Je suis nulle en instant présent

Je suis nulle en instant présent

Dans les sciences psychologiques alternatives, il y a une phrase qui revient régulièrement. “Ici et maintenant”. Je suis une quiche en ici et maintenant. Vraiment, je ne sais pas profiter de l’instant présent, ça en est limite maladif. Enfin, oui et non. Je savoure avec acuité les petits bonheurs. Il y a des moments où, soudain, je me sens tellement bien que je l’inscris dans mon mental. Souviens-toi de ce moment parfait. Mais, en dehors de ces moments, je flotte dans l’avant ou l’après. Ici, peut-être, maintenant, jamais.

Je ne sais pas vivre au présent
(c) Nick Hillier

Ce qui est fait est fait

On va balayer rapidement le passé. Parce que j’ai écrit tout un article sur le ressentiment et un autre sur la réécriture de l’histoire. J’aurais dû dire, j’aurais dû faire. OK mais ce qui est fait est fait. Si on n’est pas dans une démarche de « analysons le passé pour éviter de reproduire les mêmes erreurs », on arrête. Et je dis analyser pour apprendre. Pas s’auto-flageller. Merci.

Ma vie, elle est dans le futur

Mais moi, je vis dans futur. Non que je sois un esprit visionnaire ou innovant. Non. Enfin, je ne me suis jamais définie de la sorte. Mais je suis dans l’anticipation. Un peu dans l’anticipation pratique mais pas tant que ça. Je fais parfois des scénarios mais la vie n’en faisant qu’à sa tête, finalement… Non, quand je dis que je vis dans le futur, c’est pas une qualité genre la meuf qui a quatre coups d’avance. Non. Juste que j’ai trop d’imagination et que je vis qui n’existe pas encore. Voire qui n’existera jamais. 

Raconte-moi mon futur
(c) Garidy Sanders

Ma vie est surtout dans ma tête

J’ai tout le temps des envies, des idées, des lubies. Par exemple, dans ma tête, j’ai lancé un petit commerce de citronniers que je fais pousser avec amour et que je vends au marché. Réalité : j’ai pas réussi à les faire pousser*. Voilà, voilà. J’ai 45 chaînes YouTube, 5 romans publiés sur Amazon, des BD… Bref, vous prenez tous mes articles à base « oh ça, j’aimerais trop » et vous avez un panel de ma vie imaginée. Évidemment, tout ça, c’est comme ma future moi, ça n’existe pas.

Se stresser pour un sujet pas encore d’actualité

Mais encore la frustration née du décalage entre la vie rêvée et la vie réelle, on le connaît tous. Enfin, il me semble. Maintenant, je rajoute la couche « petite voix qui me veut du mal et m’empêche de kiffer ». Déjà en angoissant sur des sujets qui ne sont pas encore d’actualité. Par exemple mon prochain job. Là, je suis en train de finir ma formation. Puis je pars en vadrouille en décembre et janvier donc je ne démarrerai aucun job avant fin janvier. Fin janvier dans un monde où ça mord direct à l’hameçon. Mais ça me stresse. Sur le côté « j’ai pas envie d’encore tomber sur une boîte toxique« . Mais aussi parce que je me gâche la vie en anticipant une vie qui n’est pas encore la mienne. 

Profite parce que ça ne durera pas

Cet été, je suis allée quasi quotidiennement au lac faire mon petit sport. Entre le trajet, mon petit aquagym et ma lecture, c’était une bulle de 2h, environ. 2h de kif pour l’essentiel avec en cherry on the cake : les petites mûres sauvages picorées au bord du lac. Plusieurs fois, j’ai eu cette sagacité de me dire que je vivais ma vie rêvée. Du soleil, du barbotage, de la littérature et de la gourmandise, le tout dans un écrin de verdure. Oui, je nageais au milieu des poissons, des canards et j’ai même vu une tortue sortir sa tête de l’eau à quelques mètres de moi. J’ai jamais eu aussi bonne mine que cet été, en vrai. Une vie de rêve mais… j’ai pas arrêté de me répéter « profite parce que dès que tu retrouves un boulot, la bamboche, c’est fini. » 

Un joli lac

Jouer avec les routines

Et cette sale manie continue. Actuellement, je me fais des petites routines. Mon train idéal, c’est :

  • 9h30-10h : aérobic
  • 10h-12h : travail
  • 14h-14h30 : stepper 
  • 14h30-16h30 : travail 
  • 16h30-17h30 : écriture 

Et après, je fais mes langues, du blog, j’écris ou je rebosse, selon mes envies. Bon, après, ça, c’est la théorie. Car en pratique, y a des perturbations mais c’est le plan en gros. Pas mal hein ? Les jours où je suis cette routine, je me sens vraiment bien. Efficace, productive. Ah, attendez, voilà la petite voix. Que me dis-tu Joséphine ? Ah que je ne dois pas m’habituer car ça ne va pas durer. 

Tais-toi petite voix

Mais ta gueule, Josephine, en fait. Parce que oui, ça ne va pas durer. Comme l’été qui est fini, mes trente ans et ma foi en l’humanité. Oui, rien ne dure. Oui, je me gâche la vie en vivant dans le futur plutôt que dans le présent. Comme je me la gâche en m’exhortant à profiter, là, maintenant parce que demain, ce sera moins bien. Demain, il y aura autre chose. Mieux ou moins bien, ça se discute. Oui, mes barbotes dans le lac me manquent mais j’aime bien mon rituel d’écriture « enroulée dans un châle avec une boisson chaude en écoutant des sons de feu de cheminée ». Je fais vraiment ça. Oui, la petite brise caressante qui sent les fleurs me manque. Mais regarde comme la nature est belle à l’automne. Snif les glaces, youpi la soupe, etc. 

Automne au jardin public de Bordeaux

Vis ta vie maintenant

Bref, je crois que je vais me lancer un nouveau challenge de type : demain peut attendre. De toute façon, j’ai beau essayer d’anticiper, l’imprévu vient toujours mettre le dawa. 


* En vrai, depuis que j’ai écrit cette phrase, j’ai découvert qu’il y avait des racines qui s’étaient développé donc il semble que je sois en train de donner la vie à des citronniers. 

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