J’assume mon identité de meuf pantoufle
Bon, entre le confinement et le couvre-feu, je la joue facile. Quoique. Désormais, j’ai 40 ans et je commence à avoir une bonne idée de qui je suis. Même si mon identité fluctue un peu. Mais il y a un écart parfois important entre celle que je suis et celle qui est perçue par les autres. C’est pas mal au coeur des vidéos d’Esther avec les identités de grosse et identités de mince. Même si moi, j’aime être la fille gourmande. Bref, tout ça pour dire que j’ai décidé d’assumer mon identité de meuf pantoufle. Et même de la revendiquer.
Se recréer à chaque embauche
J’ai commencé un nouveau boulot il y a un mois. A chaque fois, la même histoire. On se présente, on se découvre. Tu racontes des choses sur toi, tu as un comportement. Bon, le relatif télétravail ralentit un peu la création de liens particuliers mais faisons comme si. J’aime bien cette période car à chaque fois, je me demande quelle version de moi je vais présenter. Typiquement : la cigarette. Pendant mes années de tabagisme, je jouais parfois la carte de la non-tabagique pour arrêter. Ca marchait pas toujours. Parce qu’en parallèle, la clope est un facilitateur social. Et à propos de facilitateur social…
Vive les afterworks !
… la question des soirées et sorties ! Et oui, qui dit entreprise dit afterwork et pots de départs, soirées diverses voire séminaires. Enfin, on disait ça avant mais laissez-moi poursuivre, j’ai eu l’idée de cet article avant le couvre-feu. Quand j’étais célibataire, les soirs où j’étais libre, je n’étais pas opposée à aller boire un verre en bonne compagnie histoire de papoter un peu. Ca veut dire râler sur les managers et les collègues nuls. Car n’oubliez jamais que nous sommes tous le nul de quelqu’un. Mais des fois, quelle flemme, quelle flemme.
C’est mal de pas sortir
Et socialement, c’est pas très accepté. Il est mal vu de sécher les pots de départs et soirées en tout genre. Il est mal vu de ne pas boire d’alcool non plus. On peut vite passer pour une pisse-froid ou se faire exclure de la petite société de l’entreprise parce que bon, le soir, on est plus chaud pour retrouver son plaid que ses collègues. Pour que que sous le plaid, il y ait notre autre signifiant, le choix est vite fait. Combien de fois m’a-t-on reproché “mais toi, tu viens jamais boire des coups avec nous”. Et c’est vrai mais neuf fois sur dix, j’ai sommeil, j’ai froid. Et depuis quatre ans, j’ai envie de rentrer chez nous. En plus, j’habite en banlieue. Pas loin, hein, j’ai même un métro à dix minutes à pied. Sauf que les soirées auxquelles je suis conviée sont toujours pile de l’autre côté. Quand je m’en sors bien, on se retrouve au coeur de Paris, à peine 30 mn de transport. Cet été, j’ai refusé une soirée car j’en avais pour 1h30 en prenant quatre (QUATRE) transports différents. Parce qu’y aller est une chose mais le retour, la flemme. Et non, je n’ai pas la passion des Ubers et leurs amis.
Pantoufle ou mojito ?
Alors, pour éviter les longues batailles à base de “mais si, allez viens” et des longues dérobades parce que j’ose pas dire à la personne que j’ai plus envie de chiller en pyjama que m’enfiler des mojitos avec elle. C’est pas que j’aurais pas plaisir à la voir. Je sais même que je passerai un bon moment. Mais c’est trop d’investissement pour “juste un verre”. Les transports puis le bruit, le coût aussi. Franchement, sortir juste boire un verre, ça peut vite devenir un poste de dépenses non négligeable. Surtout quand on aime pas la bière comme moi. Je me rends compte que malgré la distance, je parle tous les jours avec Anaïs. Dans les années MSN, avec Vicky, on se faisait régulièrement des apéros chacune chez soi et on discutait des heures. J’ai des relations écrites mieux entretenues que mes relations sociales. Et en vrai, ça me va plutôt bien.
Je clame mon plaid way of life
Alors j’ai envie d’assumer mon identité de meuf pantoufle. J’ai 40 ans, j’ai passé l’âge de faire semblant d’être une teufeuse de ouf. Je le suis, des fois, mais souvent, je rate le train de la soirée et c’est foutu. Sans parler du fait que j’aime dormir. Maintenant, je vais expliquer aux gens que j’ai une énergie sociale limitée, une sensibilité au bruit trop importante sans parler de ma malentendance croissante. Je souffre avec le masque, je pine plus rien à ce qu’on me dit. Du coup, je dis oui en lâchant quelques rires, je réponds systématiquement à côté. Ca aussi, va falloir commencer à l’annoncer. Mais bref, puisque de toute façon, un vilain virus nous enferme chez nous, je vais adopter le plaid way of life et je vais même pas m’en excuser. J’ai un chez moi douillet, la meuf pantoufle que je suis va revendiquer son droit à y passer toutes ses soirées.
Et puis les petits dejs de pot de départ, franchement, ce sont les meilleurs.