La superstition positive

La superstition positive

Oui, je crois à la superstition positive ! Rejoignez-moi et ensemble, cultivons les trèfles ! Vendredi, nous étions le 13. Oh, un vendredi 13, chouette ! Par deux fois dans ma carrière, un vendredi 13 m’a apporté la bonne nouvelle : j’avais décroché un CDI ! Et qu’est-ce que je fais en ce moment ? Je cherche un emploi ! Alors bon, le CDI tombé du ciel, j’y croyais moyen. Mais une bonne nouvelle, j’avais envie ! Du coup, quel bon sujet d’article que voici.

Trèfle et superstition
(c) Yan Ming

J’aimerais être cartésienne

En vérité, je n’aime pas beaucoup les superstitions et autres petites croyances alors que j’en ai un bon paquet. Je ne me réjouis pas d’un truc tant que ce n’est pas acté de peur de me porter la poisse. Voire je n’en parle carrément pas. Ou mon petit préféré : je ne pense pas du mal des gens sinon il va m’arriver un truc. Genre tomber ou me taper la honte. Ca a dû arriver une fois et j’en ai fait une règle. Quand je dis pas de mal des gens, c’est genre dans le métro, quand quelqu’un marche lentement et que je m’en exaspère dans la tête genre “allez bouge, sale mollasse”. Pensez du mal d’inconnus juste parce qu’ils perturbent ton rythme de marche ou ta quiétude (de façon non excessive), ça attire la chute ou la tâche. C’est comme ça. 

Faire rentrer l’histoire dans les croyances

Et puis y a les signes, les cycles, les “étoiles alignées”, ce genre de conneries. Genre mes cycles Kitchin ou Kondatrieff. Là, je suis en plein dedans et je n’arrête pas de trouver des signes allant dans mon sens. Par exemple, je fais le parallèle avec la dynamique 2012-2013 et j’espère qu’elle va se réappliquer. Mais là, j’en rajoute une couche. Lors de nos vacances début janvier dont je vais vous parler très bientôt, nous sommes allés sur l’île du Frioul que j’adore. J’y suis allée deux fois au Frioul, par le passé. En 2009, lors de l’épisode Lexomil puis en 2012. “Ah oui, le printemps 2012, le printemps de la tempête”. Je commençais donc à pérorer en mode “oui, là, je reviens et c’est pour dire que j’ai renversé la vapeur”, ahah ! La revanche sur la vie, le meilleur de ma carrière est devant moi. Sauf que… j’ai un peu réécrit l’histoire. Quand j’y suis allée en 2012, je n’étais pas du tout dans la tempête. J’étais dans un état d’esprit tout à fait neutre. Le pire, c’est que je m’étais déjà raconté une vengeance de la vie rapport à Marseille, ahah. Pareil, dès que je postule quelque part, je me brode direct une histoire. Genre là, je suis sur un process de recrutement pour une boîte située dans le quartier de mon tout premier stage parisien. “Ahlala, signe, ce serait une boucle qui se boucle”. Oui sauf que la boucle pro parisienne qui se boucle, je l’ai déjà faite pour Epicea, en fait. 

Beauté du Frioul

 

Se rassurer dans le doute

Alors oui, on appelle ça des biais cognitifs, je connais. Je sais que mes petits calculs et mes petites histoires, parfois réécrites, ça a autant de valeur que le mouchoir dans lequel je viens de déposer le contenu de mon nez. Mais ça donne de l’élan en fait. Parce qu’une reconversion, même légère, ça fait peur. Franchement, mon moral sur le sujet fait les montagnes russes. J’ai l’impression d’avoir peu de touches. Alors oui, c’est le jeu de la recherche d’emploi. Oui, quand j’ai voulu quitter Vinyl en 2020, j’ai cherché du taf pendant exactement trois semaines avant de signer mon CDI… Chez Epicea, la boîte des enfers, là. Oui, le marché bordelais est un peu plus complexe. Oui, je n’ai officiellement pas d’expérience en tant que data analyste mais regardez ce que je faisais déjà avec juste excel et powerpoint ? Je suis stressée, voilà. Alors même que je ne suis pas si pressée. Je viens à peine de commencer à toucher mes indemnités chômage donc j’ai environ deux ans devant moi pour trouver un taf avant la coupure totale du robinet. Ca laisse le temps de voir venir. Mais voilà, j’ai même pas vraiment commencé à chercher que j’angoisse. Alors mes petites histoires, même si elles ont autant d’efficacité qu’un pansement sur une jambe de bois, ma foi…

