Se réapproprier le bien-être, loin des prêchi-préchas

Se réapproprier le bien-être, loin des prêchi-préchas

Rentrée oblige, je furète à la recherche d’inspirations activités extra-professionnelles. Faire du sport, de l’artistique… ? Je veux tout faire ! Alors que je n’ai pas encore pris de décision, voici que je vois passer sur le groupe Facebook du quartier un message d’un coach sportif qui propose un cours d’essai de cours fitness dans le quartier. Génial ! Je m’inscris donc et zieute le lieu “une maison de bien-être holistique”. Aïe… Ca va encore partir sur du paramédical et ça va me fatiguer. Parce que j’aimerais bien pouvoir prendre mon bien-être en main sans patauger dans des préchi-préchas qui me dérangent.

Soigner son bien-être
(c) Nature zen

Des squats à la psychologie énergétique

Le cours d’essai s’est bien passé et le lieu est superbe. C’est vrai que ça donne envie. Je discute un peu avec des personnes présentes et ça commence à piquer un peu. Je ne me souviens pas de tout mais il était question de stage de numérologie, de psychologue énérgéticienne ou je ne sais plus quoi. Non mais je suis juste venue faire des squats, moi, à la base… Je tique. En vrai, j’ai l’impression que c’est toujours la même histoire. Dès que tu veux te faire du bien, les discours new age ne sont jamais bien loin. Et j’ai trop écouté Meta de choc pour ne pas ressentir une certaine angoisse.

Combler un besoin

A la base, j’ai rien contre le “holistique”, dirons-nous. Tant que ça fait du bien… J’ai moi-même tenté des trucs du genre. Osthéo, naturopathe, hypnothérapeute. Je me questionne même sur l’intérêt de l’auto-hypnose pour calmer un peu mes angoisses. Genre arrêter de faire du vélo le cul serré parce que je suis tombée deux fois et jamais deux sans trois. Mais si je suis allée voir ces personnes, c’est pas tant par pure croyance. C’était soit par curiosité (osthéo), soit parce que j’étais à un moment dans ma vie où j’avais besoin d’un peu de soutien et que j’osais pas aller chez un·e psy. Quand je faisais mon bilan de compétence, je me suis posée la question d’aller vers une de ses pratiques. Enfin, plutôt l’hypnothérapie pour ce côté “en vrai, parle-moi, ça te fera du bien”. Puis je me suis souvenue que j’étais empathique et qu’au bout de trois client·es à l’histoire compliquée, j’allais partir en burn-out.

Très vite se bâtit un système de croyance

Sauf que pour avoir traîné assez proche de ses sphères pendant des années, j’ai remarqué qu’un système de croyance finit par se créer et devient limite dangereux pour la santé. Ou comment passer d’un “je fais mon déo moi-même à cause des sels d’aluminium” à “jamais de la vie je ne me ferai vacciner, big pharma, bla bla bla”. Moi, je trouve ça chouette, à la base, de fabriquer ses propres cosmétiques. Et oui, je sais que l’industrie du médicament n’est pas toujours vertueuse. Mais c’est un tout. Je suis toujours sidérée de voir à quelle vitesse on passe du “je veux prendre soin de moi” à “tu devrais pas prendre de jus d’orange le matin, c’est cancérigène”. Passer de “je veux un régime sain” à “je fais un jeûne pour me guérir”. Je vous jure, quand j’ai lu des gens qui faisaient un jeûne sec pour se guérir du Covid, j’ai failli vriller. Ah oui, ne pas boire alors que t’as de la fièvre, ça me paraît une super idée… Et je vais passer sur les dérives sectaires. Allez écouter Meta de choc, vraiment.

