Ma future moi n’existe pas
Je reprends quasi mot pour mot le titre de la vidéo d’Elyane C. mais je trouve la thématique particulièrement intéressante. Pour situer Elyane, elle parle beaucoup d’alimentation intuitive et se penche aussi pas mal sur le développement personnel… et pas forcément avec une foi aveugle. Et je me retrouve beaucoup dans ses réflexions. Alors en ce mois de décembre qui nous amène peu à peu vers les bonnes résolutions et la perspective d’un nouveau départ, on va poser quelques jalons. A commencer à par un fait : ma future moi n’existe pas.
Une version si géniale de moi-même
C’est qui, cette future moi ? Quand j’ai commencé ce blog, elle était parfaitement définie : une femme plus mince et plus énergique, une vie saine et tellement bien organisée qu’elle peut tout faire. Du sport, de l’écriture, des loisirs créatifs, des vidéos, de la cuisine saine, des réflexes écolos… et, ah, du travail mais là, c’est parce que j’ai pas le choix, hihi. Ah, je l’ai tellement vénérée cette future moi. Je vous jure, elle est géniale. Inventive, toujours en forme, jamais dans la procrastination. Parfaite et heureuse.
Ce poison que je m’auto-inocule
Sauf qu’en vérité, ma future moi est un poison. Pas forcément volontairement. Mais vous savez, dans la vie, on a toujours cette personne, proche ou lointaine, qui transforme tout ce qu’elle touche en or. On l’admire, on est heureux pour elle… mais y a comme une pointe de jalousie. Comprenez-moi bien : je ne jalouse pas mes ami·e·s en général. Mais quand tu as l’impression que la réussite tombe toujours du même côté, tu finis par te demander pourquoi c’est jamais ton tour. Et se comparer à cette personne, c’est jamais bon pour l’ego.
Une conscience trop forte de mes imperfections
Et c’est précisément le problème majeure de Future Moi. Parce qu’en étant parfaite, elle souligne toutes mes imperfections. Elyane résume ça en “tu respectes ton Futur toi qui est une personne qui n’existe pas pendant que tu te méprises, toi”. Tu te méprises ou tu te juges, selon ton niveau d’estime de toi. C’est vrai. Future Moi est tout ce que je ne suis pas. Déjà, j’ai toujours imaginé Future Moi comme une personne qui n’est jamais fatiguée. Et healthy de ouuuuf. Et donc mince. La minceur ici est une conséquence : à boire des smoothies épinards-chou kale toute la journée et faire six heures de yoga par jour, la sveltesse est au rendez-vous. Et le transit magnifié. Et avec toute cette énergie, forcément, je peux écrire et faire pleiiiiiin de projets personnels parfaitement épanouissants. Seule Future Moi est heureuse. Ma version de moi actuelle n’est pas digne d’intérêt vu qu’elle est en transition.
L’obsession de l’hyper-organisation
Quand je suis allée voir l’hypnothérapeuthe, elle a beaucoup insisté sur ce travers que j’avais de toujours vouloir en faire plus. De toujours vouloir en faire trop, en vérité. Elle me gourmandait à chaque fois que j’utilisais le “il faut”. Oui, je trouve qu’on n’utilise pas assez le verbe gourmander. Et je suis pas du tout guérie de ça. Je suis pas guérie de la vénération de cette Future Moi. Genre vendredi, j’ai fini la semaine sur les talons. Au boulot, je croule sous les micro-tâches et à jongler avec six balles, tu finis par en tomber une. Déjà que deux, je galère… Alors j’imagine des tas de plans d’organisation pour que ça marche. Et je parle d’organisation au travail mais ça s’étend à ma vie. Là, par exemple, je suis en pleine obsession de Powerpoint Art et c’est reparti “alors, chaque jour, je dois me lever toute les heures pour m’étirer, aller mettre des likes sur Insta, écrire quelques pages de tel roman et un article…” Ma vie rêvée est timée à la minute. Et absolument pas en adéquation avec ma vraie vie. Vous savez ce que je craignais en allant bosser chez l’annonceur ? Les réunions. Et bien j’avais raison ! Mais comment suis-je censée organiser un rythme de travail si je rentre en call toutes les heures ? Non mais je vous jure, il y a 10 jours, j’ai été en réunion de 10 à 18h avec un trou de 10h30 à 11h et un de 15h30 à 16h.
Tout n’est que fantasmagorie
C’est là qu’on mesure toute la fantasmagorie et donc le danger de déprime et de manque d’estime de soi que représente Future Moi. Bien sûr que vouloir devenir quelqu’un de meilleur est un élan qui paraît positif. J’ai arrêté de fumer et je m’en porte mieux. J’ai fait le dry october et… faudra qu’on en reparle. Faire plus de sport me paraît une bonne chose. Cependant, je dois arrêter de courir après cette Future Moi. Cette fameuse meilleure version de moi-même que nous vend le développement personnel. Parce que tant que je ne serai pas elle, je serai malheureuse. Et je ne serai jamais elle car Future Moi vit dans un monde sans contrainte extérieure. Cet univers où j’ai le temps. Parce que vous savez, mon pire malheur, il est là. Il est là depuis toujours : je me raconte trop de fables sur la vie de Future Moi. Elle vit dans une fiction qui ne sera jamais ma réalité.
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