Montsouris, le parc qui fait (un peu) bosser les mollets
Jusqu’à présent, je vous ai pas mal parlé de parcs du nord de Paris. Essentiellement parce que j’ai vécu 15 ans rive droite et plutôt au-dessus de Paris. Donc forcément, j’allais dans les parcs dans le coin. Mais là, j’ai un peu envie de changer d’air ! Allons faire une petite excursion côté rive gauche avec un parc que j’aime beaucoup pour ses paysages vallonnés. Y a même un crocodile ! Et oui, je vais vous parler de Montsouris.
Encore un parc sur d’anciennes carrières
Si j’ai très peu fréquenté Montsouris du fait que j’étais pas du tout dans ce coin-là, c’est curieusement le premier grand parc dans lequel j’ai fait un pique-nique à mon arrivée à Paris. Je me souviens avoir trouvé ce parc immense ! Hé oui, 15,5 hectares, ce n’est pas anodin. Un petit peu moins que les Buttes-Chaumont dont il serait un peu le frère sudiste. Car l’histoire est très proche. Créé au Second Empire sous l’impulsion de Napoléon III qui voulait mettre des jardins à l’anglaise partout et de l’ingénieur Alphand, il se tient en lieu et place d’anciennes carrières, d’où cet aspect vallonné. Montsouris est une vraie prouesse technique. La construction démarre en 1860 mais ce n’est qu’en 1867 que le vrai chantier débute avec la nécessité de consolider les carrières. L’inauguration du parc a lieu en 1869 mais les travaux auront lieu jusqu’en 1878. Et on commence direct par une petite légende ! Le lac artificiel était alimenté par l’aqueduc d’Arcueil et le lac se serait vidé le jour de l’inauguration, faute d’alimentation. Une triste histoire avec le suicide d’un des ingénieurs ayant travaillé sur l’aqueduc mais à priori, c’est faux. Le lac semble bien s’être vidé une nuit mais en 1878.
Tranchée ferroviaire et observatoire
Lors de la construction du parc, une tranchée à été creusée pour permettre à la ligne de petite ceinture de passer à travers parc. Sachez que cette tranchée, appelée tranchée Alphand, est mondialement connue comme modèle d’intégration paysagère. Ce modèle sera d’ailleurs repris pour enterrer la ligne de Sceaux qui traversait le parc en surface et qui a, depuis, été récupérée par le RER B. Et puisqu’on parle de point remarquable, faisons un peu le tour des curiosités de ce parc. Outre donc le RER qui passe dessous. Parlons d’abord de l’Observatoire. Géré par la Marine de 1875 à 1900, cet observatoire avait pour objectif de compléter les connaissances astronomiques des officiers. Le public va s’élargir au cours du XXe siècle même s’il va être peu à peu abandonné, servant de lieu de stockage pour les archives du Bureau des longitudes. En 1983, c’est l’association française d’astronomie qui pose ses valises dans ce bâtiment abandonné. Aujourd’hui, vous pouvez observer le bâtiment en vous promenant ou faire un coucou à la cabane “du grand équatorial”, un minuscule bâtisse au toit bombé. Franchement, entre cette mignonne cabane et le bureau perché de Monceau, ça en fait des endroits où j’adorerais avoir mon petit bureau !
Météo et mire
Tant qu’on est dans la science, Montsouris a longtemps abrité une station météorologique. Si celle-ci a depuis déménagé à St Mandé, vous pouvez toujours observer les capteurs restés en place qui envoient des informations toutes les 6 minutes. Après l’astronomie et la météo, on finit sur la géographie avec la mire sud du méridien de Paris qui sert à marquer… et bien le méridien de Paris. Elle servait initialement à calibrer l’alignement nord-sud des instruments de mesure. Les instruments étant en fait situé dans l’observatoire susnommé, la mire est légèrement décalée. A noter que la mire nord est installée, elle, dans le parc du moulin de la Galette… hélas privé.
Des petits animaux mignons
A force de marcher, on a une petite faim ? Posons-nous quelques instants au Pavillon Montsouris, appelé Pavillon du Lac parce que judicieusement situé au bord du lac artificiel. Celui qui s’est vidé la nuit. Si vous avez un petit fétiche pour les people, le lieu a reçu pas mal de gratin comme Sartre ou de Beauvoir, Marcel Carné ou encore Lénine et Trotsky. Attention, c’est un restaurant donc vous ne pouvez pas vous y poser pour siroter une petite citronnade à 15h30. Mais vous avez beaucoup de bancs pour profiter du lac et observer sa faune : des oies, des canards, des poules d’eau, des cygnes et des corneilles pour vous mettre des coups de pression quand il fait peu beau. Avec de la chance, vous pourrez voir des perruches à collier, reconnaissables à leur beau plumage vert ou un troglodyte mignon. C’est son vrai nom, troglodyte mignon. Est-ce que je le mentionne juste parce que je trouve ce nom incroyable ? Oui mais aussi parce que c’est un petit oiseau trop adorable. Et si vous préférez une faune plus terrestre, vous pouvez voir des tortues ou le fameux crocodile ! C’est juste une maquette en bois grandeur nature mais je suis toujours très fan de ce genre de cocasseries, moi.
Des statues et des cascades
Le parc regorge de statues aussi. Comme cette statue d’une lionne qui se bat avec un serpent réalisée par Georges Gardet ou La mort du lion d’Edmond Desca. Il n’y a pas que des statues d’animaux, vous avez aussi une très belle statue d’Antoine Etex, les naufragés. Un petit esprit radeau de la méduse. Vous avez également la romantique statue “un premier frisson qui orne un petit bassin”. Ou encore le groupe de baigneuses par Maurice Lipsi qui n’est pas sans rappeler le fameux tableau de Renoir. Evidemment, ma chouchoute, c’est la colonne de la paix armée, une colonne au-dessus de laquelle trône une femme ailée armée, donc. C’est ma préférée parce qu’on tombe dessus quasi en rentrant dans le parc côté Nansouty et je trouve que ça fait son petit effet. A noter aussi la statue de L’Accident de carrière d’Henri Bouchard, rappelant ce qu’était Montsouris avant d’être cet élégant parc. En autre curiosité, citons également le joli kiosque, les petites cascades et aménagements de rocailles, un peu comme aux Batignolles, le théâtre de Guignols et les guérites de gardien.
Et un bâtiment qui n’existe plus
Mais je veux finir cet article sur un dernier bâtiment… qui n’existe plus. A savoir le Palais du Bardo, reproduction à échelle réduite du bey de Tunis, créé pour l’exposition universelle de 1867. J’ai un peu envie de faire un article sur les vestiges des expositions universelles, d’ailleurs. Reconstruit au sommet du parc, il abrita notamment un observatoire météorologique. Fortement dégradé, il fut totalement évacué en 1974. Racheté par le gouvernement tunisien qui devait le rénover mais il brûla entièrement le 05 mars 1991. C’est un peu comme les nombreuses merveilles du parc Monceau originel ou le parc Mauresque à Arcachon dont je vous parlerai un jour. J’aurais adoré voir ça. Peut-être en ferai un PPT art un jour même si vu ma production actuelle, mmm…
Voilà, encore un parc parisien fort chouette même si bien squatté en été. Allez, la prochaine fois, je vous ramène au Nord !