Ne te surestime pas

Ne te surestime pas

Ca va les amigos ? Moi, je vous cache pas que c’est pas l’éclate. Quoi encore ? Mais toujours la même chose : le boulot. Rien que d’écrire ces lignes, j’ai littéralement mal au ventre. Ils m’épuisent mais d’une force… Du coup, le nanowrimo, à l’heure où je vous écris, j’ai tapé 5000 mots sur les 10 000… Alors oui, j’avais dit que je me mettais pas la pression dessus mais être infoutue d’écrire car ces démons pompent mon énergie, ça me saoule. Car j’ai fait une erreur : je me surestime. Je surestime ma tolérance à la bêtise et la méchanceté et… crap ! J’aurais dû me faire arrêter y a quelques mois.

Je me surestime et m'épuise
(c) Ephraim Mayrena

Pataugeage en milieu toxique

Je vais pas me plaindre pendant des lignes et des lignes. Je garde ça sur ma série “comment j’ai bossé dans la pire boîte du monde”. Mais pour résumer : le PDG qui n’avait que peu de respect pour moi semble décidé à ne rater aucune occasion de me mettre mal jusqu’à mon départ. Ainsi, jeudi soir, on a eu un rendez-vous avec une de nos agences et il a été immonde. Il a très mal parlé à l’agence en mode “nous, on manie pas la langue de bois”. J’aimerais assez qu’on arrête de croire que se comporter comme un immonde connard, c’est juste “ne pas manier la langue de bois” ou “ne pas être diplomate”. Tu peux évoquer des performances décevantes sans utiliser le mot “nul” ou “mauvais”, surtout quand les perfs ne sont pas si dégueulasses que ça. Bref, j’avais mal au ventre de l’entendre. Surtout que je me suis pris quelques tacles au passage de type “vous êtes nuls mais c’est parce qu’on vous drive mal”. “On”, c’est moi. Du coup, vendredi, ce fut télétravail bonus. Faut pas déconner.

Nul ne peut se sortir de ça sans morfler

Sauf qu’en vrai, je devrais me faire arrêter. J’aurais pas dû attendre. J’ai surestimé mes forces. La toxicité de cette boite, je la connais depuis le premier jour. La veille du premier jour, même, j’ai pas eu droit à la Lune de miel. Direct dans le bain d’acide. Je me suis crue forte. Ok, c’est l’heure de la revanche. Oui, moi, j’ai pris ça pour une revanche de la vie. Il y a onze ans, je tombais dans la pire boîte du monde. Là, je double. Même délire ou à peu près : petite structure, PDG incompétent, affaire familiale, toxicité à tous les étages. Sauf que là, j’étais prête. Pas de Lexomil pour surmonter le bousin. Je me protège, je me concentre sur ma fuite. Tout ça ne durera pas. Mon plan initial : doubler ma période d’essai puis me faire sortir au bout de huit mois. J’ai pas eu le courage de demander le prolongement de ma période d’essai car ça aurait été une nouvelle arme pour poignarder ma cheffe de l’époque, déjà à bout. Trop gentille, moi ? Ouais.

Tout ça n’est pas anodin

L’erreur, c’est que je surestime mon imperméabilité à la toxicité. C’est insidieux. Bon, déjà, j’ai deux gros points faibles : un syndrome de l’impostrice bien mastoc doublé d’une certaine sensibilité. Clairement, je déteste le conflit et l’idée de me faire crier dessus me terrorise. Essentiellement car j’ai peur de ma réaction. Celle qui va consister à hurler d’une voix suraiguë en finissant par pleurer… voire saigner du nez. Oui, cette scène est vraiment arrivée. Parce que si tu ouvres la vanne, y a plus rien qui m’arrête. Et mon PDG, j’ai toute une série d’insultes en stock, des insultes que je pense vraiment. Pour vous situer, je déteste tellement cet homme que je consacre littéralement des heures à imaginer l’effroyable avis que je vais laisser sur Glassdoor et Indeed pour empêcher les gens de venir. J’ai envie de les pourrir sur tous les comms sur Google, je leur souhaite du mal. Mon vœu, c’est que ce connard incompétent perde sa boîte au profit du fond d’action qui a investi. Car ce n’est pas quelqu’un de bon. C’est quelqu’un de cruel, vraiment. Mais souhaiter du mal aux gens, ce n’est pas très positive attitude.

