Les régimes ou l’illusion de l’ultra contrôle

Les régimes ou l’illusion de l’ultra contrôle

Hé ! Je parlais un peu de contrôle lundi rapport au fait que je suis en panique parce que je peux rien programmer vu que l’avenir est incertain. Du coup, je me suis dit que j’allais un peu en faire le thème de la semaine et nous allons parler de l’ultra contrôle de soi avec son incarnation ultime : le régime. 

Les régimes ou l'illusion de l'ultra contrôle
(c) Khamkor

Le seul truc que je peux contrôler : moi

Je l’ai déjà dit : quand ma vie dérape, je me lance dans un régime. Quoi, pardon ? Schématiquement, il y a des éléments que je peux maîtriser et d’autres non. Une relation amoureuse ou amicale, je peux maîtriser ma partie mais je n’ai aucun contrôle sur les sentiments de l’autre personne. Au travail, je peux bien réaliser mes tâches, je n’ai pas de contrôle sur le sérieux de mes collègues. Surtout en début de carrière quand t’es en fin de chaîne, qu’on a un magnifique projet appelé “amphore majestueuse en argile” et quand ça arrive chez toi, c’est un petit tas de boue qui pue mais c’est ta faute si on n’a pas la belle amphore. Ou on te livre le tas d’argile à 17h pour exhibition de l’amphore le lendemain à 10h. Bref, tout ce qui inclut une interaction sociale peut être frustrant, décevant. Alors dans ce cas, pour me consoler, ce sera moi ou moi.

Entre restriction drastique et hyperphagie

Dans mes humeurs en montagnes russes constantes, j’avais grosso modo deux phases. Une déprimée et hyperphage, l’autre hyper enjouée et dans le régime. Avec des nuances mais c’était trop mon truc ça. Reprendre ma vie en main passait d’abord par mon assiette et mon  activité physique. Parce que c’est gérable et que c’est tellement délicieux de voir qu’on a de la volonté quand on veut. Sauf que le truc quand on se lance dans un projet avec enthousiasme, c’est qu’on glisse vite en dehors des limites du raisonnable. Ca vire à l’obsession et, en matière de régime, ça signifie deux choses : soit on développe une répulsion à se nourrir, soit on craque et on mange tellement au-delà sur raisonnable que l’estime de soi se fait laminer en un seul paquet de Shokobons. C’est ainsi que j’ai pu passer d’une période où mon repas du soir se limitait à un litre de thé vert à un pot de glace au lait d’amande de la Laitière. Chaque soir ou presque en guise de repas. Elle était trop bonne, j’ai été si dégoutée qu’ils l’arrêtent.

Une glace à l'amande
Je vais finir par piquer toutes les photos de glace d’Unsplash
(c) Nadine Primeau

La pression permanente de la volonté

Le problème de placer son besoin de contrôle sur le régime, c’est la pression. La pression monstre que les femme subissent sur ce sujet. Récemment, j’ai lu Beauté fatale de Mona Chollet. Ouais, j’ai que cinq ans de retard. Y a pas mal de passages qui parlent de Portia de Rossi. Pour ceux qui remettent pas, elle a joué dans Arrested Development mais surtout Ally McBeal. Pour les plus jeunes d’entre vous, c’était une série sur une avocate farfelue et cette série a un peu fait couler d’encre à l’époque à cause de l’extrême minceur de ses actrices. D’ailleurs, l’actrice Courtney Thorne-Smith, qui n’est guère épaisse, a quitté la série parce qu’elle avait du mal à supporter cette course à l’ultra minceur. Tous les récits sur l’anorexie de Portia de Rossi sont effroyables. Pour rester la plus mince possible (37 kg), elle gigotait en permanence pour cramer des calories. Genre elle se réveillait, elle commençait direct à remuer des pieds et des mains pour dépenser des calories. Alors dans l’absolu, j’essaie de remuer un peu les pieds au réveil pour pas me rendormir pendant la petite demi-heure de paresse-câlin du réveil. C’est plutôt un échec. Mais après avoir lu Beauté Fatale, le mot même de régime me trigge complètement.

Les régimes, notre normalité

Parce que le régime, la restriction, fait partie intégrante de la vie des femmes. Ca fait partie de nos rituels. Après les fêtes ? Régime. Avant l’été ? Régime. Tu as un mec en vue ? Régime. Moi, j’en faisais même quand je cherchais un nouveau boulot. Des fois que 2 kilos de moins me file un job en récompense. Je pense sincèrement qu’on  ne peut pas ouvrir un magazine féminin sans tomber sur un article régime. Une femme normale se doit de faire attention, d’être au régime. Et en prime, maintenant, on a la pratique sportive. La femme de 2020 ne doit plus simplement être mince, elle doit aussi être musclée. Même pendant le premier confinement, le vrai, on nous a pas lâché la grappe. Vite vite, faire du sport, on peut pas perdre le moindre gramme, alerte sédentarité ! Mais bref, on croule non seulement sous l’injonction à la minceur mais surtout l’injonction à la volonté. Manger gras et sucré semble être dire que vous êtes une effroyable personne. Une amie m’avait dit un jour, après avoir perdu pas mal de poids “on est ce que l’on mange”. 

Les épinards
(c) Andrijana Bozic

On ne peut pas passer sa vie en restriction

Sauf que le régime n’est pas quelque chose de naturel. C’est grisant parce qu’on a l’impression qu’une action permet d’obtenir des résultats. Sauf que ça finit jamais très bien. Soit on va trop loin, telle une Portia de Rossi qui s’est mise à s’agiter avec frénésie devant sa famille car elle avait mangé une bouchée de trop du repas de Noël. Soit on se sent comme le pire des déchets car on a échoué. Mais personne ne peut supporter la contrainte au quotidien sur une longue période. Personne. Donc oui, c’est agréable l’ultra contrôle mais, in fine, ce n’est jamais sain. Surtout qu’en vérité : on ne pourra jamais tout contrôler à la perfection. 

 

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