Comment sortir d’une boucle émotionnelle ?
C’est une vraie question que je pose, pas un article où je vais vous donner 1000 astuces pour vous sortir de là. Même si je vais essayer de partager mes tentatives, pas toujours fructueuses, de me sortir d’une boucle émotionnelle. Parce que la boucle émotionnelle, non seulement elle parasite tes pensées, mais elle peut faire mal au ventre, faire pleurer et grignoter la fondation déjà fragile de notre confiance en nous ou estime de nous. Oui, c’est pas anodin.
Une boucle émotionnelle, définition de Nina
Alors déjà, c’est quoi une boucle émotionnelle ? Alors je garantis pas l’exactitude du concept, c’est un mot que j’utilise pour décrire un état particulier. Cet état de rumination induit par une intensité émotionnelle que je n’arrive pas à diminuer… En fait, j’en arrive parfois à un point où je ne sais plus si je suis dans une intensité émotionnelle qui me fait ruminer… Ou si c’est cette rumination qui met le feu à mes émotions. Un cercle vicieux des sentiments. Ca vire vite à la bagarre dans ma tête. La colère et le doute s’écharpent pour choper le micro et essayer de parler plus fort que l’autre. La tristesse s’installe tranquillement, attendant son tour. La fatigue sait qu’à la fin, il ne restera qu’elle.
Violent volte-face
Vendredi, j’ai pris un coup. Des clientes avec qui tout se passait bien qui sont allées se plaindre à ma cheffe que je n’étais pas à la hauteur et qu’elles voulaient dénoncer le contrat. Bon, comme un mois plus tôt, les mêmes clientes me trouvaient merveilleuse et fantastique et que les reproches étaient somme toute ridicules… Mon préféré étant “elle parle en € et pas en $”. J’ai fait l’erreur une fois dans un reporting et j’ai modifié mais oui, je pense que ça mérite de me clouer au pilori. En plus, sur pc comme sur mac, c’est tellement plus chiant de taper le signe € que $… Bref, un sommet de mauvaise foi, ma cheffe m’a dit de ne pas le prendre perso. On va jusqu’au bout du contrat et ciao. Contrat qui devait se terminer dans deux mois, on m’a jetée sous le bus pour gagner un mois. Et filer le bébé à une autre agence.
Colère, doute et leçon de vie
Et là, j’ai été rongée par la colère puis le doute. La colère parce que téma le poignard dans le dos puis le doute parce que “mince, je me suis peut-être ratée pour de vrai”. Bon, en vrai, avec le recul, ça reste un magistral couteau dans le dos car certaines de leur plainte n’étaient jamais venues sur la table donc en faire un critère pour, finalement, ne plus vouloir travailler avec nous, c’est moyen. Puis la tristesse avec cette sensation que quoi qu’il arrive, je n’aurai jamais de bonheur au travail. Que je m’en prendrai toujours plein la gueule même si j’essaie de faire du mieux que je peux. Parce que j’étais investie sur ce client, j’y passais beaucoup plus de temps que ce que j’étais facturée. Tout ça pour ça. Moralité : le zèle ne sert à rien. Et faut vraiment que j’arrête de mettre de l’affect dans tout ça parce que ça permettra d’être détachée.
Astuce plan d’attaque
Mais bon, les résolutions pour que “ça n’arrive plus”, ça n’aide pas à calmer la boucle émotionnelle sur le moment. Quoique. En vrai, si, ça m’aide. Ca m’aide grave. Je fais toujours un plan d’attaque ultra rationnel pour me sortir d’une situation compliquée. Plan A, plan B, plan C. C’est ce que j’avais fait quand j’avais décidé de me barrer de chez Sunlight ou de chez Vinyl. Des plans. Mais le plan arrive dans un deuxième temps, quand la tristesse, la fatigue et le doute se sont évaporés et qu’il ne me reste qu’une colère froide.
Chut les voix dans la tête
En attendant d’arriver à ce moment où je reprends le dessus, il me faut donc une façon de sortir de la boucle émotionnelle. Et surtout faire taire les voix dans ma tête parce qu’elles fatiguent et n’aident pas. Surtout celle qui me dit “bah tu vois qu’en vrai, t’es nulle”. Quelle peste celle-là.
Dérivatif 1 : l’écriture
La technique la plus efficace, pour moi, c’est l’écriture. Faut vider le sac. Et l’avantage de l’écriture, c’est que je n’ai besoin ni de logique ni de censure car ça ne s’adresse qu’à moi. Enfin, je serai la seule à lire, je veux dire car évidemment, dans les choses à écrire, il y a :
- La lettre de vidange. Salée ma lettre. Quand on est en colère, ça défoule. On peut y aller franchement. Etre insultante, violente, méchante ou mesquine. Personne ne lira donc on se vide sans se modérer. On écrit à Machinette que c’est une connasse si ça nous fait du bien. Ce n’est pas un exercice intelligent ou raffiné, c’est un pur défouloir.
- Un article. Hé oui, j’ai commencé cet article dans la foulée car je partais en vrille donc… Un article ou sa version alternative :
- Entrée spéciale dans son journal intime, bujo, carnet de bord, appelez ça comme vous voulez. Là encore, il est important de ne pas modérer ses sentiments. J’avais parlé il y a quelques temps de la tendance que l’on a à réécrire l’histoire. Moi, ma spécialité, c’est d’édulcorer les sentiments qui ont pu être les miens et me dire, avec le recul, que j’avais exagéré. Typiquement, sur TGGP, je me disais “oh, tu es peut-être partie un peu vite” alors que non, je prenais des coups assez dégueulasses pour des raisons qui n’étaient pas liées à mon travail, ni même à ma personnalité. Je considère que consigner ces moments-là sert de ressource pour la suite. Souviens-toi les fois où ça n’a pas été et souviens-toi qu’après, c’est allé mieux. Ma mémoire fait naturellement ce travail d’édulcoration qui fait que je me sens démunie face à un gros tracas car j’oublie avoir déjà affronté ça. Bon, une telle malhonnêteté, je ne suis pas certaine, mais…
Dérivatif 2 : la musique
Mais il n’y a pas que ça. Car l’humeur est sombre, le ciel de mon paysage intérieur chargé de nuages noir. Dans ce cas-là, petit patch facile : la musique. En ce moment, je le confesse, je suis dans une période “playlist Eurovision”. Je sais pas comment c’est arrivé. Mais toujours est-il que l’Eurovision a cet avantage que pas mal de participants ont des titres plutôt enlevés sur lesquels on peut gigoter un peu. Oui, avec les départs et les réaménagements dans ma boîte, j’ai un bureau où je suis souvent seule. Donc air singing chorégraphié à balle. Dans ces moments noirs, plusieurs musiques peuvent marcher sur moi. Le côté joyeux et dansant. Avec notamment ma playlist “80-90s-2000s », par exemple. Là, la bonne humeur revient. La musique classique plutôt épique ou le bon rock qui gratte, ça le fait aussi. Pour la musique classique, je vous donne deux playlists Youtube qui fonctionne bien et pour le bon rock qui gratte, j’ai un souvenir assez précis de m’être relevée au son d’Apocalyptica, il y a longtemps. Et pour l’Eurovision, maintenant, j’ai souvent Bim bam toi dans la tête. Ou Cleopatra.
Dérivatif 3 : le sport
Evidemment, ça dépend de chacun. Je pourrais recommander la marche ou le sport. Ca défoule. Mais dans mon cas, ça marche moyen parce que je ressasse. C’est du bon carburant pour de la marche rapide, je dis pas, mais je reviens de ma séance limite plus survoltée qu’en partant. En plus, me connaissant, c’est facteur de distraction. Pour tout dire, quand j’ai récupéré mon vélo vendredi en rentrant à la maison, j’ai bien fait attention car, énervée comme j’étais, j’aurais été foutue de me montrer imprudente et de me foutre par terre. Bon, en vrai, ça va puisqu’en sortant du bureau, j’ai juste fait dix minutes de vélo pour aller me garer dans le centre. Je suis rentrée chez moi bien plus tard après une séance de ciné qui m’a fait bien du bien, aussi. Heureusement que le film était bien. Allez voir Furiosa.
Dérivatif 4 : combler un besoin primaire
D’autres vont aller se réfugier dans la nourriture, la boisson, la cigarette, selon son vice. Et franchement, c’est ok, lâchez-vous la grappe. Si vous avez besoin de nourriture doudou à ce moment-là ou d’aller fumer une clope, c’est parti. Vous êtes déjà stressé·e, c’est pas la peine d’en rajouter avec des injonctions “gna gna gna, c’est pas bien”. C’est pas un Kinder qui va vous tuer. Bon, pour la boisson, l’alcool sur le lieu de travail, non, hein. Et de façon générale, on évite d’aggraver le malaise en rajoutant une bonne grosse beuverie dans l’équation. Ca, c’est peut-être que moi mais j’ai remarqué que la pire ennemie de l’estime de soi, c’est la gueule de bois.
Chouchoute-toi
Bref, pour se sortir d’une boucle émotionnelle, il faut penser qu’à soi et qu’à soi le temps que ça se calme. Respirer si ça vous fait du bien. Aller prendre l’air, écouter de la musique, dessiner, broder. Ce que vous voulez selon ce qui est à votre disposition. Parler aussi, ça peut le faire si vous avez une oreille attentive dans le coin. Ou parler de tout autre chose. Ca m’a aidée, ça, vendredi. Pendant le dej, avec un des alternants, on a parlé de vacances, voyages… Rien à voir avec le boulot et ça m’a fait du bien. L’idée, c’est vraiment de prendre ces quelques minutes pour vous, pour redescendre. Même si le temps, vous ne l’avez pas. De toute façon, vous allez ruminer et vous n’avancerez pas du tout alors autant vous soigner.
Au pire, était-ce si grave ?
Et non, vous n’êtes pas nul·le. Et même si votre tourment est causé par une erreur de votre part, une mauvaise conduite, etc. Souvenons-nous qu’on a le droit de se planter. Après tout, même si j’avais été mauvaise sur ce client et que ses reproches avaient été mérités… j’aurais qu’à en tirer des leçons et faire mieux la prochaine fois. Après tout, je n’ai tué personne. Ca aussi, écrivez-le bien quelque part. Pour le dégainer à la prochaine boucle émotionnelle.
Voir le positif quoi qu’il arrive
Et comme j’accepte mes imperfections et le fait de ne pas être vertueuse… j’espère que leur prochaine agence fera un mauvais taf. Qu’ils respecteront la durée d’intervention spécifiée dans le contrat et qu’ils en feront donc trois à quatre fois moins que moi. En attendant, je retire du positif : cette mission de quelques mois m’a été profitable sur le plan de la connaissance de ce levier digital. Et ça m’a inspiré une idée dont je parlerai à ma cheffe dès lundi. Shine bright like a diamond.