Mince, serais-je addict au sport ?

Mince, serais-je addict au sport ?

Ou comment on se questionne plus sur le comportement des autres que le sien ou à peu près. Cet article ne va pas du tout parler du côté négatif de l’addiction au sport, j’ai envie de parler ça avec grande légèreté. C’est à dire parler de cette partie Lune de Miel du sport. Quand tu es sorti de la période un peu galère et que tu apprécies les effets sur ton corps.

Trio de silhouette en train de faire du running - addict au sport
(c) Fitsum Admasu

Début janvier, 18h45. Me voici à récupérer mon vélo. Il pleut, il fait froid, j’ai le seum. Mais je me dis qu’au moins, j’aurai pas de joggers sur la route. Raté ! Faut dire que lors d’une tempête cet automne, alors que je me demandais si j’allais mourir noyée sur mon vélo, j’ai croisé des joggers. J’en ai même entendu un dire “tu vois, on a bien fait de sortir.” Vous déraisonnez, monsieur ! Alors pour répondre à “mais t’as quoi contre les joggers ?”. Rien en soi sauf qu’ils aiment bien courir sur les pistes cyclables sans lumières et en tournant le dos aux cyclistes. Et parfois, on a droit à un duo côte-à-côte. Même si mes Némésis absolus, c’est le duo jogger-vélo. 

Ce soir-là, je suis rentrée chez moi trempée, glacée mais surtout pleine d’interrogation. Comment t’es tellement addict au jogging que tu sors sous une pluie glacée ? Non parce que courir sous la pluie en été alors qu’il a fait chaud, je l’ai. Mais là, quel plaisir tu prends ? Peut-être que les runners aiment souffrir et je ne comprends pas leur délire car je n’apprécie pas la douleur. Et encore moins la sensation de froid. Ca m’a pas mal turlupinée et pendant un temps, je me suis vraiment questionnée sur la course à pieds. Pourquoi des gens normalement constitués iraient volontairement se les geler pour pratiquer un sport. Moi qui n’ai jamais aimé courir, je passe à côté de quoi ?

Courir sous la pluie
(c) Oscar Söderlund

Et puis, j’ai remarqué que depuis quelques semaines, je m’organisais pas mal pour aller un maximum au sport. Pas la course à pieds, non. J’ai beau dire tout le temps qu’il faudrait que je m’y mette “pour voir”. Un peu par défi personnel. Pour prouver à l’ado qui sommeille toujours en moi que j’en suis autant capable que les autres. Parce que tout le truc est là : je ne suis pas sûre d’être suffisamment endurante. Enfin : je ne suis pas sûre de gérer suffisamment bien ma respiration pour tenir. Je me dis régulièrement que je pourrais aller courir autour du lac mais dès qu’il fait beau, il y a du monde. Et quand il pleut, il y a des flaques et de la boue. J’ai des stades à proximité de chez moi aussi. Au pluriel, oui. Le souci, c’est que si je me mets sur la piste avec des gens qui courent vite, je vais les gêner. Et si je suis nulle, je ne pourrai pas me cacher dans un buisson… 

Depuis septembre, je me suis inscrite à une salle de sport où je fais de l’aquagym. Objectif initial : y aller deux fois par semaine. Là, je commence à taquiner les quatre par semaine et je pense finir à cinq ou six. Ce qui ne fait que 3h45 ou 4h30 en tout. Ca peut sembler peu pour les vrais addicts au sport. Mais hé, il faut que je travaille aussi. Et puis si on rajoute mes petits trajets en vélo à droite, à gauche, ma volonté de reprendre la marche en complément de l’écriture. Oui, la marche, c’est pas pour faire du sport, c’est pour réfléchir à ce que j’écris. Bon, bref, plus ça va, plus j’ai envie d’y aller.

Les délices du sport dans l'eau
(c) Camila Cordeiro

Cette semaine, je n’ai pu y aller que deux fois, vendredi et samedi. Parce que le double cours du mardi, entre la comédie musicale et la trouzaine de rendez-vous médicaux… J’ai du mal à y aller. La vie… Vraiment, vendredi, pendant que je courais dans l’eau ou que je regardais mes pieds vernis durant les exercices d’abdos, je me réjouissais. Oui, vous savez, je suis une personne qui se contente beaucoup. Qui pense souvent “ah, là, je suis bien” quand c’est le cas, voire “ma vie est trop bien”. Ca, c’est un peu le miracle de l’aquagym, quand même, penser que ma vie est cool en pleine séance d’abdos. Samedi, alors que je sautais en rythme, des boudins en mousse attachés à mes chevilles, je réfléchissais à mon emploi du temps pour caler un max de cours semaine prochaine et… Damned, ça y est, je suis addict.

Alors je vais quand même relativiser. De un, mon “addiction” est suffisamment relative pour ne pas avoir réussi à me motiver vendredi soir. C’est pourtant mon cours pref’ de tous car on est peu et parfois, la prof nous fait utiliser les vélos. C’est aussi l’un des cours qui me claque le plus. Avec l’aquaboxe du mardi que je peux quasi jamais faire. Et le retour en vélo le vendredi après 20h dans mon quartier résidentiel où il ne se passe déjà plus rien m’apporte une certaine paix de l’âme. Et une certaine sérénité vu que j’ai plus de jambes et que je peux pas tracer. Mais surtout, cette nouvelle addiction au sport n’est qu’un énième symptôme de ma tendance à vouloir tout faire.

une femme jongle au crépuscule
(c) Peggy Anke

Illustration : samedi, je suis allée à la bibliothèque. En ce moment, je lis relativement peu. Mon livre sur tablette ne me passionne pas voire m’agace un peu. Idem pour mon livre audio où je me retrouve à nouveau avec un roman où la principale caractéristique de l’héroïne, c’est d’être belle. Et ça me saoule. Ah bah elle aurait été moche, le roman se serait arrêté au bout de 20 pages vu que c’est grâce à sa beauté qu’elle est sauvée. Seul le livre papier sauve le tout mais vu que le soir, je m’endors en 2×2… Et donc, dans ce temple de savoir, de littérature et de mots imprimés sur du papier, je me dis “il faut que je me dégage du temps pour lire”. Il faut que je m’organise pour m’adonner à ce loisir. Ah bah comme le sport un peu plus haut ?

Parce que la vérité est là. Je suis inconstante parce que j’ai toujours une occupation dominante dans ma vie. En ce moment, c’est l’écriture et le sport, donc. Mais demain, je vais peut-être basculer sur la lecture et le tricot ou le Powerpoint Art et abandonner totalement l’écriture. Le sport non parce qu’il y a un investissement financier. Mais je serai capable de passer de six à deux séances parce que je fais autre chose de mon temps. Et d’ailleurs, ces joggeurs que je croise la nuit sur mes pistes cyclables, ce sont peut-être juste des gens comme moi. Pas des addicts mais juste des néophytes qui sont en plein investissement sur cette activité. S’il le faut, dans un mois ou deux, ces mêmes gens ne chausseront plus les baskets quel que soit le temps.

Peut-être qu’on est juste en plein syndrome du Shiny object et si je trouve ces joggers drôlement bien équipés, c’est juste parce qu’ils ont investi dans du matos histoire de se motiver. Je veux dire quitte à dépenser 150 boules dans une tenue de sport et de supers baskets, autant s’en servir un peu. Je rajouterais que quitte à investir : choisissez des tenues claires et/ou colorées et un système d’éclairage quand vous partez courir après le crépuscule sur des pistes cyclables, merci. Peut-être que moi aussi, si je me mets à courir, je vais être à fond les premières semaines, y aller peu importe le temps… J’ai du mal à y croire parce que même marcher sous la pluie me tend mais pourquoi pas. 

Marcher sous la pluie
(c) Gil Ribeiro

En attendant, je vais pas tarder à investir dans des chaussons de piscine, moi. Tant pis pour la vue sur mes orteils vernis. 

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