Quelle est ma valeur par rapport aux autres ?
En voilà une question cruciale. J’avais envisagé d’écrire un article sur mes nouvelles routines et tout mais mon nouveau boulot me pompe actuellement trop d’énergie pour sortir d’un métro-boulot-dodo. Ca et le froid. On va attendre de sortir de la phase d’apprentissage dans laquelle je barbote. Mais heureusement, je m’adonne à l’écoute de reportages et podcasts car j’aime savoir des choses. Et je suis tombée sur un reportage très chouette d’Arte (souvent de la bonne came) concernant les tendances positivistes des Humains, j’ai récolté quelques idées d’article. Dont celle-ci : quelle est ma valeur par rapport aux autres ? Parce que je sais pas vous mais moi, c’est l’éternelle montagne russe.
Moi, me croire meilleure que les autres ?
Postulat du reportage : selon certaines études, les Humains ont tendance à se croire meilleurs que les autres. Par exemple, sur le Covid, une forte majorité de personnes s’étaient déclarés peu susceptibles de l’attraper. Bon, pour ça, j’ai envie de dire qu’il suffisait d’aller sur Twitter et voir tout le monde se vanter d’être un.e chef.fe du geste barrière. La maladie ne passera pas par moi ! Perso, si je n’ai pas (encore ?) été contaminée, ce n’est pas grâce à mon sérieux en toutes circonstances. Déjà parce que faut arrêter de croire qu’on est 100% safe et qu’on ne commet aucune erreur. Si mon nez reste bien rangé dans les transports, je suis allée au resto ou à la salle de sport. Je suis même allée au boulot où mes anciens collègues faisaient strictement n’importe quoi. Les nouveaux sont pas oufs sur le sujet mais on a des fenêtres pour aérer. Et surtout, y a peu de monde qui vient. Bref, si je n’ai pas chopé ce virus, c’est un peu parce que j’ai essayé de faire attention, un peu parce que la personne qui partage ma vie et mon lit ne l’a pas chopé. Peut-être un peu grâce à mon système immunitaire. Oui, j’ai jamais chopé une gastro de ma vie. Mais surtout parce que j’ai zéro vie sociale. Un peu par choix, beaucoup par flemme.
Je me donne peu de valeur, il me semble
Le Covid est un exemple mais grosso modo, on s’estime meilleur que les autres. Forcément, je fronce un peu les sourcils devant cette affirmation. Ca ne me concerne pas du tout, messieurs dames les journalistes. De quoi parlez-vous ? Je suis quelqu’un de très optimiste, hein. Mais je trouve toujours que je suis la plus nulle en tout ou presque. Même ce que je sais être mes hauts talents, je doute très vite. J’écris bien mais j’arrive pas à vendre de livres contrairement à d’autres. Donc je suis pas si géniale que ça. Je chante bien mais finalement, dans ma troupe de comédie musicale, c’est le cas de tout le monde. Et moi, en plus, j’ai fait une fausse note. Quelle idée de se lancer sur Björk ou Christina Aguilera, aussi. Je suis souvent satisfaite de mes photos mais un coup d’oeil à Instagram et je me sens la plus nulle du monde et…
Faudrait voir à pas trop se comparer, quand même
Ah tiens, Instagram et le sujet de la comparaison, nous y revoici. Et on arrive précisément sur ce côté meilleur que les autres ou à peu près. Je le disais plus haut sur Twitter et le Covid mais ça touche tous les pans de notre vie. Ainsi sur Insta, on diffuse le beau, le réussi. Je ne montre pas mes cafouillages en PPT art. J’expose rarement mes échecs sur les réseaux sociaux et blogs, sauf à en tirer une leçon. Mes photos de Grèce de cet été, je me suis focalisée sur les jolis couchers de soleil et les panoramas de plage. En vous épargnant mes photos de type “abandoned” ou les photos boueuses des jours de pluie. Je parle de moi mais ne mentons pas, on fait tous ça. On va poster nos jolis outfits préparés avec soin et rarement poster une photo de nous en jogging et sweat à la maison. Nos jolies manucures mais pas nos ongles crasseux ou cassés. Nos plantes en pleine santé et pas celles qui sont mortes, etc. On nourrit notre égo de nos réussites et j’ai envie de dire : encore heureux. Autant je suis la reine de la flagellation, autant j’essaie de sortir de cette gangue de modestie factice dans laquelle j’ai été élevée.