Un jeûne sec pour se soigner
(c) Tim Cooper

Soigner nos pathologies mystérieuses

J’aimerais qu’on replace le bien-être dans une sphère plus rigoureuse. Faut dire que la “science” a toujours un côté très condescendant vis-à-vis de tout ce qui a trait au bien-être. Et cette condescendance est un allié de poids pour nous faire basculer dans le prêchi-prêcha. Prenons mon cas : j’ai un problème au ventre. Au côlon, plus précisément. C’est sous contrôle globalement mais j’ai des épisodes de grosses douleurs avec fièvre, c’est un peu handicapant. Le corps médical est moyen inspiré par mon histoire. Une gastro avait décrété que c’était le stress. Alors je veux bien mais à un moment, j’ai déménagé, changé trois fois de job, j’ai même été au chômage… Je ne pense pas être over stressed en permanence. Surtout qu’elle a elle-même admis que j’avais un dolichocôlon donc… Et franchement, c’est chaud à gérer, cette histoire. Parce que j’ai voulu faire “mes propres recherches”, comme on dit et on tombe tellement vite sur tout et n’importe quoi. J’ai envisagé un Crohn, une endométriose digestive, des trucs que tu sais même pas si c’est un vrai trouble ou juste un truc pour te vendre des compléments alimentaires. Bon, avec ma mère, vu qu’on est de la même team “ventre nul”, on enquête en parallèle et on se dirige vers un Sibo. Mais du coup, mon ventre, j’ai cherché des solutions. Le jeûne notamment, me paraissait une bonne idée. Vu que mes tuyaux sont capricieux, autant moins les solliciter. Je me suis inscrite sur un groupe de jeûne sur Facebook. J’y ai lu beaucoup de conneries (notamment l’histoire du jeûne sec pour le covid) et je suis partie en courant. Finalement, le remède le plus efficace à mes problèmes semble être… l’eau gazeuse. Bien fraîche, avec un trait de citron pour le goût, c’est un remède fort appréciable.

Des rythmes de vie qui nous veulent du mal

Nos rythmes de vie actuels et notre alimentation ne sont pas tendres avec nos corps. Grande sédentarité, sommeil menacé par le bruit et la lumière bleue, stress souvent absurde, plats hyper transformés saturés en sel, sucre… Ah oui, vous allez me dire que sur ces derniers points, y a qu’à faire de la popote maison. Je suis d’accord mais on va pas se mentir : tout le monde n’a pas le temps ou l’énergie. Et puis pardon mais moi, j’ai grandi dans les années 80 où les plats prêts, c’était la libération de la ménagère, à peu près. En repassant à cinq jours de présentiel au travail, je me rends compte que les petits plats maison, c’est une noble ambition mais assez chronophage. Bref, on se mange H24 des injonctions à prendre soin de nous, à manger, bouger, etc. Les médecins ne sont pas toujours empathiques sur ces points d’ailleurs. Y a qu’à bouger et manger des légumes et tout rentrera dans l’ordre. Même pour des pathologies pas liées au poids, d’ailleurs. Ah bah si “y a qu’à”, si on n’y arrive pas, c’est bien que nous sommes de sombres merdes.

Diète
(c) pickled Stardust

Soigner nos petits tracas

Et c’est là que le bât blesse. Nos corps se ramassent des tas de petits traumatismes et détraquements qui n’intéressent pas forcément la Médecine (majuscule) voire est niée par elle. il est facile de se moquer de tous ceux qui tombent dans la paramédecine and co mais si on prend l’exemple de l’endométriose qui vient à peine d’être reconnue comme maladieEnviron 10% des femmes sont touchées mais beaucoup d’entre elles ont eu droit à des “oui bah les règles, ça fait mal, c’est bon. Douillette, va !”. Même sans aller jusque là, on a le droit de vouloir prendre en main ces petits malaises, ces petits inconforts pas grave mais pénibles. Ces petits riens qui ne méritent pas une visite chez le médecin mais dès qu’on va faire nos propres recherches, quelle angoisse. Bon, déjà, un lien sur deux va vous diagnostiquer un cancer ou je ne sais quoi. Mais surtout, on bascule tellement vite dans la charlatanisme. Mais comment peut-il en être autrement quand la Médecine ou la Science s’intéressent si peu à cette foule de tracas ou de sensations de mal-être

Arrêtons d’abandonner le terrain

Il faut réinvestir ces sphères. C’est une question de santé publique, déjà. Il y a quand même des gens qui meurent à cause de ces paramédecines, hein. Déjà, changer de ton serait une bonne idée. On n’a jamais convaincu personne en parlant avec condescendance voire mépris. Oui, vous avez le savoir et c’est très bien mais pas la peine de clasher violemment une personne qui prend de l’homéopathie, par exemple, parce qu’on lui en donne depuis l’enfance et qu’iel n’a jamais questionné ça. Toute cette paramédecine répond à un besoin autre. Celui d’être considéré dans sa souffrance, pour commencer. Et tant que la question du bien-être ne sera pas prise au sérieux, on va continuer à avoir des histoires de personnes gravement malades mortes pour avoir essayé de se soigner par le jeûne ou en se gavant de fruits du jacquier. Déjà, je trouve les jeunes médecins beaucoup plus empathiques, moins jugeants et condescendants. Le début de la solution ?

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