Lâchez notre IMC à la fin

La semaine dernière, je prêchais pour le choix du bon exercice physique : celui qui fait du bien. Ce qui, à l’ère du culte de la performance, n’est pas si simple à gérer. Je veux dire comment me la péter grave sur Strava avec mes stats ? Ah oui, je ne cours pas donc j’en ai pas, ahah. Culte de la performance où l’on doit aller toujours le plus vite, soulever le plus lourd, etc. Mais aussi culte du corps avec une obsession pour notre IMC ou du moins sur notre silhouette. Surtout celle des femmes. Lâchez nos bourrelets.

On dit souvent n’importe quoi en matière de minceur

Avant de poursuivre, quelques points à retenir :

La minceur n’est pas synonyme de bonne santé

Déjà les silhouettes que l’on nous vend comme idéales sont souvent maigres, au sens médical du terme. Mais bon, l’IMC, apparemment, il n’inquiète que s’il est trop haut. Une étude récente a démontré qu’il valait mieux être en surpoids et actif que mince mais sédentaire. Hé oui, on n’a pas tous et toutes la même morphologie et certaines personnes sont minces sans effort. Et parfois, les personnes naturellement minces mangent atrocement mal et ne font aucun sport mais elles sont minces alors ça va. Pire, les filles minces doivent se mettre en scène en plein acte de gourmandise. Cf le témoignage de Betty Autier qui faisait semblant de manger gras sur ses photos d’influenceuses. En même temps, une femme qui a de la visibilité sur Internet va forcément se prendre des commentaires sur son poids. 

Le poids et l’IMC ne sont que des données chiffrées qui ont les valeurs qu’on leur donne

Récemment, j’ai vu une vidéo nase d’un mec à qui on demande “physiquement, c’est un 10 mais elle pèse plus de 70 kg” et le mec en face qui ressemble à une vieille éponge abandonnée sur le bord de l’évier “ah bah zéro, j’aime pas les grosses”. Dans mes jeunes années, le poids de la honte pour une femme, c’était 60 kg. Alors on va poser un truc pour situer. Je fais 1m56 donc un IMC normal pour quelqu’un de ma taille se situe entre 49 et 61 kilos. A 61 kilos, donc au-dessus de 60, j’ai un IMC normal. Si on considère que dans les groupes que je fréquente, je suis généralement la plus petite. Ca pose une info. Même si l’MC, c’est discutable, je pose juste ça là. De la même façon, 70 kg ne signifie pas qu’une femme est en surpoids. Surtout si elle est grande et/ou musclée. Ce chiffre n’a aucun sens. Et de façon générale, j’ai l’impression qu’on sous-évalue toujours le poids des femmes.

L’IMC, un calcul simpliste et imparfait

Et qui n’avait pas, pour origine, de vocation médicale, dont les seuils ont évolué depuis sa popularisation. Il ne prend pas en considération les différentes masses corporelles, ne fait pas de différence entre hommes et femmes… Bref, petit article détaillé sur le sujet.

Te faire culpabiliser sur ton poids pour te vendre des méthodes minceur

Mais régulièrement, je vois des “coachs” sans doute autoproclamés qui disent que quand même, l’IMC, c’est à surveiller pour éviter le surpoids. Lisez surpoids avec une musique un peu dramatique. Alors j’ai déjà cité un article nuançant la “gravité” du surpoids mais surtout, n’oublions pas qui parle : quelqu’un qui a quelque chose à vous vendre. La bagarre contre le surpoids. Surpoids, pas obésité. Pourquoi ? Parce qu’avoir beaucoup de kilos à perdre va plutôt fournir une clientèle à des médecins, pas à des “coachs”. Alors que lutter contre le bourrelet récalcitrant, le bidou vilain, les cuisses molles ou les fesses basses, c’est pile leur rayon. Shake ton booty pour obtenir le cul de Lara Croft ou de… je sais pas qui est la modèle fesses en vogue actuellement. 

Les coachs ne veulent pas coacher ma détente

Mois d’août, je vais dans une salle de sport à côté de chez moi pour m’inscrire. Je tombe sur une stagiaire qui sait pas trop mais qui m’enchaîne “mais moi, je suis coach stagiaire, je peux vous suivre. C’est quoi votre objectif ?”. Moi, un peu perplexe “heu, évacuer le stress et bien dormir ?”. Ah bah manifestement, ce projet n’a pas eu l’air de l’intéresser. Elle m’a proposé de revenir une autre fois, quand un titulaire serait là. Alors je n’en veux pas à cette personne là puisqu’en tant que stagiaire, elle n’avait peut-être pas les outils pour proposer autre chose que de la perte de poids ou de la prise de masse. Des objectifs valables au demeurant, chacun ses raisons de se dépenser. D’ailleurs,  c’est étrange cette histoire de perte de poids puisque quand tu te mets au sport, potentiellement, tu en prends. Mais peu importe, les coachs, ils sont là pour te façonner le corps, apparemment. Le reste, démerde-toi.

