Digérer la déception
Vendredi, mon petit théâtre des illusions s’est effondré. Après un processus de quatre entretiens, j’avais cru décrocher la timbale : un job à Bordeaux. Quatre entretiens. 1+1+1+1. Quatre donc un week-end parental bien gâché car j’ai dû rédiger une recommandation. Je pensais que le jeu en valait la chandelle. Mais non. A la fin, ce ne sera pas moi… et va falloir digérer la déception. Comment suis-je censée gérer ça ?
Un mail qui brise le rêve
Vendredi 11 juin. Je suis tranquillement posée sur mon trône au bureau, à zieuter Twitter. Oui, je prends mon téléphone pour aller aux toilettes, laissez-moi. Quand je vois que j’ai reçu un mail. Le mail que j’attendais, celui qui devait me dire que j’étais embauchée. Et bah… non. Alors que j’avais réussi les entretiens professionnels, j’ai chuté sur l’entretien “fit”. “Trop directe, sans filtre, discours pas assez construit”. Quoi ? Je le ressens comme un “tu bosses bien mais on n’a pas apprécié ton attitude à la machine à café”. Voire “tu as mal raconté ta vie, c’est un pouce rouge”. Bordel de merde. Etape 1. Ne pas pleurer. Je retourne à ma place et envoie quelques messages sur whatsapp aux personnes qui étaient au courant. Mon ex cheffe qui m’a recrutée y a pas un an est sidérée. Ca me rassure, son retour. J’ai envie de pleurer mais je peux pas. Je bénis le masque qui cache ma bouche dont les commissures descendent si bas.
De la déception à la colère
Puis, heureusement pour moi, je suis vite partie dans la colère. Comme dirait Maëlle, mon ex collègue “c’est une blague ? On met pas quatre entretiens à percevoir ça”. Bref, en résumé : soit une personne m’a trouvée insupportable lors de l’entretien d’affinités soit ils ont trouvé moins cher et plus performant sur le SEA, mon point faible. Je rappellerai lundi pour creuser. Mais point final là-dessus. Reste cette question : comment digérer la déception ? Parce que peu importent les raisons, qu’elles soient légitimes ou non. Je croyais avoir trouvé la voie royale pour réaliser mon projet et tout s’effondre. Je me sens retournée à la case départ avec un week-end parental que je ne compenserai pas, une fatigue en plus, de la confiance en moi égratignée, un trajet en train où j’avais prévu de lire et d’écrire et où j’ai bossé pour R. à la place… Mais attends, vraiment ?
Je suis la Reine du rebond
Là, il est temps de vous avouer un truc : je suis excellente dans le rebond. En vrai, si je devais citer ma principale qualité, c’est l’orgueil. Quoi, l’orgueil, une qualité ? Mais que dis-tu ? Oui, parce que mon moteur, c’est prouver aux gens qu’ils ont eu tort de pas voir que j’étais la meilleure. Ou que si je l’ai pas été, je vais bosser et le devenir, tout simplement. Par exemple, là, il y a un réel point faible, une corde que j’ai très faiblarde. Pas de soucis, mon gars. Je vais le bosser. On remet le travail sur l’ouvrage, on repasse les certifs, on lit plein d’articles, on devient plus experte que les experts et boum. Simple, basique. Basique, simple. Je connais toujours pas cette chanson, faudrait que j’arrête de la citer. Le rebond. Point.
Tout n’est toujours question que de point de vue
Et surtout, je réoriente mes projets. Bon, très bien, je suis pas prête de quitter ma boîte. Je déteste pas mal de gens là-dedans mais j’ai aussi des potes et surtout, on va arriver à l’été où je vais être relativement tranquille. Renversement des paradigmes. De un : je suis très grassement payée donc je vais pouvoir continuer à épargner pour sponsoriser mon éventuel futur chômage. Et je vais profiter d’avoir une mutuelle pour faire la tournée des médecins que je repoussais. Généraliste pour mon hypertension, gastroentérologue pour mon bidou qui me mène la guerre, radio pour la mammographie. Et si j’ai le temps ORL pour voir ce qu’on peut faire de mon audition nulle. Et on tisse une nouvelle histoire : on va trouver une maison puis je verrai avec ma boîte ce qu’on peut faire : remote, rupture conventionnelle… ou démission si rien ne passe. Je peux tout gérer, je me prépare depuis des mois pour ça.
On va y aller au feeling
Ou reprendre la recherche de taf à Bordeaux ? On verra. Au feeling. Là, je suis juste claquée. Entre ce processus de recrutement qui m’a pris du temps, la comédie musicale qu’on joue ce week-end et le taf, j’ai plus l’énergie. Comme dit mon mec “partons en vacances, tu verras après.” Oui. Se reposer. Prendre le temps. J’ai de la chance dans mon malheur, rien ne presse. Les quatre jours de présentiel imposés par ma boîte, je les fais pas. J’attendrai qu’on me dise quelque chose.
On va se consacrer à ce que l’on aime
Bref, chacun sa façon de digérer la déception. Je mentirais en disant que je n’ai pas un peu picolé et mangé de la glace vendredi soir pour faire passer. Mais finalement, j’ai pas pleuré et j’ai déjà un nouveau plan de bataille. La déception ne persiste que si on ne change pas de paradigme, de plan. Je pourrais me contenter d’un “oh bah c’est que c’était pas pour moi, ce poste, y a forcément mieux qui m’attend !”. C’est peut-être faux. On connaît ma grande malchance niveau pro. Mais dans mon cas, le temps, c’est de l’argent, littéralement. Garnir le bas de laine, profiter de ma mutuelle pour me faire un petit check-up et profiter que mon entreprise me sponsorise via mon salaire pour écrire, relire, chanter ou faire des tableaux Powerpoint. Tout va bien.
3 Replies to “Digérer la déception”
Hello d’une lectrice en sous-marin depuis une bonne dizaine d’années
Pour une fois je réagis : j’ai le même point fort que toi, cet orgueil (parfois un peu mal placé en ce qui me concerne) qui aide à rebondir.
Ma technique lorsque je me prends un râteau professionnel –> je postule chez leur concurrent (leur pire ennemi, du pire du pire de préférence) juste pour l’éventuel plaisir de les narguer en cas de réussite.
C’est un peu mesquin, mais rien que le fait d’envoyer un CV à l’ennemi réussit à faire passer ma déception… Et c’est moins calorique que la crème glacée ^^
Courage ! Mais je ne suis pas inquiète pour toi, ça va le faire 😉
Oh, merci pour ce comm adorable <3
Je note cette idée d'aller postuler chez le concurrent, ça peut être une excellente idée ! Là, je me repose un peu avant mes vacances. Mais je pense qu'en rentrant, je serai remontée comme un coucou et je vais me relancer. Je vais me consolider sur deux ou trois trucs et ça va le faire !