Voguer dans l’entre-deux
Mon calendrier est formel : bientôt les vacances. Un petit retour sur Bordeaux en prévision pour commencer à chercher notre petit nid d’amour pour de vrai. Et je me détends petit à petit. L’été, c’est ma période préférée au boulot. Les directeurs et directrices sont partis, tu fais ton taf tranquille et tu pars pas tard profiter de la vie. Une période propice à l’écriture parce que le mois de juin ne le fut pas lui. Entre une amère déception et une comédie musicale, j’ai écrit queud’. Du coup, samedi, au lieu d’écrire, je suis allée me faire masser. Car le massage m’offre, outre un moment de volupté, un voyage délicieux dans l’entre-deux. Dans le quoi ? Laissez-moi vous expliquer.
Je vis dans mon imagination
Je suis une meuf qui vit dans son imagination. Ca suppure pas mal à travers mes textes. J’aime choper le fil d’une idée et le tirer. Je peux parfois monter un synopsis maigrichon en deux minutes. Deux de mes romans, Uchronia et Et la Terre s’ouvrit en deux, sont littéralement nés d’un rêve. J’en ai un troisième en cours de gestation parti d’un patronyme qui a traversé mes pensées alors que je flottais dans un demi-sommeil. Violetta Sirkis. Ouais, ça va se passer en Grèce… Et là, je vous ai balancé mon entre-deux, l’air de rien. C’est cet état entre sommeil et éveil où mon cerveau bat joyeusement la campagne. Parfois, il va me dénicher une idée. L’entre-deux, c’est le royaume qui voit naître une majorité de romans ou articles, on ne va pas se mentir. Le souci, c’est qu’il est souvent pollué par des pensées angoissées. Cheh !
Flotter entre le sommeil et l’éveil
Petite histoire d’un endormissement classique. Plusieurs possibilités. Soit je m’évanouis de fatigue donc rien à raconter. Mais souvent, je flotte. Je lâche la bride à mon cerveau qui va aller me déterrer quelques trucs. En période de stress, il va venir m’agiter quelques trucs que j’ai bien laissé traîner. Parfois un excel ou un powerpoint. Souvent un mail que j’ai oublié d’envoyer ou un truc que j’ai oublié de faire. Oui, dans mon taf, la particularité, c’est que dès que je suis en présentiel, mon ex N+2, désormais N+1 suite au départ de mon ex cheffe, adore venir me voir pour me demander de faire des trucs random. Du coup, je lâche pas mal de trucs. Oupsie ! Parfois, c’est une conversation un peu houleuse que je me rejoue en mode “ah mais putain, j’aurais trop dû dire ça!” ou mon imagination qui anticipe une discussion houleuse où je prépare mes arguments. La dernière fois, par exemple, je pensais que j’allais me faire démonter à une réunion et j’étais prête à lâcher un “puisque c’est ça, je démissionne”. J’avais tout préparé. La réunion s’est très bien passée, le PDG me redit bonjour depuis. Ah.
Tisser ses romans dans l’entre-deux
Souvent, j’utilise l’endormissement pour préparer la suite de mes romans. Je choisis pas forcément celui que je vais commencer à filer, c’est mon cerveau qui choisit. En vérité, ce filage doit vite virer au grand cafouillage vu que je lâche la rampe de l’éveil. Mon cerveau, toute bride lâchée, pète un câble et commence à raconter n’importe quoi. Mais parfois, j’ai droit à la surprise du chef. Alors que je m’enfonce doucement dans les limbes du sommeil, mon cerveau vient me secouer. “J’ai une idée !”. Aussitôt, je remonte à la surface de l’éveil et me voici les yeux grand ouverts dans le noir, carburant à toute vitesse. Ah ouais… C’est ainsi que j’ai inventé une histoire à Violetta Sirkis dans une Grèce en proie à une situation politico-militaire instable. Entre amour et résistance, que va-t-elle choisir ? De vous en parler, ça me donne très envie de l’écrire, mmm…
Et je fourmille d’idées
Et le massage dans tout ça ? Oui, je vous en ai parlé au début mais on l’a bien perdu de vue. Le massage, par la détente qu’il me procure, me met dans cet état d’entre-deux. J’adore les massages car ils me débouchent un peu les chakras de la pensée. Je sors souvent de là en fourmillant d’idées. Genre cet article, j’y ai pensé samedi, j’ai eu plein d’idées d’autres trucs à vous parler. J’ai des idées de roman, des idées de blogs. Oui, ça, c’est mon grand truc, les idées de blogs même si, en ce moment, je switche pas mal vers des idées de compte Insta. D’ailleurs, j’ai une furieuse envie d’en créer deux : un qui partagera toutes les photos que j’ai prises de Paris pendant toute ma vie ici (16 ans actuellement) et que s’apelerio LeavingParis et un autre sur ma vie de néo-bordelaise qui s’appellerait Néo-Bordelaise. Pas mal, non ? Ah et mon compte Insta d’écriture créé y a un an sur lequel j’ai RIEN posté ? Oh heu… Oui, c’est toujours le souci dans ma vie, j’ai trop d’idées, pas assez de temps pour les réaliser. Vivement le chômage !
Déclencher l’entre-deux à volonté
Il y a quelques temps, Albert Moukheiber avait sorti un livre sur le burnout du cerveau en expliquant qu’on ne lui lâchait pas assez la bride. Je suis bien d’accord avec toi, Albert. Moi, mon rêve, c’est de déclencher l’entre-deux un peu quand j’en ai envie. C’est pas pour rien que j’adore la marche. Ca me donne une idée par pas ou presque. Un développement de roman, une idée d’article. Parfois, je me dis que je devrais me coller un micro pour un marché-parlé me permettant de caler toutes les bribes qui passent dans ma tête. Un peu comme si je ramassais des fleurs ou des bâtons pendant ma promenade. Je collecte puis je trie. Oui, les bâtons, c’est pour un petit projet arty que j’ai qui en est à la phase zéro, à peu près. Comme mon Insta écriture ou le paperart que ma soeur m’a offert à Noël.
Rêver… et être frustrée ?
Mais du coup, voyager dans l’entre-deux, ça prend du temps, un temps que je n’ai pas. A remuer toutes ces idées que je n’exploiterai pas, n’est-ce pas un peu frustrant ? Ah bah si, c’est sûr. Moi qui rêve de me lancer dans des podcasts et dans le Youtube game, c’est pas demain que ça va arriver. Ni après-demain. Peut-être, si je me retrouve au chômage, je prendrai deux ou trois mois pour m’amuser un peu.
L’entre-deux me rend heureuse alors…
Cependant, j’aime voyager dans l’entre-deux. J’aime avoir des idées. J’aime la stimulation que ça crée chez moi. Peut-être que je n’écrirai jamais l’histoire de Violetta Sirkis. Cependant, le roman Ezialis que j’écris en ce moment, j’avais écrit une version 1 lors de notre voyage en Sicile avec Zenobie, en 2012. Là, j’hésite à me lancer dans l’écriture d’un roman que j’ai commencé à imaginer y a bien 20 ans… Et je réécris bien Technopolis que j’ai imaginé il y a 20 ans aussi. Dans ma tête, il y a une vie riche et foisonnante. Ce serait dommage de pas y faire un tour régulièrement. Maintenant, va falloir que je me trouve quelques astuces pour y aller encore plus souvent. Parce que les massages, c’est super mais je suis pas sûre d’avoir les moyens de m’en payer chaque semaine.
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