L’ennui d’une vie sans surprises

Une semaine que je suis redevenue salariée ! Dans la boîte de la gangue et du bore-out, oui. Mais Michel le toxique est parti pour toujours et mon nouveau manager a l’air particulièrement adorable et empathique. Mais c’est pas le sujet. Alors voilà, j’ai décroché mon CDI et, désormais, je n’attends plus rien de la vie. Enfin, je n’attends plus de grands rebondissements. Je ne cours plus après un partenaire de vie ou un boulot. Une vie sans surprises, ça va être long, non ?

Une vie tumultueuse

Je n’ai pas brillé par la stabilité dans ma vie. Mon CDI le plus long a duré 4 ans. Mais j’ai une rotation de 1,5 ans. Heureusement, comme je me suis réorientée, j’ai viré les premières expériences de mon CV et ça se voit plus trop. Si je devais résumer ma trentaine, ce serait environ “quand je cherchais pas un partenaire de jeu, je cherchais un job”. Voire les deux. Ca se traduisait par le scroll presque compulsif d’annonces sur LinkedIn ou de profil sur des sites de rencontre. Oui, site parce que je ne suis plus une jeune personne. A chaque entretien ou rendez-vous que je décrochais, il y avait une petite étincelle d’excitation, un univers des possibles qui s’ouvrait devant moi. Peut-être que c’était le début d’une belle histoire. Ou au moins une aventure sympa.

Changer de job, ma passion

Et puis la chasse à l’Homme s’est achevée. J’ai trouvé un specimen fort satisfaisant donc je me suis désinscrite des sites. Mais j’étais toujours en recherche d’emploi ou à peu près. Depuis le début de notre relation, j’ai changé 4 fois de job. Je suis un bel exemple de stabilité, hihi. Après, c’est pas forcément ma faute. J’ai fui job 1 à cause de Vanessa la manipulatrice. J’ai failli quitter job 2 à cause de Michel le toxique, ce fut le bore-out qui m’a fait prendre la tangente. Job 3, c’était Epicea. Si vous n’avez pas lu cette folle histoire, vraiment, je vous y invite. Job 4, pas tant une direction toxique qu’un déni total de la crise que mon équipe traversait. Une direction “LALALA j’entends pas!”. Tiens, ça pourrait être le nom de ma série d’articles sur le sujet. Et là, job 5 vient de démarrer, retour donc dans l’entreprise de Job 2 mais à Bordeaux. Et autant vous dire que là, s’ils me valident ma période d’essai, je vais plus bouger.

Une difficulté à bouger

En me mettant en recherche, j’ai un peu découvert une évidence : le marché bordelais, il n’est pas aussi dynamique qu’à Paris. Non seulement tu n’as pas d’opportunités régulièrement mais les salaires… autant vous dire qu’ils n’ont suivi ni l’inflation ni la courbe des loyers boostés par les parisiens, quoi. Donc là, j’ai un CDI avec un salaire sympa donc il faut que j’intègre que je vais pas pouvoir repartir en recherche à la moindre contrariété. Bref, on en arrive à ce que je disais en début d’article : je pose mes outils de chasse pour le moment.

Plus rien ne viendra changer ma vie

Et du coup, qu’est-ce qui te sort de ton quotidien quand tu n’attends plus rien. Le partenaire de vie, c’est ok. Les enfants, c’est non. Le travail, si tout va bien, c’est posé. Et du coup, comment poursuivre ma vie en me levant le matin en sachant que je n’aurai aucun mail qui va, peut-être, changer ma vie ? Bon, en vrai, me sortir de l’attente “du mail qui change la vie” ou juste une convo à un entretien, ça fait du bien parce que ça m’a salement tapé sur les nerfs. Mais cette petite perspective de trouver une annonce intéressante, ces milles pistes qui se dessinent dès que j’envoie un CV… J’imagine quelle sera ma vie si je bosse ici ou là. Y avait un job, j’avais regardé les horaires du BAT cub car je trouvais classe l’idée d’aller au boulot en bateau. Bon, les horaires sont nulles et de toute façon, j’ai pas eu le job. Mais là, j’y vais en train, je trouve ça pas mal, aussi.

Une charge mentale en moins

Mais du coup, peut-être que puisque ma vie sans surprises semble enclenchée, on peut imaginer que des surprises peuvent venir… d’ailleurs. On pourrait prendre la question en sens inverse. Ok, la question amouro-familiale et professionnelle sont à priori réglées. Du coup, je suis libérée d’une grosse charge mentale. A partir du moment où j’ai su que j’avais décroché mon CDI, j’ai dégommé l’espèce de mal-être de début d’année. Parce que je n’avais plus d’angoisse sur la question du travail. Pas d’angoisse immédiate, en tout cas. Franchement, un peu de détente, ça fait du bien. Or si on part du principe que je vais arrêter de chasser mon prochain CDI, ça me laisse pas mal de bande passante mentale pour faire autre chose. Comme de l’écriture ou du PPT art, apprendre des trucs…Voire renvoyer des tapuscrits à des maisons d’édition. Et là, peut-être qu’il y a un mail qui va changer ma vie à ce niveau-là. Même si en vrai, y a de fortes chances que j’ai une flemme éternelle sur le sujet.

Détend-toi et profite

En fait, cette histoire de vie sans surprises, ça m’a angoissée environ 3 minutes. Mince, ne plus chercher de taf, c’est un choc, quelque part. Je crois que depuis que je travaille, j’ai pas passé une seule année sans passer des entretiens. Parce que je vivais dans une région où les opportunités pullulaient alors que là, moins. Mais finalement, je me dis que si j’arrive à me détendre du string sur cette question de boulot parfait après lequel je cours depuis 2007 avec le succès que l’on sait, je vais tellement gagner du temps et de l’énergie sur autre chose. Pas forcément des trucs très importants, juste des trucs que j’aime bien. Gratos. 

Dramatise pas pour rien

En vrai, une vie sans surprises, c’est pas si dramatique. Des surprises, il y en aura toujours. Pas forcément en mode “nouvelle vie”  mais juste une sortie imprévue, des chouettes cadeaux d’anniversaire, des rencontres cools ou je ne sais quoi. En vrai, je crois que je perçois le vrai secret du bonheur de la vie : arrêter de viser toujours plus haut, d’attendre une vie qui n’existe pas encore… ou n’existera jamais. 

Bref, vive une vie moins surprenante mais plus douce !