Ce que je mange est une revendication
Nous sommes le 24 janvier et il est temps de se l’avouer : j’ai pas encore débuté mes résolutions de bonne énergie. Bon, c’est pas 100% ma faute : ma cuisine n’est toujours pas finie, je viens de commencer un nouveau taf et la semaine dernière fut une souffrance. Mais pendant que je pédalais dur dans la choucroute, j’ai découvert un nouveau podcast, Les Bouffons. Ca parle de cuisine, de nourriture et c’est hyper intéressant. Notamment sur l’épisode sur les frites avec le mec qui a la voix la plus sensuelle du monde mais aussi l’épisode sur les détox qui m’a délivré un message important. Ce que je mange est une revendication. Ou à peu près.
Les repas dont on est fier.e… et les autres
Nous avons grosso modo deux types de repas : ceux fait en présence de personnes où l’on va manger plus ou moins correctement. Et ceux que l’on fait seul.e et qui peuvent virer au nawak. Vous savez, ces “repas” craquage composé de glace américaine supplément triple caramel et morceaux de cookie dough. Ou de Kinder, ou de fromage. C’est une meuf qui adorait manger du surimi étalé sur des cracottes avec un peu de beurre salé qui vous dit ça. C’est marrant comme j’ai toujours cru que c’était le sucre mon souci alors que j’ai une alimentation clairement trop salée pendant des années. Coucou l’hypertension ! Bref, les gueuletons de la honte avalés plus ou moins distraitement devant un ordi. Voyez le genre. Mais en public, on ne fait jamais ça, non, non. J’ai bien fait quelques soirées vin et fromage avec des amies mais des soirées Kinder, non, jamais. Et j’aurais pas envie, à y penser.
Mon alimentation fait partie de mon identité
Pourquoi cette différence de comportement ? Parce que ce que je mange fait partie de mon identité. Enfin, de celle que je veux présenter. Ca rejoint mon article sur la nouvelle salariée que je veux être, vous voyez ? Quelle facette de moi je présente au monde. Une facette qui peut être loin de la réalité. Je vous rappelle la confession de Cindy Gagnol, nutritionniste qui faisait des vidéos à base de “faut surtout pas grignoter”… Avec un tiroir plein de chocolat. Et je ne parle pas forcément d’écarts. Je parle vraiment du mangeur ou de la mangeuse qu’on veut être en société.. et des crispations que cela induit. Et je reviens à mon podcast, donc.
J’expose mon alimentation
Dans les Bouffons, Emilie Laystary s’entretient avec Bernard Lavallée, un Québécois qui réalise des balados sur la nourriture, lui aussi. Ca s’appelle Le nutritionniste urbain, si ça vous intéresse. Il intervenait sur le sujet des détox et l’incroyable arnaque que cela représente. Il expliquait également qu’il était compliqué de s’inscrire en faux face à ces pratiques car les gens qui s’y adonnent ne supportent pas que l’on ose critiquer ce qu’ils mangent. Car nous sommes ce que nous mangeons. Et oui. Et j’irai plus loin. A l’heure des réseaux sociaux, ce que je mange est une revendication. On photographie nos jolis plats, nos jolies sorties. Moi la première, hein. J’ai encore clamé mon amour de la soupe récemment. Regardez, je mange des bonnes choses, des légumes de saison, un bon petit plat fait maison parce que je suis bonne cuisinière. Je prends soin de mon corps mais je sais aussi être un peu déglinga et céder à la gourmandise car je n’ai aucun TCA, non, non. Cf les Confessions de Betty sur le sujet. Assez terrifiant.
Manger, c’est clivant
Aujourd’hui, manger devient si clivant que ça devient politique. Régulièrement, c’est la bagarre sur ce qu’un “bon Français” doit manger. Un bon Français mange de la viande et boit du pinard. Mais rassurez-vous, je ne suis pas raciste, je mange du couscous et de la brick à l’oeuf, hein ! D’ailleurs, le couscous est le plat préféré des Français, dans ta gueule l’extrême-droite. Alors perso, quand je mange du couscous ou une tajine, des gnocchis, paëlla, sushis, naans, pad thaïs… J’ai zéro revendication politique. Je n’aime pas le couscous parce que je suis cosmopolite. J’aime ça parce que c’est bon. Comme la blanquette de veau si vous voulez du patrimoine culinaire français. Mais surtout, l’intolérable, c’est le véganisme. Voire le végétarisme tout court. Ne pas manger de la viande, c’est un crime. Mais pourquoi ? J’ai toujours été sidérée de la violence des attaques contre les végétariens. Mais qu’est-ce que ça peut vous foutre, en fait ? Et on en revient au même point : ce que je mange est une revendication. Et je prends mal que des gens puissent critiquer ma consommation de ci ou de ça.
Nourriture ou médication, même combat
Je prends ici le prisme de la nourriture mais je pense que je pourrais écrire le même article sur le soin. Je n’ai jamais autant vu de clivage entre les partisans de la médecine naturelle vs la médecine dite “chimique”. La détox est d’ailleurs un excellent exemple de médecine dite naturelle. Sauf que bon, y a rien de particulier à soigner. Si le corps ne fait pas bien son travail de détoxification, c’est pas vers l’eau chaude au citron qu’il faut se tourner mais vers un vrai médecin. Après, je ne critique pas forcément la médecine naturelle. Si tu veux boire de l’eau chaude au citron, up to you. Ca m’arrive de temps en temps de me faire une eau chaude au miel et au citron juste parce que j’aime bien. Je n’en attends qu’une satisfaction des papilles et un petit réchauffement. Après, de toute façon, j’ai trop la tuyauterie flinguée pour qu’un peu d’eau chaude remette tout propre là-dedans. Merci la génétique.
Que manger pour être ?
Mais du coup, puisque manger est une revendication… je mange quoi ? C’est peut-être une façon de changer de régime alimentaire. Si on en a envie. Je pourrais commencer à faire la meuf végé au boulot… Non mieux. Il est peut-être temps de prendre pleinement en main ce destin qui m’est promis, celui dont je rêve depuis des années sans oser trop l’imposer. Je pourrais devenir… influenceuse soupe. Parce que la soupe, c’est la vie.
2 Replies to “Ce que je mange est une revendication”
allez hop, un bon endroit pour faire tes débuts d’influenceuse soupe
https://www.festivaldelasoupe.fr/
Ah génial, merci !