Ces lieux où l’on revient

Ces lieux où l’on revient

Pas du tout l’article que j’avais prévu à la base mais si je fais un planning édito, c’est bien pour ne pas le respecter. Car ma vie me suggère parfois quelques sujets que je saisis avec enthousiasme. Ca et le fait qu’en ce moment, j’ai un peu moins le temps d’écrire et que je dois régulièrement décaler des trucs. Mais là, j’ai envie de vous parler de ces lieux où l’on revient. Alors qu’on ne s’y attendait pas. Ces lieux qui nous rappellent notre propre histoire. Et comme j’aime bien narrer ma vie sous le prisme des signes et cycles, forcément, fallait que je vous en parle.

Les lieux où l'on revient
Photo prise le dernier matin où je suis allée dans cette boîte avant le confinement

Retour dans cette boîte quittée presque 3 ans plus tôt

13 mars, je rembauche donc dans une ancienne boîte. Curieusement, pendant mon chômage, j’ai rêvé à plusieurs reprises que je revenais dans une ancienne boîte. Epicea ou Sunlight pour l’essentiel mais aussi une autre ancienne boîte quittée y a presque dix ans. Mais jamais celle que j’ai re-rejoint pour de vrai. Sans doute parce que je suis partie sans rancoeur, les comptes réglés. Je suis partie dans ma superbe, alors que j’étais “la meilleure consultante sur mon sujet”. Ce qui n’avait pas beaucoup de valeur puisqu’à ce moment-là de l’histoire, j’étais environ la seule à faire preuve d’un minimum de motivation. Ce qui a sans doute facilité ma réembauche. Bref, je crois qu’inconsciemment, j’avais un peu idée que de me faire réembaucher dans une ancienne boîte où je jouissais d’une bonne réputation, ça me faciliterait la vie. 

Et rien n’a changé

Je suis réembauchée certes mais à Bordeaux, dans des locaux que je ne connaissais pas. Et on vient de déménager en plus donc de toute façon… Mais voilà, si je dépends de Bordeaux, je travaille avec toute la France dont… Paris ! Et mon chef n’ayant pas trop envie de me laisser toute seule à Bordeaux, décide qu’il est temps de me faire monter à la capitale avec lui. Oh gosh, je vais retourner dans mes anciens bureaux. J’avais quitté ce lieux le 04 août 2020, errant seule dans ces immenses locaux vides. Bah oui, mois d’août et post pandémie avec un retour plus que progressif en présentiel… Et je suis revenue. Dans des locaux quasi aussi vides car tu comprends, le mercredi, y a personne. Rien n’a changé ou si peu. Quelques tâches en plus sur la moquette… mais quelle idée de mettre de la moquette aussi ? Ca rutile un peu moins, sauf la machine à café ultra moderne.

Coffee space
(c) Jon Tyson

Les fantômes du passé

Finalement, là où la nostalgie s’est un peu mise en route, c’est quand j’ai pensé à ceux qui n’étaient plus là, les fantômes. Ah, oui, c’était là où mes collègues jouaient à FIFA. Ah oui, les longues pauses sur le rooftop avec Violette et Aurélien à se remettre à jour des derniers potins. C’est un peu étrange de revenir dans un lieu où on avait pas mal de potes et ne plus en avoir un seul. De mon époque, il reste une graphiste qui n’est pas là le mercredi, quelques chefs de projet et Marine qui m’a faite réembaucher et qui est dans la même équipe que moi. Sauf que Marine est en mission chez le client donc elle n’est même pas là. Elle nous rejoindra pour le dej. C’est un peu étrange, ce lieu connu où je me suis instantanément retrouvée mais qui est différent à l’intérieur. Le contenu que je connaissais a été vidé et je le remplis un peu comme je peux de nouveaux trucs. Thomas, mon chef, Antoine, le directeur du studio, Lina, la directrice conseil qui vient d’arriver aussi et qui doit trouver les journées au bureau bien longues. Laurent, le directeur de tout le pôle. C’est un peu drôle quand on y pense, de placer de nouveaux gens dans un environnement que tu connaissais d’avant.

La statue cheloue

Et puis y a le quartier et surtout cette statue. Une statue moche et improbable qui m’a accompagnée pendant des années. Parce que ce quartier, je l’ai fréquenté et pas qu’un peu puisque j’y ai connu trois boîtes différentes. Sur les deux premières boîtes, je n’habitais pas si loin et venais au travail à pied. Et il y avait cette statue que je m’amusais à saluer mentalement. Sur mes deux dernières boîtes, le dernier jour, j’ai levé les yeux pour la voir et lui faire mes adieux. Mercredi, j’ai levé les yeux et l’ai regardée, un petit sourire aux lèvres. Et nous revoilà. 

Un signe de la vie… ?

Comme je suis une reloue avec mes histoires de signes, cycles et compagnie, j’aime penser à ces lieux où l’on revient, comme un rappel, comme un signe de la vie qui me dirait… hmmm… alors là, je sais pas. Lors de notre virée au Frioul, je m’étais dit que c’était une virée de la revanche. Par deux fois, j’y suis allée dans un tourment de vie. Là, j’y allais alors que je me préparais une vie meilleure. Alors qu’en vrai, Facebook m’a proposé récemment les souvenirs de ma deuxième virée au Frioul et en vrai, j’étais pas dans la tourmente à ce moment-là. Mon pire drame était qu’un mec m’avait vomi dessus sur le bateau de plongée. Dégueu mais pas dramatique. Mais j’aime toujours, quand je reviens sur un lieu où je ne pensais pas revenir, projeter mon moi du passé. En mode “à ce moment-là, tu ne savais pas mais tu reviendrais.” Je marche dans mes propres pas. Un peu comme dans les jeux vidéos où tu fais la course avec ton fantôme de la course précédente.

Le port du Frioul 

Comment je vais depuis la dernière fois ?

Ces lieux où l’on revient entraînent aussi un petit bilan. Qui étais-je quand je suis partie, qui suis-je quand je reviens. Suis-je plus heureuse maintenant ou à l’époque ? Pour le Frioul, clairement, oui. Pour ma boîte actuelle, sans doute aussi. Je n’ai certes pas trop progressé professionnellement mais je suis dans une sorte de renonciation tranquille. J’ai ma douce maison et la vie qui va avec, je n’ai plus grand chose à réclamer. Mon seul but, c’est juste de faire des trucs que j’aime le plus possible et garder la pêche. J’ai sans doute mûri en acceptant que je n’avais d’autres ambitions que d’être peinarde et de m’inventer des vies d’autrices, roman et BD. Et de fantasmer sur ma petite boutique. 

J’aime les hasards de la vie

Et s’amuser des hasards de la vie parce que c’est ma grosse came, ça. Faire des checks mental à mes moi du passé en leur susurrant “ah, si tu savais”. L’autre jour, je suis même passée devant la fac de Bordeaux où j’avais passé quelques jours en me disant que je détestais cette ville. Check mental, meuf, la suite va t’étonner… Cet été, je prévois des vacances françaises, quelque part entre la Dordogne, le Périgord et la Vallée du Lot. J’ai pas encore bien décidé mais j’ai des souvenirs à certains endroits. Ces quelques jours passés en compagnie d’une amie après ma première grosse rupture. Ces quelques jours avaient été importants pour moi, ils avaient marqué un certain rebond. Je me souviens d’un matin où j’étais assise sur les marches de la maison de mon amie à contempler la campagne et je m’étais sentie en paix avec moi-même. Il y a des lieux où j’étais partie en week-end pour Pubilon, une de mes pires expériences pros. 12 ans plus tard, j’en ai bien chié niveau pro mais je suis toujours là, toujours debout. Ca mérite un bon gros check, ça. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *