Faudrait voir à pas réécrire l’histoire

Faudrait voir à pas réécrire l’histoire

Je ne parle pas ici d’histoire avec un grand H mais bien de la petite histoire, de l’histoire personnelle. Mon histoire, votre histoire. Car voici encore un de mes grands talents tout nul et qui me pourrit bien la psyché. Je passe mon temps à réécrire l’histoire de ma vie. En me donnant le mauvais rôle. Ah bah oui, sinon, ce ne serait pas si grave. Car j’en viens à me dire que je suis coupable de choses que j’ai subies, patiner les comportements problématiques. Une sorte de résilience moisie.

Réécrire l'histoire
(c) Eugene Chystiakov

La patine du passé me fait oublier le pire

Comme annoncé précédemment, je démantèle petit à petit mon blog originel, gardant quelques articles qui me paraissent intéressants. Notamment mes journaux de démissionnaire car ça a déraillé très tôt dans ma carrière. Dès mon deuxième CDI, en fait. Toute une série de vexations et de rabaissements parfois à la limite de la cruauté. En me relisant, j’ai eu un grand élan de compassion pour mon moi du passé, petite fille naïve qui ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait. T’étais tellement loin du pire, meuf… 

Je pensais m’être précipitée mais à bien y regarder…

Sauf que dans mon narratif actuel… enfin ma réécriture, plutôt, j’ai merdé en me barrant aussi vite de TGPP. Surtout que j’ai quitté cette entreprise pour pire, pour la régie qui m’a fait goûter les anxiolytiques. Jusqu’à récemment, j’étais vraiment convaincue de ça. Le péché originel venait de moi alors que… ben non. J’ai légitimement cherché à me barrer d’une boîte qui alternait  entre mise au placard et crachat gratis au visage. De la part de gens qui n’avaient pas bossé avec moi mais qui ne le voulaient pas car ils ne m’avaient pas recrutée. C’était normal de vouloir partir. Je valais mieux que ça. 

Je mérite mieux que ça
(c) Jared Subia

Miss caprice change de job

Sauf qu’à réécrire l’histoire, je finis par me définir comme une meuf capricieuse qui quitte une boîte à la première contrariété. Ça m’a bouffé les nerfs durant tout mon arrêt maladie. J’en venais même à avoir un peu de tendresse pour mon ex boîte pas si pire. Oh vraiment, meuf? La boîte qui t’a embauchée en « omettant » de virer le mec que tu remplaçais et qui t’as en plus demandé de mentir. Si tu veux te flageller, à la limite, ce serait plutôt d’avoir accepté ça. Et pour le coup, là, je culpabilise pas : j’ai serré les fesses pendant à peine plus d’un an car : Bordeaux. Je n’ai aucun regret. 

Réécrire toute sa vie

Je pourrais faire la même avec ma vie amoureuse. Bon, ayant trouvé un compagnon fort satisfaisant, je ne me penche plus vraiment sur mes péripéties amoureuses. Aucune réécriture de l’histoire. Aujourd’hui. Par contre, j’ai droit à quelques rétro-éclairages surprenants en me penchant sur la question des relations hommes-femmes et des red flags. Genre réaliser 16 ans après qu’une historiette qui avait bien laminé le peu de confiance en moi et avait fait bien des ravages… Bah c’était un classic shit à base de manipulateur classique à base de “mon ex est folle” ou encore “bien sûr que je l’ai quittée pour toi” (non). J’avais pas les outils à l’époque. A un moment, sur mon blog, j’écrivais des “lettres au moi d’avant”, j’ai un peu envie de reprendre parfois. Et la lettre au moi d’avant sur cette histoire-là, elle aurait été un peu épicée, je pense. Bref, cette histoire, elle ne me sert plus à rien. Je n’ai pas besoin de la réécrire ou de la réanalyser mais ça permet de se souvenir qu’on ne voit pas les red flags si on ne sait pas les identifier. Alors que “mon ex est folle”, il est dans le top 3… 

"Mon ex est folle"
(c) Molly Blackbird

Entre réécriture de l’histoire et ressentiment

C’est toujours difficile d’avoir un rétro-éclairage objectif, en vérité. Etait-ce moi, était-ce lui ou elle ? Etaient-ce les circonstances ? Je vous dirais bien de laisser le passé là où il est mais… alors pour une part, oui. Quand on parle de réécrire l’histoire, y a cette tendance que j’ai à culpabiliser petit à petit pour rien. De trouver acceptable ce qui ne l’était absolument pas. Evidemment que tu as bien fait de quitter une boîte qui t’a méprisée, rabaissée, voire t’a fait tomber dans le lexomil. Oui, tu t’es précipitée sur la première boîte qui t’a dit oui pour te tirer de là, ignorant parfois les red flags mais… tu n’avais pas le luxe d’attendre, en fait. Mais y a aussi la réécriture en mode “mais j’aurais trop dû dire ci ou faire ça” qui est sans doute la pire des réécritures car elle te fait bien mariner dans ton aigreur. J’ai écrit un article sur le ressentiment, c’est 100% ça. Vous n’imaginez pas, à chaque fois que je galère avec Pôle Emploi, je me dis que j’aurais dû faire un abandon de poste dans mon dernier taf. Laisser mon ordi sur place un vendredi soir et ne plus jamais revenir. Bon, le monde du marketing bordelais étant petit, je pense que ça aurait été bien pire que se chamailler avec Pôle Emploi. Je rêve de sortir ces quatre vérités à mon ex-DG. A mon ex-PDG de la boîte d’avant. A l’effroyable Vanessa. J’aurais dû, j’aurais fait…

Le passé est une bonne ressource si on l’utilise bien

Sauf que non. Comme dirait ma coach emploi : ça, ça ne sert à rien. Non seulement je ne changerai pas ce qu’il s’est passé mais à part me faire mariner les tuyaux dans l’aigreur, je ne récolterai rien. Par contre, le passé nous sert de leçon, à partir du moment où on ne réécrit pas ce qu’il s’est passé. A aucun moment, je n’ai quitté un job par caprice et vraiment, je suis contente d’avoir gardé trace de ces mésaventures. Car je ne me souvenais pas de l’amas d’humiliation subi chez TGGP. Je me souvenais de quelques épisodes mais pas de tout. Je n’ai peut-être pas choisi judicieusement les postes suivants mais quand on est dans la fuite, on fait ce qu’on peut. Maintenant, je commence à avoir ma petite liste de red flag et cette fois-ci, je n’ai pas d’urgence à trouver un taf donc on va pouvoir choisir judicieusement. Poser les conditions. M’assurer que je suis au bon endroit et que je vais pas remettre mon CV à jour au bout de six mois car ça commence à me saouler un peu.  

Réécrire l'histoire
(c) Scott Graham

Sois factuelle

Reste factuelle avec toi-même, ça ira mieux. Et d’ailleurs on reparlera de ça dans mes résolutions pour 2023. 

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