La positive attitude
(c) Nathan Dumlao

Le doute instillé

Donc déjà, ce taf ne fait pas ressortir le meilleur de moi mais il entame sacrément le cuir. Se faire traiter de nulle à la moindre occasion, directement ou non, ça finit par faire douter. Alors clairement, sur ce métier, j’ai une progression trop rapide et je suis un peu dans l’impasse. En trois ans, je suis passée de “je maîtrise les réseaux sociaux qui sont un levier insignifiant” à “c’est moi la responsable, poussez-vous”. J’ai pas mal de lacunes et assez peu d’opportunités pour les combler vu que je bosse seule avec des gens incompétents qui décident que s’ils sont pas d’accord avec ce que tu dis, c’est bien que tu dis de la merde. J’ai quand même eu droit à “ça, ce sont des excuses” quand j’ai expliqué que c’était normal d’avoir une grosse baisse de chiffre d’affaire sur la semaine de Noël. Heu, mais… Non, les gens ne font pas aller sur un e-commerce ne vendant pas des biens de type vêtements, nourriture, ou produits culturels la semaine de Noël. Déso, pas déso.

Ca ronge

Cette plaie du cuir, je l’ai pas perçue de suite. Moi forte et puissante, hihi. J’exagère pas quand je dis que je me surestime, hein. J’ai pourtant eu une alerte claire. Mon ex cheffe. Partie au bout de 16 mois dans cet enfer, elle est bouffée par le stress. Dans son nouveau taf, elle réapprend littéralement à évoluer dans un environnement normal. Et elle aussi, elle a compris direct où elle foutait les pieds. Mais ça ronge. T’as beau savoir, te protéger, te dire que tout ça n’a pas d’importance, ça ronge. Que l’avis de gros incompétents n’a aucune valeur, ça ronge. Ca épuise. Ne surestime pas ta résistance à tout ça car… t’as vraiment rien à gagner à te tenir droit.e dans cette adversité, en fait. 

Debout face à l'adversité
(c) Morgan Sessions

Le déni ne vous apportera rien

Car c’est là, la morale de l’histoire. C’est bien de faire preuve de courage, si on veut. J’ai de l’admiration pour ma collègue qui est revenue de 3 mois de congés maladie 100% burn-out et qui joue totalement le jeu. Essentiellement parce que, comme elle m’a dit, faut bien bouffer. Sauf que nier ce qui nous fait mal, se réfugier dans le déni en se disant qu’on peut tenir, c’est juste une immense connerie. Croyez-moi sur parole. C’est une meuf qui a le ventre flingué, de l’hypertension et qui a eu des soucis d’oreille interne en une seule année qui vous dit ça. Ouais, j’ai découvert récemment en écoutant un podcast où une femme racontait le harcèlement dont elle avait été victime qu’elle avait subi le même trouble

Je ne suis pas surhumaine

Alors quoi, je me fais arrêter demain ? Non, je dois d’abord former un peu mon alternante. Je culpabilise de ouf de l’avoir fait venir, oui. Donc semaine pro, j’y vais. Par contre, si après ça, ça reprend au coup de pression de merde, je vais pas me gêner. Même s’il ne me reste que 29 jours ouvrés. Ils m’ont déjà bien niqué la santé, n’en rajoutons pas. Je ne me surestime plus. Je ne suis pas censée nager en haute toxicité et m’en sortir comme une fleur. Se surestimer est définitivement mauvais pour la santé. Puis au pire, ça me laissera plus de temps pour faire mes cartons.

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