Colonnades et vieilles ruines au parc Monceau

Colonnades et vieilles ruines au parc Monceau

J’aime bien cette petite série sur les parcs. Non seulement j’apprends des trucs mais en plus, ça me donne grave envie d’aller y faire un tour. Dommage que je me sois pas lancée dans cette série quand j’habitais à Paris. Surtout que Monceau, il a un petit goût de nostalgie. Un bout de moments heureux arrachés à une période un peu noire de ma vie. Car oui, comme les Batignolles, Monceau fut le théâtre de quelques déjeuners alors que je bossais pour l’employeur qui me fit prendre du Lexomil. Un des grands traumatismes de ma carrière. A chaque fois que j’y retourne, j’ai un peu le sourire aux lèvres car les déjeuners étaient alors le meilleur moment de la journée. Allez, c’est parti, on visite ! 

Vue du parc Monceau

Très cossu

Le parc Monceau, c’est typiquement ce genre de parc qui, de l’extérieur, ne te paraît pas bien grand et pourtant. Huit hectares, ce n’est pas rien. J’adore ce parc parce qu’il a une aura élégante. Je n’ai aucun mal à visualiser les dames et leurs belles robes et leurs petites ombrelles, les hommes avec leur chapeau haut-de-forme. Oui, j’ai grandi avec les Playmobils Belle Epoque, que voulez-vous. Mais entre les colonnades et les riches hôtels particuliers qui bordent le parc, forcément, on sent qu’on est en milieu cossu. Et vous allez voir que l’histoire du parc est totalement lié aux fantaisies des gens riches

Une playmo au parc Monceau

Les fantaisies d’un Duc

Mais c’est quoi l’histoire de ce parc ? Contrairement aux Batignolles et aux Buttes-Chaumont, tout ne commence pas sous le Second Empire, non, non. L’histoire du parc Monceau débute au XVIIIe siècle, pas très longtemps avant la Révolution. C’est le duc de Chartres qui fait construire une folie par Colignon, un pavillon octogonal à deux étages entouré d’un jardin à la française. A peine construit, notre Duc a la folie des grandeurs. Pour faire concurrence aux autres beaux jardins et même un peu à Versailles, rien que ça, notre bon duc réclame un jardin des illusions avec une ferme suisse, des moulins hollandais, une pagode, une pyramide, des ruines féodales, des temples romains. C’est la folie, oui. Le tout disséminé entre bosquets et îles. Et comme ce n’est pas assez, on creuse une rivière qui vient alimenter un grand plan d’eau destiné à représenter des batailles navales et on crée quelques grottes. On savait vivre à l’époque !

Une rivière artificielle

Le bureau haut perché

En 1787, le jardin est amputé pour construire un “bureau d’observation” dans un pavillon qui ressemble fort à une rotonde avec 16 colonnes et un dôme en guise de toit. De ce bureau surélevé, il était possible d’avoir une vue privilégiée du parc. Ce bureau, vous pouvez le voir aujourd’hui en rentrant par le boulevard de Courcelles. Par contre, je n’arrive pas à voir si on peut la visiter genre pour les journées du patrimoine donc je suppose que non. A noter que le toit actuel date de 1861. A l’époque de notre ami le duc, il était beaucoup plus plat. 

La barrière de Chartres

Nationalisation et amputation

Mais voici la révolution ! En 1793, le jardin devient bien national et en 1797, le premier parachutiste de l’histoire, André-Jacques Gamerin, y atterrit après avoir sauté d’une montgolfière. Je ne sais pas bien quoi faire de cette information mais elle existe. Après ce petit exploit, le parc connaît une période plus sombre. Peu ou pas entretenu, la folie est démolie, le temple de Mars part au château de Neuilly. Il a atterri depuis sur l’île de la Jatte qui a accueilli nombre de mes promenades. On le voit bien de la ligne 1 quand la ligne se fait extérieure sur le pont de Neuilly. Le jardin est peu à peu grignoté. De 18 hectares, il tombera à 8 lors de la création des Boulevards.

Le parc Monceau

Alors que revoilà le Second Empire

Les Boulevards, Haussmann, second Empire… Et oui, on y est, voici la Renaissance Monceau sous l’égide d’Adolphe Alphand donc je vous ai déjà parlé sur les Batignolles et les Buttes-Chaumont. Sur les vestiges du jardin, il recrée un parc ceinture par de majestueuses grilles avec ses monumentales entrées. Il recrée une rivière et le petit pont qui va avec, la cascade et la grotte avec des stalactites en ciment. En parallèle, de riches familles achètent des terres gagnées sur le jardin initial pour créer des hôtels particuliers avec vue sur le parc.

Le pont du parc Monceau

Et la célèbre Naumachie

Ok mais tous ceux qui connaissent Monceau vont me dire “heu, meuf, tu oublies un peu l’essentiel, non ?”. Si. Parlons de la Naumachie car elle est assez symptomatique de ce qu’est Monceau aujourd’hui. La Naumachie ? Oui, c’est le nom que l’on donne à la grande colonnade qui borde le petit plan d’eau. L’emblème de Monceau, selon moi. Elle provient du jardin d’illusion du début mais cette colonnade n’a pas été créée exprès pour le duc de Chartres. Non, les colonnes proviennent de la Rotonde de Valois, commandé par Catherine de Médicis pour servir d’édifice funéraire à la dynastie des Valois. Le monument fut détruit en 1719 mais notre ami le Duc n’a pas laissé ses colonnes se perdre.

La Naumachie de Monceau

Un parc un peu foutraque, finalement

Et c’est un peu ça, Monceau. Un amas des héritages du passé. Du jardin des illusions, il reste donc la Naumachie et la Pyramide. Malheureusement, les moulins hollandais ou un minaret. Vous trouverez également dans le parc une arcade Renaissance de l’Hôtel de ville de Paris, vestige de l’Hôtel après son incendie en 1871 lors de l’épisode de la Commune. Vous pourrez également croiser une lanterne japonaise qui date de 1982 et qui symbolise l’amitié franco-japonaise. Bref, un parc un peu de bric et de broc. La dernière fois que j’y suis passée, il y avait aussi une sorte de village de Schtroumpf créé par les jardiniers et qui a remporté le concours Décoflo 2021. Je ne sais pas s’il existe toujours mais j’avais trouvé ça fort chou.

J’aurais aimé visiter le jardin des illusions

Bref, j’adore flâner dans ce parc même si je crois que j’aurais adoré la version du duc de Chartres avec ses moulins et ses faux temples, ses fausses ruines… Enfin, si vous vous baladez dans le huitième, c’est impossible de ne pas y faire un petit tour. 

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