Oui, en vrai, je m’estime assez haut
Et j’en reviens à la question initiale. Est-ce que je me considère mieux que les autres ? Et bien je l’avoue : oui, pas mal. Je peux très vite douter et me sentir la plus nulle, sensation que je déteste. Mais en vérité, je me suis souvent mise en danger par excès de confiance. Enfin, mise en danger… je suis pas partie escalader une montagne à mains nues en me disant que ça allait être facile. Déjà parce que j’ai une peur panique de la chute. Ensuite parce que je ne sais absolument pas mobiliser la force de mes bras. Ce qui fait que je suis incapable de faire les figures d’équilibre sur les mains en yoga car j’ai pas confiance en mes bras et avec la peur de la chute… Mais je me suis longtemps crue bonne en yoga. Forcément, avec mon hyperlaxie… Alors oui, je gère de ouf le basique mais dès qu’on rentre dans les figures de lâcher prise, c’est l’échec et la frustration. Là où je parle de “mise en danger”, très relative, c’est cette vilaine habitude de me reposer sur mes facilités. Au collège ou lycée, je ne faisais jamais mes devoirs car je n’en avais pas besoin. Estimais-je. Je m’en suis bien sortie, hein, je traînais entre 12 et 15 de moyenne, 16 parfois, selon les matières. Mais l’autre jour, en matant mon carnet de notes retrouvé à la faveur du déménagement, je me dis que j’aurais tellement pu faire mieux. Idem pour ma carrière. Je m’en serais donné la peine, j’aurais pu tellement devenir cette directrice incompétente payée plein de k€ à faire semblant de savoir ce qu’elle fait. Oui, j’ai un syndrome de l’imposteur, évidemment. Mais c’est une fausse perception… tant que je n’ai pas atteint mon niveau d’incompétence.
Moi, je lis, je suis importante
J’ai des facilités et je me repose dessus. Je peux parfois être un peu dure avec ceux qui tardent à comprendre, ceux qui ne vont pas à la même cadence. Faut dire qu’il y a une certaine vénération de l’intellectuelo-culturel (?) qui nous encourage à ça. Moi, pendant longtemps, j’étais très fière de lire, d’écrire et je me plaçais très haut dans le ciel vs ceux qui regardent la télé-réalité ou TPMP. Autant aujourd’hui, je ne comprends toujours pas le plaisir que l’on peut ressentir face à ces divertissements que je trouve essentiellement cruels et méchants, autant ne pas les regarder ne fait pas de moi quelqu’un de meilleur. De la même façon, j’ai longtemps culpabilisé de ma culture et de mes goûts musicaux alors que… j’ai grandi dans une famille où on écoute peu la musique, où on ne va pas au concert ou au ciné. Je ne vais donc que très rarement à l’un ou à l’autre. Quant à mes goûts musicaux, je vais arrêter d’en rougir. Il n’y a ni pire ni mieux. Je vais pas m’excuser d’écouter ce que j’écoute.
Ni meilleure ni pire
Du coup, quelle est ma valeur par rapport aux autres ? Et bien… cette question n’a en fait aucun intérêt. J’ai des facilités dans certains domaines, des difficultés dans d’autres. Et il en va de même avec tout le monde. Il n’y a pas de meilleur ou de pire. Etre meilleur que les autres n’a pas d’intérêt. Déjà parce que ça ne veut rien dire et que c’est follement subjectif. Par contre, arrêter d’utiliser le mépris des autres pour se fabriquer un beau piédestal, je pense que ça peut être une voie très intéressante pour acquérir un peu de valeur. Pas de valeur égotique, hein. Juste de valeur humaine.