Ok mais on reste dans le positif, sinon, on jette

Cependant, il faut rester sur une dynamique positive. La superstition positive comme je disais dans mon titre. Parce que les petits jeux de cycle et compagnie, ça peut se retourner contre nous. J’ai souvenir d’un entretien un jour de neige. En y allant, je fais coïncider d’autres pièces dans mon cerveau. Je me souviens d’un entretien un jour de neige, au mois de février tout pareil, qui avait été une perte de temps totale. Ah bah voilà, les entretiens un jour de neige, ça marche pas et puis c’est tout. Alors effectivement, ça n’a pas marché, mon profil était un peu atypique pour le poste. La femme que j’avais rencontré avait hésité mais je ne cochais pas assez de case. Rien à voir avec la neige, cependant. Bon, de toute façon, des entretiens sous la neige, surtout depuis que je vis à Bordeaux, je ne pense pas que ça se reproduise de si tôt donc… 

De la neige à Paris
Cependant, j’ai eu de la neige à Paris quand j’y suis allée en décembre

Il faut un bon mental

Mais le mental est important. Si je vais en entretien en mode “c’est foutu, la neige est dans la rue”, je me crée immédiatement un handicap. Cependant attention à l’excès inverse. Ca m’est arrivé de me planter en étant trop confiante. J’ai un projet de “calm down” en entretien, on dira. Il faut que j’y travaille et je raconterai.  Là de suite, le mental est un peu faiblard. J’ai l’impression de devoir faire un double effort pour prouver que je suis légitime à postuler à un job. Enfin, postuler, non, ça va. Je remplis un excel que je montrerai à ma conseillère Pôle Emploi donc je me contrains à postuler même si je coche pas toutes les cases. Oui, je parlerai sans doute un jour de l’autocensure que l’on s’applique un peu dans toutes les sphères de notre vie. Mais bref, mon CV a beau partir à droite à gauche, j’ai du mal à obtenir un humain pour expliquer mon parcours. Le pire, c’est que quand je le fais, mon parcours est, in fine, cohérent. La reconversion tient plus du pas de côté que de la révolution de vie. Bref, je vais pas noircir 150 pages pour vous dire que : je flippe. Je flippe grave, même. 

S’appuyer sur des béquilles pour avancer

Alors je prends toutes les béquilles que je peux. Celles que je me taille dans mes croyances que je sais stupides et infondées aussi. Oui, mes croyances sont stupides parce que je les refaçonne au besoin, cf mes cycles Kitchin que je réinvente à chaque fois. Surtout que là, le cycle Kitchin, il m’arrange moyen sur le début d’année : en 2020, j’ai littéralement végété de janvier à juillet. Et j’ai vécu ma meilleure vie, certes. Mais j’avais un joli salaire qui tombait aussi donc aucun stress particulier. Mais bon, pour le moment, le seul stress que j’ai, c’est celui que je me mets. 

Don't panic
(c) Tonik

Je m’arrange avec la réalité

Bref, je réarrange mes histoires pour avoir un narratif agréable et qui me porte. Du moment que je ne me repose pas que sur ça, est-ce un mal ? Tant que ça ne me booste pas déraisonnablement la confiance, est-ce un mal ? Surtout que j’ai quand même un peu conscience du côté fake et placebo de mes petites croyances. Donc en résumé : la superstition positive, c’est oui si ça ne fait pas de mal. Et le Frioul, c’est toujours aussi chouette. Ah et pour le fin mot de l’histoire, ai-je reçu un appel ou un CDI le vendredi 13 ? Et bien non. Par contre, j’ai eu une idée qui pourrait me sortir un peu les doigts, on va bosser un peu là-dessus.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *