43… quoi, déjà ?
Comment ça, j’ai 43 ans ? Absolument pas ! Regardez, mon visage si peu marqué ! Regardez mes chev… ah non, là, ça marche pas. Pour le moment, ma grosse mèche blanche se noie dans les mèches blondes posées par mon coiffeur mais comme j’ai trouvé un travail, je vais assumer. Oui, pour trouver un nouveau boulot, ça m’arrangeait un peu qu’on ne calcule pas trop mon âge, rapport à mon instabilité chronique. Bref, j’ai 43 ans. Une belle peau, certes, mais un ventre totalement ravagé, un genou gauche qui grince un peu et de plus en plus de cheveux blancs. Le reste va bien et comme à chaque anniversaire, c’est l’heure d’imaginer une nouvelle vie, yeah !
Une année studieuse
A 42 ans, je voulais être la dame excentrique. Ce n’est pas arrivé. J’ai acheté le même vélo Decathlon que tout le monde. Par contre, je suis devenue une crazy cat Lady et j’aime bien. Je me pique de jouer avec la végétation aussi, je plante plein de graines, tout le temps. J’ai une miriade de bébés citronniers sur mon bureau maintenant. D’ailleurs, va falloir que je m’emménage une petite étagère végétale avec des leds pour faire un max de lumière, un peu comme les prêts à pousser. Qui me permettent d’avoir un fraisier dans mon bureau, par exemple. J’adore cette idée d’avoir des fraises dans mon bureau. Bref, j’ai imaginé mes 42 ans en meuf excentrique, j’ai été nature et studieuse. Bon, ça va, c’est pas si pire.
Une refonte du logiciel
Et mes 43 ans, alors, on va en faire quoi ? C’est amusant que mon anniversaire tombe peu ou prou après le début de mon nouveau contrat de travail. Parce que ça fait un peu nouveau départ au carré. Et justement, depuis que j’ai commencé ce nouveau job, j’ai acté que je n’attendais plus rien de la vie. Ne plus courir, ne plus attendre. Prendre les jours les uns après les autres sans attente. Ce qui est un peu angoissant mais je travaille dessus. Parce que si c’est un peu une révolution pour moi, c’est quand même la promesse d’une vie plus apaisée, plus tournée vers ce qui me plaît. Avec beaucoup moins de charge mentale. Pas de compulsion maniaque des annonces, pas de déception à chaque réponse négative, pas d’agenda au cordeau pour caler des entretiens. Et encore, maintenant qu’on les passe en visio, ça simplifie bien la vie. Arrêter de raconter la même histoire, encore et encore. Arrêter de mesurer ma valeur à l’aune de ces entretiens, aussi. Donc mes 43 ans arrivent en pleine refonte du logiciel.
Soigner le bidou
Et ça tombe bien que toute cette histoire de recherche d’emploi se termine car j’ai un nouveau challenge de vie : guérir mon ventre. Suite à la troisième inflammation des intestins en quatre mois, j’ai pris rendez-vous chez la docteure. J’en ai trouvé une super, jeune. J’adore les jeunes docteures, elles sont impliquées et empathiques. A priori, je n’ai rien de grave mais il va falloir une hygiène de vie un peu stricte sur le sujet. Rien de très dramatique, en vrai. Manger des fruits et légumes, je suis bonne, déjà. Marcher trente minutes par jour en mode rapide. Je le fais la plupart du temps mais attention aux jours de mauvais temps en télétravail. Saupoudrer mes plats de son d’avoine. Bon ok, pas trop dur. Boire ½ litre d’Hepar au quotidien. Alors va vite falloir que je trouve le bon dosage de magnésium dont il est question pour changer ça. C’est pas que j’aime pas l’Hepar, c’est pas si dégueu, mais une bouteille en plastique tous les deux jours, comment dire… C’est un peu con d’arrêter l’avion mais de décupler sa conso de bouteille plastique à côté, non ? Donc à partir de maintenant, on s’applique à bien d’hydrater, avoir sa part de fibre et bouger. Et arrêter de détester mon ventre, aussi. Dans le sens où considérer qu’une partie de mon corps est une sorte d’ennemi à dompter me paraît pas très auto-bienveillant.
A 43 ans, je bouge
D’ailleurs bouger fait partie de mes envies de 43 ans. J’avais repris un bon rythme jusqu’à la semaine dernière avec les hiits. Ca me fait plutôt bien suer, je sens que les cuisses, fessiers et abdos sont au travail, c’est parfait. J’ai un peu envie de retourner à la piscine aussi même si les horaires ne me vont pas trop et faire du vélo. J’ai prévu un article spécial sur le vélo que je devais publier vendredi dernier. Mais pour le moment, c’est pas le grand amour et ce pour de mauvaises raisons. La flemme et la peur. Et pas la flemme de faire du sport. La flemme de la logistique. Et ça m’agace parce que je vois la liberté que m’offrirait le vélo mais j’y suis pas encore. Alors que bon, je me dis un mix vélo-marche-hiits et la partie sportive de mon traitement anti mal de ventre sera pleinement remplie. Mais y a le verrou psychologique sur lequel je dois travailler.
Dédramatise !
Et tiens, en voici un super challenge pour mes 43 ans. On va dédramatiser tout ce qui n’a pas besoin de trop d’attention. Nos vies sont déjà fortement chargées en drama. Dès que je me penche sur l’actu, j’ai envie de pleurer. Une angoisse terrible. Et puis à côté de ça, il y a mes parents qui vieillissent, mon chat devient canonique, l’appart où y a toujours de l’argent à sortir. Ma santé… Vraiment, je dois rajouter des couches à tout ça ? Non, clairement, je dois me lâcher la grappe. J’ai toujours pas lancé mon Insta d’écrivaine ? J’écris plus trop alors peu importe. J’ai encore pris du poids malgré mon hygiène de vie plus clean depuis que je suis ici ? Vérifions qu’il n’y a pas de cause médicale derrière ça mais sinon… et bah, tant pis. Tant que je peux faire ce dont j’ai envie avec mon corps, le reste… Y a plein de choses que je ne fais pas mais si elles ne sont pas obligatoires, pourquoi m’en frustrer ? Je viens à peine de dépasser la moitié de ma vie selon les statistiques, j’ai le temps. Ce que je n’écris pas aujourd’hui, je l’écrirai demain, la semaine prochaine, en vacances ou à Noël. J’écris parce que ça me fait du bien donc si à un moment, je ne le sens pas… Bah, je ne le fais pas.
On se chouchoute
Par contre, un truc que je sens très souvent, c’est de me faire du bien. Me faire du bien, ça veut dire s’étirer tant que faire se peut. Prendre le temps quand je peux. Mettre des huiles essentielles d’orange dans mon bureau, d’eucalyptus dans la salle de bain. C’est sortir sur ma terrasse respirer deux minutes à plein poumon. Et j’ai vraiment envie d’investir dans un masque à poser le dimanche soir sur ma peau juste pour savourer. Un petit moment égoïste à sentir ma peau soupirer d’aise. Mon odorat frémir à la douce odeur d’un produit cosmétique. Bref, kiffer les petits moments chouettes. Mettre du parfum juste pour avoir des fringues qui sentent bon.
Ecris ton journal pour de vrai
Il y a juste un truc que je vais un peu contraindre. Enfin deux avec le sport mais le sport, si ça peut me permettre de ne plus avoir mal au ventre, je vais pas trop voir ça comme une contrainte. Non, je parle de mon journal. C’était dans mes résolutions de début d’année et j’ai pas tenu alors que précisément, c’était le moment où j’en avais le plus besoin. Graver dans le marbre les moments difficiles pour se souvenir qu’à la fin, il y a la lumière. J’ai parlé ici de mon craquage mais ça a été un article. Ecrire toutes mes idées et mes envies aussi. Sans but. Par exemple, pendant mon chômage, j’ai écouté L’amour sous algorithme de Judith Duportail. Outre une phobie de plus en plus développée pour les applis de rencontre et des rapports hétérosexuels, j’y ai vu tellement de parallèles avec le monde du travail. Et par ailleurs, en tant qu’écrivaine dans ma tête, je suis persuadée que les petits riens de la vie, les petites réflexions à la con font le sel de romans un peu modernes. C’est sans doute à cause de mon écoute des livres un peu reportage comme L’amour sous algorithme ou Amours toxiques d’India Desjardins. Ou encore La mort d’une princesse de la même India Desjardins, une écrivaine que j’aime vraiment bien et dont je vous parlerai le 06 mai sur Raconte moi des histoires si je tiens bien mon planning. Sans doute pas. Oui, j’ai déjà mon planning blog jusqu’à fin mai. Ecrire ce journal va me faire du bien en plus parce que j’ai beaucoup d’émotions, positives ou négatives, à coucher sur le papier.
On se détend !
Bref, pour mes 43 ans, on me souhaite quoi ? De profiter. Littéralement profiter. Ne pas me rajouter de stress ou de dépréciation négative. Je ferai mon travail sérieusement quand j’aurai des missions. Je vais soigner mon ventre et être appliquée sur mon hygiène de vie. Tout ça oui. Mais pour le reste, considérons que toutes mes activités annexes sont des bonus. J’ai envie d’écrire, j’écris. J’ai envie de faire du Powerpoint Art ? So let’s go. J’ai envie d’apprendre à faire des pots en béton ou en céramique voire en jesmonite ? J’ai envie d’apprendre un peu de broderie pour faire des petits sachets ou des trousses dans mes vieilles fringues à jeter ? Puisque les mettre en recyclage, ce n’est que rarement une solution. Ou alors il faut que je me renseigne mieux. Et si je ne fais pas tout ça cette année, ce sera l’an prochain ou celle d’après. A mon âge, il est temps de ne plus se stresser pour rien.