La minceur n’est pas le bonheur

La minceur n’est pas le bonheur

Voilà. Je pourrais arrêter cet article-là vu que c’est la seule idée que j’aimerais que l’on retienne tous, aujourd’hui. Depuis quelques temps, je me penche un peu sur l’alimentation intuitive et Elyane C. parlait justement du fait que les compulsion alimentaires pouvaient être liées au manque d’estime de soi, notamment en se reposant sur le mythe que la clé du bonheur, c’est la minceur. Et en y réfléchissant… bah non en fait.

La minceur ne fait pas le bonheur
Ceci est le ventre que je n’aurai jamais. Et c’est ok. (c) Jannes Jacob

 

La normalité médiatique, c’est la minceur…

Il est extrêmement difficile de ne pas céder aux injonctions. Depuis toujours, on m’explique que la beauté est synonyme de minceur. Les filles « normales » sont minces. Celles dans les séries que je regarde, dans les magazines que je lis. Parfois, une fille “ronde” poppe. C’est Bridget Jones qui vit quand même pas mal de déboires à cause de son obsession du poids. Ou Laetitia Casta qui était la preuve, dans ma jeunesse, que les mannequins peuvent avoir des formes. C’est Monica Bellucci, Rihanna. Les numéros « spécial rondes » nous rappelaient que des filles minces étaient encore trop grosses. Aujourd’hui, encore, le mouvement body positive a été préempté par des femmes minces qui viennent pincer la peau du ventre en mode “mais si, regarde, j’ai du gras mais c’est pas grave”. Je ne jette pas la pierre à ces femmes, bien au contraire…

Tu ne seras jamais assez mince

… Car on ne sera jamais satisfaites. Achetez n’importe quel magazine féminin de avril à août, vous serez inondés par des pubs pour des crèmes amincissantes, pilules amincissantes, ceintures életrostimulantes… Et en corollaire, on va vous pondre une trouzaine d’articles sur votre beach body, body bikini ou je ne sais quoi. Mâtiné un peu de body positivisme. La presse féminine est complètement dichotomique, faut pas chercher. Aime ton corps mais vraiment, tu l’aimeras plus s’il est mince et bronzé. D’ailleurs, tiens, un peu d’autobronzant ! En plus, l’autobronzant ça amincit un peu visuellement, astuce ! Avec ce forcing, on intègre donc l’idée qu’il faut perdre le poids de l’hiver dès que le les premiers rayons du soleil perce. Parce que même les minces ne seront jamais minces… dans leur tête.

L'obsession de la minceur

Ca m’apporterait quoi de plus ?

Mais pourquoi j’ai envie, ou besoin d’être mince en fait ? De façon tout à fait personnelle, qu’est-ce que ça va m’apporter ? L’amour ? J’ai déjà et je suis pas sûre d’avoir envie de passer ma vie avec un mec qui serait bloqué par un ou deux bourrelets. Alors que nous, on nous enjoint à aimer leur big belly. Le travail ? Je travaille derrière un ordinateur, je suis actuellement en pyjama alors que nous sommes en pleine semaine et que je suis censée bosser. Une performance sportive ? Bah non, j’ai 40 ans, je serai jamais plus championne de rien (et je le vis bien). La santé ? Mmm, quand je vois comment certains régimes nous ont bien bousillé·e, est-ce que vraiment, on continue d’associer minceur à santé ? Si être mince n’est déjà pas signe automatique de santé, la course à la minceur et sa nécessité de résultats rapides et immédiats me paraît, à l’inverse, plutôt malsaine. Je ne parle pas que d’alimentation mais également de blessures dues à des surentraînements. 

Je creuse, je creuse…

Alors pourquoi ? Eventuellement… A une époque, je voulais faire plein de vidéos Youtube sur plein de sujets et le face cam me paraissait une façon un peu plus rapide de procéder. En éradiquant les bourrelets, je me disais que ça ferait toujours un argument en moins pour tous les connards qui voudraient pas trop que je parle. Surtout sur des sujets de féminisme. C’est pas de la parano, je me suis faite insulter pendant des années sur mon poids alors que je me montre même pas sur mon ancien blog alors bon… Sauf que franchement, est-ce que ces vidéos verront le jour ? Je doute. Et si tel était le cas, j’utiliserai mes Playmobils. Oui, mon drame dans la vie, c’est que j’ai plein d’idées mais que je les mets jamais en application. Genre ma cabane playmo, là, j’ai juste fait les dessins sur Powerpoint. Mais du coup, être mince, ça m’apporterait quoi ? 

Je fais des maths
Mes plans playmo gribouillés. Littéralement

Mon poids n’est pas un problème

Je ne trouve pas de réponses. Essentiellement parce que mon poids n’est pas un réel problème dans ma vie. Je trouve des fringues à ma taille sans soucis. Le médecin n’associe pas tous mes tracas à mon poids. Aucun inconnu ne me juge ou ne vient me donner de conseils nutritionnels si je mange dans la rue. D’ailleurs, si j’ai faim, je mange dans la rue sans me poser de questions parce que je sais que ce n’est pas un problème pour moi. Mon poids n’a jamais été une limite sportive puisque je peux marcher autant que je veux, faire du yoga, de la danse. Je suis juste nulle en longue montée mais je sais pas m’économiser, je pars toujours bille-en-tête. Et pour le yoga, ma principale gêne, ce sont mes seins, surtout en position de la charrette où ils m’écrasent le visage. Les seules personnes qui parlent mal de mon poids sont celles qui veulent me faire du mal. Mais si je perdais plein de kilos, ils attaqueraient autre chose. La méchanceté ne cale jamais. 

La charette ou Halasana

La quête de la minceur n’est-elle pas source de frustration ?

Pourquoi la minceur m’apporterait le bonheur ? Je suis globalement heureuse et le seul point noir de ma vie (le taf) ne pourra être résolu en perdant quelques kilos. Alors il m’est arrivé par le passé de surinvestir la question de ma silhouette, y compris en couple, car j’avais la sensation que c’était le seul paramètre facile à gérer. Tu manges moins, tu fais du sport, t’as un beau corps. Alors déjà, ce n’est pas aussi simple mais encore une fois, est-ce la solution ou une distraction en attendant que la vie fasse son oeuvre sur ce qui pèche ? Faire du sport me fait du bien, oui, mais ça doit pas devenir une obsession. Surtout que le sport ne te fait pas perdre 10 kilos en 3 semaines et ça devient limite plus frustrant qu’épanouissant. 

Le dire, ce n’est pas guérir

Après, il ne suffit pas de dire “hé mais oui, la minceur je m’en fous”. En vérité, ça, c’est juste le premier pas sur le looooong chemin pour se débarrasser de toutes les injonctions. Mais il faut bien commencer quelque part. Après, j’ai zéro souci avec les fit girls et assimilé. Ton corps, tu en fais ce que tu en veux. Mais le bonheur n’est pas juste question de minceur.

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