C’est pas une vie

C’est pas une vie

Pensée que j’ai littéralement eue mercredi au petit-déjeuner, alors que je m’apprêtais à partir au travail. Faut dire qu’en ce moment, je croule sous le travail à un niveau absurde. Heureusement que j’ai pris mon vendredi pour marcher pour nos droits. Mais revenons à cette pensée qui sonne un peu “vieille dame” quand même. “C’est pas une vie”. Ok mais c’est quoi la vie, du coup ? Est-ce que cette phrase, au fond, ce n’est pas un pur mensonge ?

C'est pas une vie ou la grande fatigue
(c) Dmitry Schemelev

Une fatigue qui s’explique

Naturellement, je n’aime pas le mois de mars. Ou plutôt “je n’aime pas le début du mois de mars parce que c’est la fin de l’hiver et je commence à sérieusement saturer”. De la même façon que je n’aime pas décembre parce qu’il fait nuit tout le temps et que la moindre contrariété prend des proportions gigantesques. Bref, je suis une enfant du printemps et chaque année, je le ressens bien au moment de l’hiver. Donc oui, en ce moment, je suis fatiguée. Une fatigue saisonnière couplée à une fatigue professionnelle puisque je commence à bosser de plus en plus tôt et que je finis de plus en plus tard. Un manque de temps pour moi qui me place dans un état d’asthme mental. Et donc, mercredi matin, à l’heure de prendre mon vélo pour aller au travail alors que j’ai juste envie de partir me recoucher pour dormir jusqu’en avril, j’ai cette pensée “c’est pas une vie”.

Ma vie n’est pas différente des autres

Sauf qu’en vrai, si, c’est une vie. La mienne mais aussi celle d’environ n’importe qui, finalement. La vie est rarement satisfaisante quand on y pense. Dans mon cas, c’est la fatigue qui m’a inspiré cette pensée. Fatigue essentiellement due au fait que je me suis rendormie après le premier réveil. Et quand le second a sonné, je ne savais plus où j’habitais. Fatigue due au fait que je ne suis définitivement pas une morning person, malgré mes rêves les plus fous. Fatigue aussi due au fait que je me suis couchée tard la veille car je voulais publier un article sur mon blog et écrire mes 850 mots par jour. Et me laver aussi parce que j’aime bien sentir bon. Bref, oui, ma vie est tendue en ce moment mais y a rien de grave. La fatigue, c’est le quotidien d’environ tout le monde et c’est pas une fatigue remarquable. Elle ne m’empêche pas de réfléchir ou elle ne nuit pas à ma santé, mon moral. La fatigue, ça fait partie de la vie.

Fatigue quotidienne
(c) Serhat Beyazkaya

Les matins ronchons, notre quotidien à tous

Et le travail ? C’est vrai qu’une fois de plus, j’ai pas de bol. Assez massif ce pas de bol là puisque j’ai accepté ce job en pensant arriver dans une boîte bienveillante. Et c’était le cas, quand je suis arrivée. A ce moment là, il n’y avait aucun rachat de prévu. J’ai choisi sans ignorer de red flag mais coup du sort. Sauf que là, encore, les coups du sort ne me sont pas uniquement réservés. Certes, je trouve que j’ai une déveine insensée sur le sujet mais qui se lève tous les matins en chantant la vie à l’idée d’aller travailler ? Même les métiers passion, y a des matins où bof. Le fait de se lever un peu ronchonne, un peu claquée, pas motivée, c’est pas une vie. Sauf que c’est la vie de tout le monde.

Un business sur nos spleens

Connaissez-vous les préceptes de la scientologie ? Bon, c’est une histoire cheloue à base d’âmes qui ont voyagé dans l’espace après une guerre intersidérale et qui se réincarne dans quelques uns d’entre nous. Et oui, peut-être que toi, derrière ton écran, ton âme a voyagé à travers l’univers sur une météorite. Excitant quand on y pense. Sauf que ton âme, elle est nostalgique de cette lointaine planète qui était vraiment super. Avant la guerre totale, je veux dire. Du coup, tu as une tristesse, un vague-à-l-âme que tu comprends peu. Et voilà comment une secte utilisent nos spleens pour recruter ses membres. C’est aussi toute la base même du développement personnel. Mince, ma vie n’est pas parfaite, que puis-je faire ? Me lever à 6h du matin pour méditer et écrire des jolies phrases dans un cahier ? Pourquoi pas, si ça te fait du bien. Mais me lever à 6h n’aurait pas empêché le rachat de ma boîte par exemple.

Le morning miracle ne règle pas les problèmes

La vie, c’est fatigant, parfois

On a tous envie d’une vie chouette, expurgée tant que faire se peut des contrariétés du quotidien. De la fatigue, pour ma part. Je déteste la fatigue et ça pourrait être une chouette résolution d’anniversaire de l’accepter un peu. C’est normal d’être fatiguée. Regardez Gabriel Attal : le mec se vante de dormir 4h par nuit mais il a visuellement pris dix ans en seulement deux mois de Prime-ministériat. Ce mec est vraiment la meilleure pub pour les nuits d’à minima 7 heures. C’est pas une vie d’être fatiguée mais c’est juste la réalité de tous. Tu auras beau prendre des cafés, faire du sport ou des petites béquilles chimiques, tu peux pas aller éternellement au-delà des limites de ton corps. Oui, il y a des périodes intenses où tu n’as plus de temps pour toi mais… c’est la vie, justement.  

La vie ordinaire mais plus proche de la mer

J’en viens à penser que le pire poison pour notre génération, et encore plus pour celle qui suit, c’est le mensonge qu’on nous raconte à longueur de journée. Celui qui dit que la vie peut être totalement shiny. Qu’on peut avoir un métier et un side-project. Moi, j’en rêve depuis des années de ça. Je me suis beaucoup flagellée de ne pas “en faire assez” mais comme m’a dit un jour mon hypnothérapeuthe alors que je râlais encore sur le sujet “vous êtes l’une des personnes les plus actives que je connaisse”. On nous fait croire qu’on peut avoir une belle vie 365 jours par an et que c’est juste une question de point de vue. Oui, j’ai de belles choses dans ma vie. Un mec adorable, un appart chouette à côté d’un lac qui me permet de me croire en vacances dès que je vais y faire un tour. Une vie plus douce où je me déplace en vélo, train ou tram plutôt qu’un RER qui pue la mort ou un métro avec un mec qui a visiblement pris des trucs chelous, que tout le monde évite de regarder pour pas qu’il pète un câble. Bon, ceci étant, on a la version bordelaise sauf que c’est plutôt “le mec a l’air hyper chargé et à tout moment, il vomit”. J’habite à 50 mn en TER de la mer et la pluie sent l’iode. Quitte à en chier, c’est mieux ici qu’à Paris, vraiment. Mais des fois, le matin, je me réveille mal et je me dis “c’est pas une vie”. Sauf qu’en vrai, c’est la vie d’à peu près tout le monde. Et encore, moi, j’ai pas de gamins.

Pluie sur le bassin d'Arcachon

Vivement le printemps !

Bref, vivement qu’on rentre vraiment dans le printemps car là, je vais danser la vie et si je détesterai toujours autant mon nouveau PDG, je le ferai dans une subtile odeur de fleurs. Parce que oui, ça sent aussi les fleurs, dans le coin. 

 

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