Ai-je vraiment pris une mauvaise décision ?

Ai-je vraiment pris une mauvaise décision ?

Ou plutôt : ai-je été en mesure de prendre une décision éclairée ? J’ai un talent particulier pour l’auto-flagellation. Je le dis régulièrement et j’essaie de travailler dessus mais on ne se remet pas de 43 ans de basse estime de soi et d’un auto-jugement permanent d’un claquement de doigts. Là, j’ai choisi une nouvelle montagne à escalader : le fait de me reprocher chaque mauvaise décision. Alors que je n’ai pas le niveau d’info pour bien choisir. En gros, suis-je vraiment en train de me flageller parce que j’ai mal choisi pour un pile ou face ? Hé…

Prendre une mauvaise décision
(c) Enzo Boulard

Ce n’étaient pas les bonnes chaussures

La vie est une succession de décisions. Et parfois, on ne choisit pas judicieusement. Par exemple, mercredi dernier. La météo annonçait une mauvaise journée mais il fait beau quand je pars et j’opte pour mes geox. Pour ceux qui ne connaissent pas, les geox sont des chaussures respirantes avec des trous dans la semelle. Evidemment, au moment de repartir du bureau le soir, il pleuvait des cordes. Et comme le tram tardait un peu, j’ai remonté deux stations à pied. Oui, dans le cadre de l’opération “marcher tant que faire se peut”, j’ai pris le réflexe d’aller à la station de tram suivante si j’en ai le temps. Surtout que ça évite que je me pèle gratos. Donc entre la pluie et mon choix peu judicieux de chaussures, je suis rentrée chez moi trempée jusqu’au bout des orteils. Là, j’aurais pu prendre une meilleure décision.

Mais j’avais pas l’info !

Mais il y a des fois où malgré ma bonne volonté, je n’ai pas les éléments pour prendre de bonnes décisions. Parlons de mon drama actuel : les transports en commun. Pour aller au bureau, j’ai le choix entre un mix train et tram ou un total tram. Le total tram, en général, je le réserve pour les jours où je ne prends pas mon vélo. Mais le matin et le soir, je me pose la question. Quel transport je prends ? Dans mes calculs, j’ai plusieurs éléments à prendre en compte, notamment la météo. En gros, plus il fait froid, plus je vais opter pour le tram car les temps d’attente sont moins longs. A priori. Mais ces derniers temps, c’est sport. Exemple : un soir, j’opte pour le train. Mais celui-ci a cinq minutes de retard. Au bout de 15 minutes de retard, il m’indique toujours 5 minutes. Heu ? Je vous passe le tram qui marche plus quand tu arrives à la station, aussi. Et oui, je peux vérifier sur mon téléphone avant de partir du boulot mais l’info n’est pas toujours de première fraîcheur. Je veux dire, si même l’affichage en gare n’est pas au courant du vrai retard, je ne pense pas que les applis soient plus avancées.

J’aurais su…

Alors des fois, je rentre chez moi vannée, mon temps de transport ayant ramassé une rallonge de 50%. Et on parle d’un trajet d’environ une heure donc imaginez la punition. Et souvent, je m’en veux. Ahlala, j’ai choisi bien mal. J’aurais su… Ah oui mais justement, je pouvais pas savoir. Je parle de chaussettes humides ou de transports peu fiables mais ça marche pour tout, évidemment. Quand j’ai appris que j’étais dégagée limite salement de ma dernière boîte, j’ai ruminé. J’y étais déjà allée dans cette boîte, je savais que c’était des raclures avec peu d’états d’âmes. Sauf que… Sur le papier, je n’avais aucune raison de prendre une autre décision. C’était une boîte où j’avais bonne réputation donc plus facile de commencer une nouvelle carrière. Mon futur manager m’avait fait bonne impression à l’entretien et effectivement, c’était un gars bien. Inutile de refaire l’histoire : j’ai pris une décision logique en fonction des infos que j’avais.

Ai-je pris la mauvaise décision ?
(c) Egor Myznik

Il y a des circonstances atténuantes

Même si je prends chacune de mes mauvaises décisions, j’ai des circonstances atténuantes ou presque. Prenons Epicea. Y a eu un red flag lors de l’entretien, une phrase que je n’ai pas voulu prendre en compte. Celle qui disait “on va pouvoir signifier le départ à la personne que vous remplacez”. Mais ça me paraissait trop gros. Je n’ai pas voulu croire que j’entendais ce que j’entendais. Et avec le recul, je me dis… qu’effectivement, n’ayant aucune connaissance du personnage, je n’aurais pas pu réaliser la réalité d’un truc aussi gros. Je veux dire qui dit ça en entretien, franchement ? A part un sociopathe, je veux dire. Par contre, pour Sunlight, j’aurais pas dû y aller. Pas de red flag en entretien mais des conditions vraiment peu avantageuses. 

Je ne suis pas voyante

La vie est faite d’aléas. Quelle phrase plate… Oui, parfois, on ne fait pas le choix le plus judicieux mais… A partir du moment où on ne savait pas, pourquoi se le reprocher ? C’est sûr que je préfère être chez moi à 19h plutôt que 19h30 mais au fond, suis-je certaine que l’autre transport aurait mieux marché ? Je veux dire entre les tempêtes qui jettent des arbres partout, les usagers qui font n’importe quoi sur les rails de trams, les pépins techniques… Des fois, je me dis qu’une voiture, finalement… Mais pourquoi je m’en veux d’avoir pris une mauvaise décision alors que je n’avais juste pas toutes les cartes en main.  Aux dernières nouvelles, je ne suis pas voyante. Là encore, on en revient toujours à la même idée. Celle que ma vie n’est pas parfaite, par définition. Que l’imprévu arrive et que je dois l’accepter. Au pire, ça me fait un peu de marche, de lecture ou d’écriture en plus, finalement. 

La voyance pour prendre des décisions
(c) Jen Theodore

Par contre, faut vraiment que j’aille m’acheter des chaussures étanches. Ca, c’est LA bonne décision à prendre.

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