prend toute la place, me vide. Je n’écris plus beaucoup, je ne fais plus de sport, j’ai de vagues projets dans des cartons mentaux mais je ne m’y attelle pas du tout.
La bonne humeur hors horaires de bureau
Certains le diront “heu, meuf, t’es pas un peu en dépression ?” Non, je ne pense pas. Je suis très heureuse le week-end, pendant les vacances. Et même le matin, entre le moment où j’ai quitté le lit (toujours un petit déchirement, j’aime la paresse) et celui où j’enfile mon manteau, je suis plutôt de bonne humeur. Parfois même, dans le métro, quand j’arrive à écrire, j’ai comme un instant de grâce, comme on dit. Et puis, je ne suis pas une experte mais il me semble que la dépression est une sorte de grande indifférence et je ne suis pas très indifférente. J’ai plutôt la rage. Et le dimanche, toujours une belle motivation pour améliorer ma vie. Dommage que mes belles intentions soient ruinées dès lundi matin.
Arrêter de perdre du temps
Et c’est peut-être là que je dois travailler. J’ai des ambitions. Non des rêves. Sauf que… Ben, je rêve, justement. Alors je ne vais absolument pas vous faire le sketch du “qui veut peut”. “Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait”. “Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles”. Ou encore “il faut vivre ses rêves et non pas rêver sa vie”. Et tutti quanti parce que ces mantras m’agacent dans l’absolu. Mais il y a un fond de vérité pour moi. Et je dis bien “pour moi”. Je conçois absolument que le ”qui veut peut” n’est pas une réalité absolue. Mais je dois admettre que je me mens quand je dis que je n’ai pas le temps. Oui, il y a des moments où je me fais bouffer par le boulot, que je dois y passer des soirées et des week-ends MAIS il y a aussi des soirs où je ne fais rien. Des trajets où je pourrais lire ou écrire au lieu de jouer à Candy Crush… Des moments un peu tout le temps où je traîne sur les réseaux sociaux pour lire des messages en 280 caractères maximum. Aller m’énerver contre des inconnus qui sont pourtant trop cons pour que je gaspille la moindre seconde pour eux. J’ai déjà mis en place deux ou trois trucs : déjà, mon journal intime qui va toujours bien et même un Bujo. Un Bujo ? Oui, le fameux bullet journal, celui qui est censé changer ma vie en faisant des to do lists à l’envi. J’ai fait mon modèle… et arrêté au bout de 2 jours… Essentiellement parce que c’était plus vexant que motivant.
Faudrait déconstruire deux ou trois trucs
Finalement, le souci n’est-il pas la peur de faire ? Comprenons bien : on a droit à la flemme, à la paresse. Ce n’est pas grave. Sauf que là, ça bloque mes envies et ça me frustre. J’ai fini d’écrire le roman de Maja en septembre, y a plus de 6 mois, j’ai toujours pas entamé la relecture. Parce que “j’ai pas le temps”. Si, je l’ai. Je n’ai pas toujours l’énergie mais le temps, je l’ai. Mais tant que je le relis pas, je ne tente pas de l’envoyer à quelques maisons d’édition et je ne prends pas de lettres de refus. Alors qu’en fait…Ben c’est pas si grave. J’essaie beaucoup de dédramatiser l’échec, surtout quand il n’est pas si dramatique. Le roman de Maja, c’est juste un roman parmi d’autres, j’en ai écrit avant, j’en écrirai après et c’est pas grave. Au pire, je le mets en auto édition et il aura sa petite vie, quoi. Idem sur le boulot. J’essaie réellement de me déconstruire là-dessus. J’ai toujours été la bonne élève de service, “travailler bien” et “être brillante”. Ca fait un peu partie de mon ADN… Pas que je prétende être plus intelligente ou quoi que ce soit. Mais j’ai toujours appris que les bonnes notes, c’est important dans la vie. Même quand on est adulte. Alors que mon travail, je le sais que c’est un bullshit job. J’ai même rêvé un instant que je pourrais me faire virer et ce serait merveilleux… Mais voilà : j’ai beau n’avoir aucune considération pour mon secteur, je reste angoissée à l’idée de rendre un mauvais travail… et je bosse le soir et ou le week-end pour arriver à produire quelque chose qui fera l’unanimité. Oui, on reparlera un jour de ma surcharge désormais permanente de mon travail.Pas maintenant…
Choisir l’important
Bref, plutôt que de chercher à grappiller des minutes de ci de là pour arriver à être plus heureuse, il faut que je commence à oublier un peu le boulot. Après tout, je le fais pour gagner ma croûte, pas par passion. Et je ne suis que salariée donc bon… Après tout, j’ai 38 ans, il est peut-être temps de ne plus confondre “ma vie” avec un boulot alimentaire outrageusement trop bien payé au vu de ce qu’il apporte aux gens. La quarantaine approche, il est temps de décider de ce qui est important et de ce qui ne l’est pas… Et de tenter enfin d’avoir une vie qui me va mieux. Après tout, tout va bien quand je rentre chez moi… essayons de l’étendre au reste de ma journée.