Ecoute les compliments

Ecoute les compliments

Octobre.  J’aime moyennement le mois d’octobre. J’adore l’automne parce que les couleurs, les châtaignes et le spicy pumpkin latte… enfin, je dis ça, j’en bois strictement jamais mais laissez-moi faire croire que je vis dans une illustration lifestyle. L’automne, c’est beau mais… le froid, l’humidité et l’odeur de la nature se décomposant dans des flaques. Meeeh. Mais je ne voulais pas parler de ça. Aujourd’hui, on va causer compliments. Les vrais, ceux lâchés au détour d’une phrase. Parce que douter de soi, pourquoi pas, mais si les gens vous donnent de la valeur, faut peut-être prendre leur avis en considération.

Accepter les compliments
(c) Allef Vinicius

Des compliments l’air de rien

On va d’abord définir ce que j’entends par compliments parce qu’il y en a de deux types. Ceux servant à vous flatter voire acheter votre affection. J’avais une pote, comme ça, qui couvrait tout le monde de compliments. C’est adorable. Mais quand tu la soupçonnes d’inventer des paroles rapportées, tu commences à te demander si ce qu’elle te dit est sincère. Par contre, il y a d’autres compliments. Ceux qui ne sont pas destinés à l’être. Je vais vous donner un exemple très concret. L’autre jour, je discute avec une collègue. Il faut savoir que j’ai un syndrome de l’impostrice mastoc avec mon “parcours atypique” qui a fait de moi une “responsable” sur un sujet où j’ai pas des masses d’expérience. On discute donc et cette collègue me sort gratuitement “ton alternant était trop content de bosser avec toi, tu lui as appris plein de trucs”. Mais comme j’ai été flattée de fou.

Ce que je perçois de moi, ce que perçoivent les autres

Ca marche pour tout. Autre exemple parce que j’ai un peu envie de me jeter des fleurs. Souvent, je me trouve pataude. Je me sens la grâce d’une bûche, la légèreté du monolithe. Sauf que… bah déjà, j’arrêtais pas de me faire rappeler à l’ordre l’an dernier à la comédie musicale parce que je bougeais beaucoup trop. Voire que je sautillais pour les chorégraphies alors qu’il fallait être beaucoup plus calmes. Dans ta face, le monolithe. Il y a dix jours, je présente un numéro très “la nature” sur une musique de Bjork. Ma chorégraphie consiste en gros en pas chassés et bras ondulés. Fin de ma prestation et une fille qui était déjà là l’an dernier sort un “ah mais c’est Nina, ça, elle est tellement gracieuse”. Zéro vanne. Je suis gracieuse. Ciel.

Daniela Cappacioli au parc floral
Allez voir le travail de Daniela Cappacioli au parc floral

Une vérité sans flatterie

Alors le but de cet article n’est pas juste de dire que je suis bien gracieuse et pédagogue parce que ça va rien changer à vos vies. Je veux vous parler de ces compliments inattendus et qui paraissent sincères car je ne pense pas qu’ils soient perçus par ceux qui vous parlent comme un compliment. C’est factuel. Remuez vos souvenirs, je suis persuadée que tous et toutes, vous avez une conversation comme ça où quelqu’un a sorti quelque chose sur vous qui vous a surpris et plu. Ah, tiens, c’est comme ça que l’on me perçoit ? Je ne pensais pas. Savourez comme un bonbon au caramel beurre salé qui serait sucré juste comme il faut. 

Mais vous vous trompez sur moi

Ok, mise en situation. Vous avez reçu un compliment sincère. Mais votre cerveau, il est taquin. Vous rougissez en mode “non mais les gens me donnent une valeur que je n’ai pas”. Moi, par exemple, y a deux qualificatifs qui ne semblent pas me correspondre. En un, “calme”. Je suis vue comme la fille maîtresse de son stress et de ses émotions, la fille qui n’a peur de rien. Ma seule réponse est : triple LOL piqué. Je suis pas du tout comme ça, je suis une tempête sous le casque permanente. Sauf que, comme dit mon mec “oui mais tu ne le montres pas.” Pas toujours, en effet. Par contre, quand ça sort, je suis telle un volcan, ça balaie tout. L’autre qualificatif qui m’a toujours fait sentir un peu mal, c’est “saine”. Dans le sens top hygiène de vie.  Mais d’où ça sort ? Je mange hyper mal, je ne faisais plus d’activité physique jusqu’à encore récemment. Alors, certes, je bois beaucoup moins, je dors beaucoup mieux et je ne fume plus depuis deux ans mais… Franchement, sur le côté “vie saine”, je me donne pas forcément la moyenne. C’est peut-être parce que j’ai une belle peau mais c’est génétique, ça…

Un grand bol de myrtilles
C’est vrai que je mange beaucoup de myrtilles
(c) Margaret Jaszowska

Acceptez sans vous flageller

Oui, il peut y avoir un écart entre ce que l’on est, ou pense être, plutôt, et ce que les gens perçoivent de nous. Cependant, ce serait pas mal de ne pas se flageller gratos non plus. Ces compliments que vous font les gens en toute sincérité, ils ne sortent pas de nulle part non plus. Les gens me pensaient saines car je faisais pas mal de yoga, que j’aime marcher et que j’ai testé plein de trucs bien-être… Ca devait être à mon époque miracle morning qu’on m’a sorti ça, tiens. Mais ce n’est pas 100% faux non plus. Personne ne peut se tromper totalement sur votre compte, même si vous donnez très bien le change. Oui, je suis d’un naturel calme. Il m’arrive de m’investir dans le respect de mon corps et de mon hygiène de vie. Je suis gracieuse et (beaucoup trop) sautillante. Et oui, je suis pédagogue. 

Chérir les compliments pour les coups de mou

Alors tous ces compliments, il faut les garder, les conserver. J’aime imaginer que j’ai une malle à trésors dans mon esprit où je range précieusement ces compliments. Et mes réussites, aussi. Parce qu’on a tous des périodes de doute, des périodes de mou. Qu’il faut se souvenir que si on ne s’aime pas beaucoup et qu’on ne se donne pas beaucoup de valeurs, les autres, eux, nous trouvent bien des qualités. Et il doit bien y avoir un fond de vérité là-dedans, même chez le plus Bisounours de vos amis. 

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