Le développement personnel, c’est scientifique
Me dit-on pour me rassurer. De temps en temps, j’essaie d’organiser un peu ma vie. Pour cette rentrée, on était deux à se dire que bouger-manger-dormir mieux, ça sonnait bien. Surtout que bon, on a passé la quarantaine et notre corps semble décidé à nous faire payer cher le moindre écart. Donc équilibrage de vie en vue. Pour préparer mon PowerPoint de la vie saine, car oui, j’ai fait un PowerPoint, je suis donc allée un peu à la pêche aux infos. Et je me suis retrouvée rapidement prise dans des vidéos de nutreo-coachs venus m’expliquer la vie. Avec quelques infos frappées au coin du bon sens genre “le soda, faut arrêter, c’est mal”. Mais est-ce quelqu’un a dit, ces quarante dernières années, que le soda était bien ? Bref, tout un tas de préconisations labellisées “c’est scientifique”. Oh bah dis donc… C’est donc que ce doit être vrai. Non ?
Des vidéos qui m’ont vite angoissée
Ça faisait quelques temps que je ne regardais plus de vidéos de coachs en tout genre. Mon YouTube me servait essentiellement pour des cours de sport, les Tutotals vu 40 000 fois. Allez mon top 1, 2, 3 des Tutotal, pour le plaisir. Je mate aussi des talks de meufs que j’aime bien, des vidéos rigolotes ou un peu plus culturelles. Et des prestations à l’Eurovision parce que ma nouvelle passion pour le sujet ne se calme pas trop. Je n’en ai pas écouté beaucoup, sentant une petite angoisse monter. Je cherchais des astuces, j’ai failli trouver des TCA. Cependant, un truc m’a un peu interpellée : ce label “c’est scientifiquement prouvé”, “selon une étude scientifique”. Certains commentant même une découverte ou une étude scientifique il me semble.
C’est fini la soupe ésotérique ?
Il faut mettre ça en parallèle avec l’époque où je me suis intéressée au développement personnel. A ce moment-là, la grande mode était… Les lois de l’attraction. Une sorte de soupe ésotérique qui consistait plus ou moins à dire que si tu veux quelque chose, il suffit d’y croire et ça arrivera. Quelque chose entre la croyance mystique pure et la méthode Coué. Oui, je suis persuadée que la posture mentale est importante, on réussit plus difficilement quand on se répète à longueur de journée qu’on est une petite crotte sèche. Mais la pensée magique, bof. Et je vous passe tous les piapas des médecines alternatives, la passion du jeûne qui gravitait juste à côté de cette sphère-là. Donc le label “scientifique” m’a un peu interpellée.
La science pour dire que si, si, on a la bonne méthode
Alors qu’il a toujours été là. Peut-être pas de façon aussi franche mais y avait toujours quelques petites données scientifiques pour dire que si, si, y a un socle. Y a qu’à voir l’homéopathie avec la mémoire de l’eau. De prime abord, tout ça a l’air rigoureusement scientifique. Après, on peut trouver ça très crédible… ou on peut regarder les études qui démontrent qu’il n’y a pas plus d’effet qu’un placebo. Parce que la science, dans cet univers de développement personnel, elle est souvent un peu tordue pour faire coller le narratif initial à la science. Ce n’est pas : j’ai étudié un sujet par le biais des sciences et j’en ai tiré une méthode. C’est l’inverse : j’ai une méthode et j’ai trouvé deux ou trois faits scientifiques qui vont dans mon sens. On appelle ça du cherry picking.
Les réseaux sociaux et le sucre te veulent du mal
On a pu observer ça avec la kilotonne de vidéos Tiktok ou Youtube qui avaient pullulé à une époque sur la dopamine. Celle qui nous rend accro aux réseaux sociaux, à Tinder ou je ne sais plus quelle appli. Candy crush, certainement. La dopamine, appelée vulgairement l’hormone du bonheur. Les réseaux sociaux se basent sur le principe du système de récompense. Plus on reçoit de likes, plus on se sent récompensé, plus on produit de la dopamine. Et ça nous rend accro. Un peu comme… le sucre, l’autre grand Ennemi. D’ailleurs, c’est rigolo, le neuro-endocrinologue qui a dénoncé l’effet dopamine des réseaux sociaux est le même à avoir étudié les effets de sucre sur le cerveau. Robert Lustig, si vous voulez chercher. Et il met en lumière que la surconsommation de dopamine nuit à la production de sérotonine, l’hormone du calme. Je n’ai pas d’avis sur cette histoire en soi mais par contre, j’ai vu beaucoup de créateurs de contenus surfer là-dessus pour faire des vidéos qui font un peu peur. Les réseaux sociaux, qui leur sert tout de même de socle pour faire leur beurre, ça rend accro, c’est pas bien. Tout comme le sucre, donc. Je vais passer sur le fait qu’il y a toujours un fond culpabilisant dans ces discours pour souligner un point : oui, le sucre ou les réseaux sociaux stimulent la production de dopamine, ok. Mais comme le sport, par exemple et pourtant, c’est rare qu’on en parle comme quelque chose de négatif.
La science te dit que c’est mal
Mais rappelons-nous, nous parlons de développement personnel, ça implique qu’il faut vous convaincre de changer. C’est plus facile de créer un programme ou du contenu qui va vous culpabiliser de votre consommation de sucre ou des réseaux sociaux qu’une pratique excessive du sport. Vu que le sport fait souvent partie des outils pour essayer de devenir une meilleure version de vous-memes. Donc on vous sort ce charabia “basé sur des faits scientifiques” pour vous expliquer que vous êtes accros aux réseaux sociaux et que ça va être dur de s’en sortir mais qu’avec leur méthode… Vous vous doutez bien que c’est un peu plus compliqué que ça. Pour ma part, mon “addiction” aux réseaux sociaux et au sucre sont souvent liée… à de l’ennui. Je scrolle par ennui, je mange par ennui et à la fin, je me sens juste vide. Pardon mais elle est où ma dopamine ? Remboursez !
La physique quantique va coacher ta vie
Bref, je parle de cette histoire de dopamine mais vous pouvez étendre ce concept à pas mal de vérités proférées par les coachs qui veulent vous culpabiliser ou vous faire miroiter une nouvelle vie. A une époque, le grand truc, c’était la physique quantique qui justifiait un peu tout et n’importe quoi. Je crois que les Lois de l’attraction l’évoquait, d’ailleurs. Le terme quantique est limite devenu un trigger warning pour moi tellement on met n’importe quoi derrière ce terme. Ca fait sérieux et c’est suffisamment compliqué pour que pas mal de gens ne cherchent pas plus loin que ce que l’apporteur de vérité de service nous raconte.
Oui, j’ai le droit de passer 1h sur mon canapé à mater des vidéos de chatons
Bref, encore une fois, ce qui compte, c’est ce dont vous avez envie, ce qui vous fait du bien. Passer du temps sur les réseaux sociaux, vous allez me dire que ce n’est pas constructif ni productif. Mais pour ma part, quand je suis claquée, j’ai juste assez d’énergie pour mater de vieilles vidéos de Friends ou de chats mignons. Ca sert à rien mais vu que je serais incapable de faire quoi que ce soit qui ne sera pas bon pour la poubelle, finalement…