J’ai arrêté de fumer

J’ai arrêté de fumer

Des fois, j’essaie de trouver un titre un peu rigolo, un peu percutant, un peu mystérieux aussi. Un titre “à la Libé” comme on disait quand j’étais étudiante en journalisme au début du siècle. Mais là, non. Parce que ne tournons pas autour du pot, j’ai arrêté de fumer. Et j’ai envie d’écrire ce petit article pour aider éventuellement ceux qui envisagent d’en faire autant. Bon, je vais pas tellement parler du comment parce que j’ai eu zéro difficultés à arrêter mais je vais plus parler du pourquoi et de ma nouvelle vie de non fumeuse. Car il y a des bénéfices que je n’avais pas prévus.

Comment j'ai arrêté de fumer
(c) Stephen Hocking

Pourquoi j’ai arrêté de fumer ?

Tout simplement parce que j’en avais marre. C’est cher, déjà. Et ça pue, on va pas se mentir. Mais c’était pas tellement ça. Je sentais que je saturais mais comme j’avais des clopes sur moi, je fumais dans mes petits rituels. C’est comme si vous aviez sous le nez une soucoupe de bonbons, de cacahuètes ou de ce que vous voulez et que vous picorez dedans sans vous arrêter alors que vous n’avez plus faim. Je fumais compulsivement. Ca ne me faisait pas particulièrement plaisir, c’était l’habitude. Et ça me saoulait. Donc un soir, je suis rentrée et j’ai déclaré très solennellement à Victor : “Au retour des vacances, j’arrête de fumer”. Il m’a répondu “On arrête à deux et on profite des vacances pour le faire”. 

Comment j’ai arrêté de fumer

J’ai fini mon paquet et j’en ai pas racheté. Oui c’est tout, même si… ben il fallait arrêter en période “extraordinaire”. Donc le deal était le suivant : on part en vacances, on termine notre paquet en cours sur place et fin de l’histoire. Bon, en vérité, j’ai mal géré. Arrivés à Corfou, il me restait une clope. Oupsie ! On partage donc une ultime clope le soir de notre arrivée, le 03 septembre, en sirotant notre premier ouzo. Je commence déjà à négocier. Comme j’ai mal géré, on a le droit à un ultime paquet, Victor valide.

Sauf qu’on ne l’a jamais acheté, cet ultime paquet. La cause ? La flemme. On ne savait pas où aller pour en trouver (enfin, on se doutait qu’il y en avait dans l’espèce de supérette de l’énorme resort), on n’avait pas envie de perdre du temps à en acheter. Et voilà comment on a arrêté. Pas de patch, de chewing gum ou de dérivatif. Juste le faire hors quotidien pour ne pas retomber dans nos habitudes.

Le manque

Je ne suis pas dépendante à la nicotine, je ne suis pas sûre de l’avoir été puisqu’il m’est arrivé régulièrement de m’arrêter sur des plages plus ou moins longues. Quatre mois par ici, un an par là, pour des vacances, par exemple. Le dimanche en hiver, je ne fumais pas car ça impliquait de sortir sur le balcon pour le faire et rien ne me déprimait plus que de devoir m’habiller pour aller fumer. C’était vraiment une question d’habitude la plupart du temps (je fumais toujours aux mêmes moments)… ou de “tampon émotionnel” comme dirait Esther. Oui, pardon, je vais certainement beaucoup la mentionner pendant les prochains articles. Je fumais parce que je m’ennuyais, neuf fois sur dix. En soirée ou en attendant quelqu’un. 

Les déceptions de l’arrêt du tabac

Je commence par les bénéfices attendus que je n’ai malheureusement pas eus… enfin un, en fait. Je suis hyper sujette aux rhino-pharyngites, j’en fais une tous les trois mois en moyenne. Je pensais donc qu’arrêter de fumer me permettrait d’être en meilleure santé. Mais je me suis tapée ma traditionnelle rhino-pharyngite fin septembre. Sinon, je n’ai pas vu d’effet sur mon souffle mais parce que j’ai jamais ressenti de problèmes de souffle en fumant… mais c’est sans doute parce que je sais pas respirer dans l’effort donc je suis essoufflée pareil. 

Une femme fume
(c) John Caroro

Dernière petite déception : j’ai eu du manque. Les premiers soirs lors de l’apéro mais surtout au retour du boulot. Et ce qui est “amusant”, c’est que celle qui m’a le plus manquée, c’est pas celle à laquelle je pensais. Je savais très bien que celle du trajet du matin, je pouvais l’évacuer sans soucis, je l’avais fait quelque fois, je pensais que celle qui manquerait le plus, ce serait celle du café de 14h… Et non, c’est celle du soir en sortant du taf. Celle associée au fait de souffler, finalement… 

Les bénéfices attendus…

Je finis par le positif car les deux points au-dessus sont du pinaillage. Alors les éléments évidents : je fais des économies (à l’heure où j’écris, mardi 15 octobre à 14h, on en est à 125 €), j’ai plus les doigts qui puent. Ah et plus personne n’essaie de me taxer dans la rue en se montrant limite agressif quand je refuse et ça, c’était aussi une des raisons de mon arrêt. Je ne comprends pas trop qu’on taxe comme ça des clopes de façon random dans la rue. Vous demandez à croquer dans le sandwich qu’une personne qui déjeune dans la rue ou de passer vite fait un coup de fil à quelqu’un au téléphone ? 

… et les bonnes surprises

Mais le vrai bénéfice, et je lui dédie un paragraphe exprès, c’est le temps. Ou plutôt la charge mentale liée au temps que prend le tabagisme. Fumer, c’est avoir des cigarettes sur soi. Si on n’en a presque plus voire plus du tout, il faut en racheter. Alors si la panne tombe à un moment où vous n’avez que ça à faire, tout va bien. Mais c’est rarement le cas ! Je devais prévoir un peu de temps pendant mon trajet pour aller acheter mes clopes. Voire tirer de l’argent si le buraliste ne prenait pas la carte bleue à moins de 20 €, ce qui impliquait il n’y a pas si longtemps l’achat de trois paquets.

Mais ce n’est pas tout. L’autre charge mentale dont je me débarrasse, c’est le fait de prévoir de fumer avant de rentrer quelque part. Je suis plutôt du genre en avance comme personne car le retard me fait paniquer, littéralement. Mais je devais en plus calculer ce petit temps d’avance. Sauf pour les entretiens car je ne fumais pas avant les entretiens pour ne pas sentir. Ca paraît idiot mais si on cumule ces cinq minutes de ci, de là, la course aux clopes mais aussi la dernière clope du soir sur le balcon qui retardait notre coucher… j’ai gagné du temps et j’ai un peu décapé ma charge mentale. Deux de mes angoisses du quotidien et c’est ça, le vrai bénéfice.

Femme cachée dans la fumée
(c) Pablo Guerrero

Bref, comme vous pouvez le constater, je suis pas la mieux placée pour dire comment arrêter de fumer. J’avais juste un bon pourquoi et une bonne occasion. Car oui, c’est pas une question de volonté, au fond, un peu comme tout. Je n’ai pas une volonté de fer mais juste une bonne raison de le faire. Et étonnamment, ça a été très facile. Même mercredi soir, à un pot de départ, alors que j’étais dehors, alcoolisée, avec plein de gens qui fument autour, j’ai pas craqué. Et ça me donne de la force… je vous en reparle.

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