Quand ton corps te parle
Je suis toujours un peu circonspecte concernant le mysticisme. Par exemple, j’écoutais un très bon Méta de choc l’autre jour et un témoin expliquait qu’il avait un aphte qui traînait et sa mère lui avait dit “ah mais c’est parce que tu as quelque chose à dire et que tu n’y arrives pas”. Pour moi, le corps est une machine qui fonctionne, bon an mal an. Si j’ai un aphte, c’est sans doute que j’ai mangé un fruit qui m’a irritée. Mes douleurs ont toujours une raison médicale. Mais la semaine dernière, mon corps a lâché et j’ai vu la lumière. Oh mince, c’est donc vrai que ce corps parle ?
Une maladie que j’étais contente d’attraper
Petite remise en contexte : j’ai chopé le Covid. Je vous cache pas que je ne suis que moyennement surprise vu que dès que le gouvernement a dit “on le met plus”, plus personne dans mon agence ne l’a porté. Et quand on considère qu’un masque, c’est avant tout pour protéger les autres, j’étais résignée. J’allais le choper. La seule surprise fut donc qu’à priori, c’était mon mec, le patient zéro. Mon mec qui bosse 19 jours sur 20 à la maison. De qué ? Bon, on ne sait pas comment mais on l’a eu. Et là, il s’est passé une chose. Le vendredi soir, alors que je commençais à salement décliner, j’ai été contente. Oui, j’allais avoir une semaine de congés. Ok, point un : c’est pas normal d’être contente d’être malade, y a un loup.
Une mission qui se passe mal
Et un gros loup, même. Mon nouveau boulot, ça va pas. Je ne rentrerai pas dans le détail mais sachez qu’une ambiance fort sympa ne compense pas le sous-effectif et les looooongues journée de travail. J’aime fort mon équipe mais ça ne compense pas mes lacunes sur le levier sur lequel je travaille désormais. Lacunes qui avaient été clairement établies lors de l’entretien mais bon, apparemment, il suffit de croiser les doigts pour apprendre. Donc j’en suis à un point où j’ai mal au ventre dès que je reçois un mail ou que mon téléphone sonne car je sens que j’ai encore mal fait. Bonus pour le client qui ne fonctionne que par téléphone, à qui j’ai dû donner mon numéro perso car personne ne sait comment obtenir un numéro pro et qui a harcelé la terre entière le jour où j’ai pris un RTT pour mon anniversaire. Bref, ça va pas.
Quand le délire parle
Sautons à dimanche soir. Je suis donc au top de ma fièvre, mon corps totalement épuisé. Vraiment, j’alternais entre fièvre frissonnante et forte fièvre avec extrémités gelées, voyez. Alors que j’étais allongée en serrant fort ma bouillote contre moi, une pensée s’est formée dans mon esprit “non mais démissionne”. Pardon ? Qui parle ? “Démissionne”. Je n’étais pas dans un état de délire. Je dirais même que ce fut le point le plus décevant de ce Covid : je n’ai pas eu de fièvre délirante. Même pas ce passage de forte fièvre où je répète un nombre italien en boucle. Me demandez pas pourquoi, c’est mon cerveau malade qui agit dans ces cas-là. A ce moment-là de l’histoire, j’étais rétamée, épuisée mais pas délirante. Juste assez KO pour laisser ma raison au repos. Et cette idée, lancinante : “démissionne”.
Quand la décision se prend presque malgré toi
Je vous passe les atermoiements des jours suivants, ça mérite à minima un ou deux articles. Mais ça ne me lâche plus. J’ai l’impression que mon coeur a profité d’un moment où ma raison était occupée à constater la froideur de mes pieds pour jeter cette idée que je n’osais formuler. Démissionne. Démissionne. Ok, keep calm et agis rationnellement… entre deux siestes. Le mercredi, je vais donc voir une médecin généraliste pour prolonger mon arrêt de deux jours car je refusais l’idée de reprendre dès le jeudi puis je remplis un formulaire pour un bilan de compétences. Oui, grâce à la vidéo de Sylvqin sur les arnaques au CPF, j’ai regardé mon compte et je suis blindax, alors… Et là, à partir du moment où j’ai su que j’avais encore deux jours de maladie de rab et que j’ai calé mon premier rendez-vous avec la consultante de bilan de compétences, mon corps s’est retapé à une vitesse folle.
Le corps qui reprend forme après la bonne décision
Il me reste un fond de fatigue mais j’arrive pas à savoir si c’est une conséquence de mon Covid ou un relâchement des nerfs. La fameuse rupture du stress. Mon corps a parlé et m’a montré le chemin : la démission. Enfin, je vais tenter la rupture conventionnelle surtout mais ma décision est prise et peu importe le nom administratif qu’on mettra dessus. Et là me revient un souvenir. Dans ma précédente boîte des enfers, ma cheffe a démissionné puis est allé un peu dire tout ce qu’elle avait à dire au DG. Elle n’était pas certaine que ce soit utile mais ça l’a soulagée. Elle est revenue de cet entretien rayonnante comme jamais. Et moi-même, combien de fois mon visage s’est transformé après une démission, mes épaules redescendues, ma tête relevée. Mon corps qui se remodèle en fonction du poids évanoui de ses épaules.
Et la sentence de mon corps est irrévocable
Et là, mon corps exulte. Titre. Jeudi, j’étais en forme comme jamais. Nonobstant mon allergie au pollen, évidemment. Je me remets doucement au sport, je me sens plus légère, mieux dans ma peau. Je m’aligne. Quand j’ai fait de la sophrologie, il y avait pas mal de choses qui me paraissaient confuses sauf une. Une phrase que je considérais essentielle : la réponse est en moi. Mon conscient ne le sait peut-être pas mais la réponse est en moi. Je doutais, je m’entêtais mais quand mon corps a parlé, sa sentence a été irrévocable. Ce boulot me nuit et il me l’a clairement fait comprendre. Il a fallu que je tombe malade pour entendre cette petite voix au loin mais tout à coup, c’est devenu une évidence. Je dois démissionner. Avant d’y laisser ma santé.
Nouveau départ à venir
Le seul truc chiant dans cette affaire, c’est que j’ai peur de le dire à mes N++ maintenant et encore plus à mes collègues. Mais mon corps a parlé de façon plus que claire. Il est temps de tourner la page du digital.
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