Une intense exaltation
Vous savez les articles que j’aime le plus écrire ici ? Ceux des petits bonheurs. Parce que ça fait du bien de les graver dans le marbre, même virtuel. Parce que le temps que je consacre à l’écriture de ces articles, c’est un retour dans ce moment béni. Une sorte de bonus que je m’offre. Et justement, aujourd’hui, je veux vous parler de ces moments où, tout à coup, tout va bien et je le réalise. Une sorte d’exaltation soudaine où je sens que tout va bien et que je suis authentiquement heureuse. Vous savez, ce moment où vous marchez en ayant l’impression que la gravité vous a momentanément oublié. Voilà, ça.
Comme des signes de la vie
La semaine dernière, j’ai eu droit à trois de ces moments de grâce, environ au même endroit. Vendredi soir, en sortant du boulot, je décide de me rendre à Darwin. Le lieu de rendez-vous des bobos, certes, mais j’ai vu que la boutique de vélo d’occasion fait des déstockages et j’en ai ras les mollets de mon Elops donc…En sortant du tram, je me retrouve à un coucher de soleil absolument splendide. Après des semaines de pluie, je me sens soudain récompensée. D’ailleurs, je vois pas mal de gens s’arrêter pour immortaliser ce glorieux ciel. C’est marrant parce que le matin même, alors que j’étais dans le tram, un peu morose, je lève les yeux de mon livre et je capte un arc-en-ciel dans le ciel tourmenté, juste au-dessus des clochers de Bordeaux. Il devait pleuvoir en altitude donc c’était vraiment une touche d’arc-en-ciel. Mais, au boulot, j’ai peur du loup qui tourne désormais autour de la bergerie et ce signe céleste, c’était comme la vie qui me tapotait l’épaule en mode “ça va aller, t’inquiète”.
Mon beau vélo rouge
Et puis samedi, rebelote, retour à Darwin. Oui, la veille, j’avais pas vérifié les horaires, la boutique fermait à 18h, oups. En vrai, toute la journée de samedi a été une exaltation ou à peu près. Le midi, je décide de faire un peu de marche pour rejoindre mon doux pour le déjeuner. Il fait tellement bon ! D’ailleurs, alors que j’avais un peu renoncé à l’idée d’aller à Darwin, on se motive car “il fait trop beau pour rentrer”. Cf les semaines de pluie. Et là, à Darwin, le vendeur me propose un vélo hollandais parfait. Léger, maniable. Je le prends en main immédiatement et le premier coup de pédale est facile. Oui parce que mon Elops, à l’inverse, le premier coup de pédale coûte, littéralement, ça résiste. Un peu chiant quand t’es au feu… Bref, j’ai un nouveau vélo. Un nouveau vélo rouge. Je suis tellement contente qu’il soit rouge, c’est absurde.
Douce légèreté
En rentrant, seule car Victor était en vélo et pas moi (mon vélo rouge part en révision avant qu’il ne soit totalement mien), je suis à nouveau en pleine exaltation. Il fait beau, les gens sont tous dehors et tu ressens une espèce de bonheur collectif. C’est un truc que je ressens fort, ici, à Bordeaux, le bonheur des gens. Dès qu’il fait beau, tout le monde va se promener. Je sais que c’est la même ailleurs, notamment à Paris, mais à Paris, y a tellement de monde que c’est toujours compliquéééé. Déjà, tu veux aller dans un parc parisien profiter du soleil, tu dois essayer de trouver une place parmi tous les gens qui veulent, légitimement, la même chose que toi. Vraiment, les Buttes Chaumont, je les aimais fort mais quelle tannée quand il faisait beau. Bref, il y avait une légèreté dans l’air. Le soleil déclinant offrait une lumière incroyable qui soulignait les couleurs automnales.
Un bonheur qui se voit et se partage
Et j’étais de si bonne humeur que je voulais aller checker tous les cyclistes en vélo rouge pour leur annoncer que je faisais partie de leur gang. Ce que je n’ai pas fait parce que je leur aurais sans doute fait peur. Vous déraisonnez, madame ! Je ne saurais expliquer pourquoi un tel enthousiasme à l’idée d’avoir un vélo rouge mais vraiment, c’est fort. Et cette incroyable bonne humeur permet des interactions avec de parfaits inconnus. Par exemple, le vendredi soir, je traverse le pont de Pierre après et arrivée au bout, je vais pour traverser quand arrive un vélo. On commence par ralentir tous les deux pour faire passer l’autre puis à repartir en même temps et finalement, c’est moi qui traverse en m’excusant du quiproquo. Le mec me répond très gentiment que rien de grave et bon week-end ! Rien de transcendant. Je ne reconnaîtrais sans doute pas ce gentil jeune homme si je le recroisais. Ou alors, je me dirais “sa tête me dit quelque chose” mais je ne remettrais pas. Et samedi pareil, un mec vient me parler car il voit que j’ai mis mon nez dans mon sweat pour me protéger des effluves nauséabonds d’une vieille caisse. Il me fait un truc genre “ah, ça pue, hein” et repart sans rien me demander de plus. Voilà, ça, c’est sympa.
La vie est quand même belle
Et j’adore ces moments d’exaltation. C’est de la joie pure, un bien-être puissant qui te fait dire que même quand ta vie peut être reloue, elle reste belle. Ces moments où je me dis qu’être venue vivre à Bordeaux reste la meilleure décision de ma vie. Et je dis ça après un automne particulièrement pourri. Et j’avais envie de partager cette légèreté du coeur parce qu’elle est un peu rare et elle est précieuse. J’utilise souvent mes blogs pour tenter d’exorciser mes peurs et mes angoisses mais parfois, ça va juste bien. Et c’est important de le dire aussi.