Attends, je ne peux pas me lancer, je suis pas 100% prête
Comment ça va en ce lundi de semaine de 5 jours ? Ah oui, je suis d’accord avec vous : mais comment va-t-on faire ? Enfin, vous, surtout. Moi, je suis pas mal en glande, encore. Même si je vais me taper 3h de route mercredi pour aller voir un client dans la pampa Lot-et-Garonnaise. Pas chez le Roi de la fenêtre, non… Enfin, c’est pas grave car le week-end dernier, j’étais en bord de mer et j’ai osé un truc : j’ai fait du vélo. A la cool, hein, 20 km par jour. Mais mon copain n’aurait pas rêvé de ces vacances, j’aurais pas osé. Non, je suis pas encore 100% prête pour le vélo, je galère encore, j’ai peur de ci, de ça. De la pluie et du soleil, des frottements et de l’épuisement. Et finalement, à part des coups de soleil assez gratinés sur le visage, les bras et le décolleté, tout s’est bien passé, merci.
L’épreuve du haut plongeoir
Petite, il y avait une piscine municipale avec un plongeoir allant jusqu’à 10 mètres. Etant timorée mais aussi susceptible, ce plongeoir fut un grand acteur de mes vacances d’été. D’abord, je refusais d’y aller mais ma soeur et mes cousins se lançaient sans trembler du premier étage. Alors j’ai eu l’audace de monter sur le palier 3 mètres. Et j’ai sauté. Puis le 5. Et j’ai sauté. Avec un pas d’élan pour ne pas voir le vide avant de ne plus avoir le sol sous les pieds. Puis je suis montée sur le plongeoir du 8 mètres. J’ai tergiversé. Evalué les gamins autour de moi pour décider s’ils avaient un truc de plus que moi pour oser se lancer. Et puis un jour, j’y suis allée. Un pas d’élan et hop. Je n’ai pas souvenir de combien de fois j’ai récidivé mais sans doute pas tant que ça, rapport au fait que je me prenais souvent des plats sur le pied ou le bras. Et puis toutes les conditions devaient être réunies. Si je suis pas 100% prête, il est fou d’oser y aller.
Je chante les chansons que je maîtrise
Je pourrais citer des tas d’exemples comme ça. Genre une chanson. Si tu m’amènes au karaoké, je vais avoir du mal à choisir une chanson que j’ai pas chanté une dizaine de fois dans l’intimité de ma chambre. Ou encore cette histoire ratée avec un joli garçon parce que je sortais d’une rupture et que je voulais me remettre en forme avant un date. Et bien quand je me suis sentie prête, il avait une meuf. Alors que deux mois plus tôt, le mec m’appelait gratos pour me féliciter de mes bons résultats en master. Tiens, ça ferait un passage sympa dans mon roman “comédie romantique post-moderne”, ex projet Audrey. Qui n’existera sans doute jamais. Parce que là, je suis pas 100% prête à le faire, je sais pas trop…
De ne rien faire à faire n’importe comment
Le pire, c’est que parfois, je me bloque des mois, voire des années sur un truc et quand je finis par me lancer, je fais n’importe quoi. Typiquement l’écriture où pendant des années, j’ai couru après le manuscrit parfait. Et j’ai finalement envoyé le truc un peu n’importe comment en zappant l’étape de bêta-lecture parce que j’aime pas remettre mon travail sur l’ouvrage. Evidemment, sur l’écriture, c’est juste impossible d’envoyer un manuscrit parfait car spoiler : je suis pas éditrice. Moi, mon métier, c’est… bon, en ce moment, pas grand chose mais clairement pas de savoir calibrer un roman pour qu’il soit en bonne voie pour la publication. J’ai des tics d’écriture dont j’ai pas conscience, j’écris comme ci et pas comme ça. Et de toute façon, vu la gueule du rayon SF des relay de la gare de Bordeaux, je crois que je ne suis pas dans le bon genre actuellement. Et je parle de ma boutique à base de PPT art mais ça va être pareil. Je bloque, je bloque… et ça va partir à l’arrache au moment où je vais décider que je dois le faire, là, absolument.
Toujours cette course inepte à la perfection
En plus, le fait de croire qu’on peut être prête à 100% et donc n’essuyer aucune déconvenue n’existe pas. Plot twist : la perfection est un mirage. J’aurai beau m’appliquer du mieux que je peux, je ne peux pas réussir du premier coup. Ou alors en bénéficiant de la chance du débutant. Et c’est pas très grave parce que y a un autre truc chouette avec les plantades. L’apprentissage. Oh non, je vous fais pas le coup des citations LinkedIn “soit je gagne, soit j’apprends”, “l’échec fait partie du succès”. Parce que je déteste les citations. Et que je ne parle pas de réussite, ici. Mais maîtriser un bail nécessite souvent de se planter, oui. Typiquement, sur Power BI, je me suis pas mal énervée en commettant des erreurs. Plein. Et du coup, quand tu prends le mauvais chemin, tu retiens de ne plus passer par là. Parce que des mauvais chemins, des impasses, tu en croiseras forcément. Même quand on est en mode expert, il y a le cas qu’on n’avait pas encore croisé et qui va nous donner du fil à retordre. Rien n’est si simple.
De quoi tu as peur, en vérité ?
Et puis on va pas se mentir. Le “je ne suis pas prête à 100% donc je ne me lance pas”, c’est surtout une excuse. On peut avoir de bonnes raisons de ne pas se lancer, attention. Je ne dis pas “vas te jeter du plongeoir de 10m quoi qu’il arrive”, non non. Ca sert à rien de sauter si on ne sait pas pourquoi on se cherche une excuse pour ne pas le faire. Y a la peur ? Ah oui, t’inquiète, je connais bien. Il y a peut-être la peur de se confronter à la réalité. J’aime me raconter des contes où les gens achèteraient mes livres sans que ça ne me demande trop d’efforts ou que ma boutique DIY marche suffisamment pour mettre de la maille de côté pour quitter le monde du travail le plus vite possible. Sauf que je sais que tout ça est galère. Que je vais pas rouler sur l’or avec tout ça. La réalité est fort triste, en vérité. Vivre pleinement de son art aujourd’hui, c’est presque accidentel. Pour ceux qui n’ont pas le bon réseau j’entends. Des fois, se lancer, c’est arrêter de vivre dans un rêve. Un rêve pas forcément fou. Ca peut juste être le rêve de sauter de 10m avec grâce, sans se splasher à l’arrivée.
Bref, je vais tâcher d’être un peu plus impliquée dans mes PPT arts pour avoir un peu de stock pour lancer ma boutique qui me rapportera peut-être 20 euros par mois, qui sait ?