On sous-estime le bonheur d’avoir une paire de chaussettes sèches

On sous-estime le bonheur d’avoir une paire de chaussettes sèches

Voire archisèches. Aujourd’hui, j’ai une énorme envie de légèreté. Peut-être parce que la succession de tempêtes qu’on se prend depuis une semaine avec un soleil qui se fait la malle à la moindre occasion me tape sur les nerfs. Allez savoir. Quand on parle de développement personnel, on s’imagine souvent de grandes choses. Ah oui, je vais changer radicalement. Alors déjà, je ne crois pas que de grands objectifs soient les alliés de la motivation mais surtout… Mon développement personnel passe par de petites choses. La kiffance du quotidien. Comme aller faire un tour dans un parc proche du boulot ou enfiler des chaussettes sèches après la pluie.

Une collection de chaussettes sèches
(c) Nick Page

Un lundi sous la grosse pluie

Je ne prends pas toujours de bonnes décisions. Le drame s’est noué lundi. A l’heure de partir au bureau, je délaisse mon vélo car il pleut et j’avais peu envie d’arriver au boulot avec le mascara au milieu des joues. Bon puis je ne suis pas encore bien équipée pour le vélo d’hiver vu que l’hiver dernier, j’ai bien passé mon tour. Bref, je pars, il pleut. Une pluie que nous qualifierons de soutenue mais ça va. J’ai ma parka et mes chaussures de rando qui ne prennent pas la pluie, ça devrait aller. Environ 50 mètres plus loin, grosse intensification du rideau de pluie. C’est Bordeaux, ça va durer trente secondes, ça va aller. Ca a duré toute la durée de mon trajet jusqu’au tram (environ 8 minutes) et j’ai dû avancer courbée en deux car sinon, les grosses gouttières du bord de ma capuche me coulaient dans les yeux. Bref, j’ai pas pris ma cape de pluie comme mon mec l’avait suggéré, j’arrive au tram trempée des cuisses aux pieds. 

Trempée jusqu’aux os

La deuxième mauvaise décision aura été de quitter le tram pour le train car plus rapide. Plus rapide quand le train est à l’heure, oui. Là, non. 10 minutes de retard. Ce qui n’aurait pas été très grave s’il avait été à quai. Je reste donc 15 minutes plantée dehors, mes jambes et mes pieds barbotant dans leur linge mouillé. Je me reprends une averse sur le dernier trajet entre le tram et mon bureau (environ 7 mn) et je passe la matinée à avoir froid, malgré mon châle du bureau. Oui, j’ai un châle au bureau, j’assume mon côté mémé. Du coup, le midi, je décide d’agir et d’aller au centre commercial à 20 mn de là à pied pour m’acheter des fringues sèches. Bon, un gentil collègue m’a amenée à l’aller, le retour s’est passé sous un ciel clément.

Shopping express

Je me prends donc un pantalon qui a tout d’un bas de pyjama (matière fluide, taille élastique, j’étais trop bien dedans) et un gros lot de chaussettes. Une paire pour maintenant, trois qui resteront dans mon tiroir du bureau, trois qui repartent à la maison. Bon, vu le prix, elles me dureront sans doute pas très longtemps mais pour le moment, ma seule requête, c’est d’enfiler des chaussettes sèches. Je retourne donc au boulot à pied, passant par mon petit parc. Puis, une fois arrivée, je file aux toilettes me changer et… 

De bien jolies chaussettes
(c) Hanna Balan

Un petit bonheur sous-estimé

Je suis une apôtre des petits bonheurs. Dans le sens où je pense qu’il est difficile d’atteindre le Bonheur, surtout quand on est dans un délire de perfection, mais les petits bonheurs, ils sont partout. Ce sont mes balades du dernier samedi d’octobre à Bordeaux où il faisait un peu beau. Enfin, il ne pleuvait pas et nous avons pu longer les quais avec mes parents. C’est la balade en vélo puis à pied en forêt le 01 novembre, avec l’odeur d’une forêt d’automne. Ou le repas au resto semi-gastro où chaque plat était une explosion de saveurs sur ma langue. C’est une nuit de sommeil profond après une journée fatigante. Et c’est aussi le fait d’enfiler des fringues sèches après avoir passé plus de trois heures dans des vêtements humides et froids. 