Le sport a tant d’objectifs possibles, pourquoi se limiter à la silhouette ?

Alors qu’on est nombreux à vouloir faire du sport pour se défouler, évacuer les tensions et les toxines. Je fais du sport parce que dans les périodes où je n’en fais pas ou peu, j’ai peu d’énergie et en même temps, je dors mal. Même pas à cause de pensées parasites. Juste j’ai sommeil mais mon corps ne s’est pas assez dépensé. Dès que je remets un peu de sport dans l’équation, ça va de suite mieux. Donc c’est juste ça que je cherche et apparemment, il n’y a pas de programme associé alors que…Pardon mais ça cartonnerait. Imaginez un coach sportif qui adapte vos entraînements à vos besoins du moment. Un peu trop de stress ? Pars au stretching ou yoga puis du cardio pour te fatiguer un peu. De la colère ? Va te défouler un bon coup en aquaboxing. Un week-end randonnée ou vélo de prévu et tu as peur de ne pas tenir la distance. On va travailler ça. En vrai, le sport peut répondre à tellement de problématiques, pourquoi toujours limiter ça à la silhouette et à la maîtrise de notre IMC. IMC qui n’est pas recommandé de surveiller pour les personnes sportives. La preuve qu’on est prêt à te vendre n’importe quoi.

Oui, ton corps va changer

Alors oui, si tu fais du sport régulièrement, ton corps va changer. Moi-même, j’ai commandé deux jeans dans ma taille habituelle il y a dix jours et, surprise, ils sont un peu trop grands. Ce qui ne me fait pas particulièrement plaisir vu que je les voulais en mode skinny. Et je me sens mieux dans mon corps depuis que je suis tombée en amour avec l’aquagym. J’ai l’impression de plus de fermeté… et peut-être que c’est faux. Là encore, ce qui compte, ce n’est pas le poids sur votre balance ou votre calcul IMC mais la sensation. Mon corps est dynamique, je suis à l’aise dans mes vêtements, y compris ce jean ultra-rigide que j’arrivais pas à fermer il y a un an et demi. J’ai même essayé de le remettre en rentrant du ski après une raclette gargantuesque et… oui, ça ferme toujours et j’arrive à respirer. Peut-être que je serais déçue en montant sur une balance mais comme je n’ai pas voulu “d’objectif chiffré”. Surtout que je vois pas comment déterminer un nombre de kilos à perdre juste au doigt mouillé. En calculant mon IMC ? Tu veux dire celui qui ne prend pas en compte mes masses osseuses, graisseuses et musculaires ? Celui qui ne prend en compte ni mon sexe, ni mon âge, ni mon métabolisme ? Bof, bof.

Mon poids idéal ? Celui qui me permet de faire ce que je veux

Bref, amis “coachs”, changez votre fusil d’épaule. Plutôt que de nous imposer un objectif chiffré sur notre pratique, axez sur les bienfaits attendus. Tant pis si mon IMC est flingax, il n’est de toute façon pas synonyme de bonne santé. Et pas que pour ceux qui sont au-delà du fatidique 25. J’avais une amie, son IMC était très bas mais c’était simplement sa morphologie, elle était très menue. Mais elle n’était pas en régime strict et était en bonne forme. Juste naturellement menue. Et puis ces notions de poids idéal, c’est tellement subjectif. Je ne suis pas actrice ou mannequin donc mon poids idéal, c’est juste celui qui me permet de faire ce que j’ai envie de faire sans galérer. Mon poids actuel me permet de marcher, faire du vélo, monter les escaliers sans difficulté. C’est bien tout ce qui importe. 

Soigner l’âme par l’exercice

Moralité : nous ne sommes pas des chiffres, surtout des chiffres aussi flingués que l’IMC. Et si vous trouvez des coachs sportifs qui utilisent le sport pour soigner l’âme et pas juste faire apparaître le bon chiffre sur la balance, je veux bien les suivre. 

PS : j’ai utilisé pas mal de guillemets autour du mot coach car sur les réseaux sociaux, la plupart des coachs qui ont des takes pétés sur le poids, la minceur, les dangers du surpoids sont autant coachs que moi tradeuse. De la flûte.