Des orteils qui chantent la vie

Je ne suis pas branchée pieds. Je m’occupe mal des miens. Par exemple, de tout mon corps, c’est vraiment la partie la moins bien hydratée. Alors que je suis une passionnée d’hydratation, on en reparlera. Faut dire mes pieds, c’est un peu comme mon ventre, ils ne me gâtent pas toujours. Par exemple, je déteste acheter de nouvelles chaussures parce qu’ils ne veulent jamais rentrer bien dedans. Je dois avoir le pied plat ou je ne sais pas mais chaque nouvelle chaussure un peu rigide, c’est l’enfer. Et comme ils sont fâchés d’avoir passé la journée tordus dans une nouvelle grole, le soir, je me tape des crampes. Sans parler des épisodes de dyshidrose où ils se mettent à me démanger de fou. Et je ne commenterai même pas leur esthétique. Donc bon, je ne suis pas la meilleure propriétaire de pieds du monde. Mais là, je vous jure, d’enfiler juste cette paire de chaussettes sèches, j’ai clairement entendu mes orteils chanter de joie. En m’offrant juste ce petit plaisir à trois sous, je me suis soudain débarrassée de cette camisole de froid qui m’emprisonnait depuis le matin. J’avais envie de courir dans les couloirs de ma boîte, ahah. Bon, je ne l’ai pas fait. Essentiellement parce que je suis encore en période d’essai et même si ma cheffe a déjà parlé de fêter la fin de celle-ci deux mois avant que ce ne soit effectif, je vais faire en sorte de pas passer pour une meuf un peu trop chelou.

Un moral qui remonte en flèche

C’est fou ce qu’une simple paire de chaussettes sèches, couplée avec un petit pantalon tout doux, peut avoir comme effet sur le moral. Alors que la pluie revenait, nous privant de toute lumière naturelle, j’étais d’étonnamment bonne humeur. Moi, la solaire dont on pourrait résumer la vie à “je cherche le soleil, au milieu de la nuit” tellement je suis accro à la lumière naturelle. Mes petits petons étaient au chaud, je ne gaspillais plus d’énergie à essayer de compenser la froideur de mes vêtements, tout allait bien. 

Le bonheur d'avoir des chaussettes sèches
(c) Hayffield L

Est-ce que ce n’est pas un peu trop d’aller s’acheter de nouvelles chaussettes

Il y a une leçon à tirer de tout ça. Deux même. La première, c’est que je suis vraiment douée pour écrire des pavés sur des trucs assez insignifiants et je pense me lancer dans la rédaction d’un bouquin genre “pensées peu importantes d’une quadra qui aime avoir les pieds secs”. Ce serait rigolo. Sans doute peu vendeur mais rigolo. Mais surtout, ce jour là, j’ai décidé que je faisais fi des jugements. Et quand je dis jugement, je parle de mon moi méchant qui passe son temps à dire que je suis une grosse nulle. Grosse nulle de pas avoir pris ma cape de pluie et de me retrouver trempée toute une matinée, par exemple. Vraiment, quand j’ai commencé à réfléchir à aller m’acheter de quoi me mettre au sec, j’ai eu un petit débat intérieur. Bon, d’abord, le centre commercial est un peu loin. 25 mn à pied selon Google. 20 selon moi. D’un côté, j’ai pas beaucoup marché le matin pour cause de pluie intense donc ça compenserait mais de l’autre… j’ai pas le chill de me reprendre une averse sur le coin du nez. Puis surtout, est-ce que ce n’est pas un peu overkill, cette virée shopping, mmm ?

Se faire du bien n’est jamais trop

Et bien, vous savez ce qui n’est pas overkill ? D’agir sur ce qui nous mine quand on le peut. Je dis que je maltraite mes pieds mais c’est mon moi global que je malmène parfois. Genre je prends très peu de médicaments en cas de douleurs. Oh bah, c’est rien, ça va passer. Non. Je ne dis pas de prendre un doliprane à chaque vague douleur, je dis qu’à un moment, si tu as les moyens de faire passer un inconfort, tu les prends. Je ne serais pas allée au centre commercial, j’aurais eu froid tout l’après-midi et je serais rentrée le soir chez moi totalement vidée. Parce que ça bouffe de l’énergie corporelle d’essayer de se réguler. Il n’y a aucun mérite à subir un inconfort, en fait. C’est désagréable, ça génère des pensées parasites, ça peut bouffer de l’énergie… et peut-être qu’avec mon mode “low battery”, j’aurais pu être plus sensible à un virus passant par là et hop, la famosa crève de l’automne. Alors que j’ai zéro envie d’être malade. 

J’aurai toujours les pieds secs au boulot

Moralité ? Maintenant, j’ai de quoi enfiler des chaussettes sèches au bureau en cas de pluie et je vais ramener un pantalon de secours aussi. Et dans ma liste de trucs à ramener au bureau pour se sentir bien : ma petite bouilllote pour l’hiver et une lampe. Oui parce qu’apparemment, je suis la seule à être gênée de bosser dans le noir. Le plafonnier est éteint dès que je tourne le dos. J’en ai trouvé une très chouette qui va finir sur ma liste de Noël. Ca devient un peu mon classique, la lampe à Noël… J’ai déjà une plante, le plaid et une réserve de chaussettes sèches. Il ne me manquera plus qu’un truc qui sent bon à renifler pour le plaisir et je serais parée pour générer des leads. Ahah !

Un mug fumant

Et tout ça parce que j’ai accordé à mes pieds le plaisir de se lover dans des chaussettes sèches. Les petits plaisirs, vraiment…

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