Canalise ta colère

Je suis une colérique. Je m’agace très facilement dès que quelqu’un fait n’importe quoi et quand tu vis dans une grande ville, ça arrive tout le temps. Conséquence : je suis très vite contrariée. Exemple : fin septembre, je chope ma traditionnelle rhino-pharyngite… alors que j’ai arrêté de fumer. Conséquence : je rate mon cours de comédie musicale. J’étais fumasse. Mais la semaine dernière, j’ai réalisé que la colère était vraiment quelque chose à éliminer de ma vie au plus vite.

Colère dès potron-minet

Mardi matin. Comme tous les matins, on prend le RER avec Victor, y a un peu de monde mais ça va. Je lui raconte un peu des anecdotes, une discussion anodine, sans sentiments particuliers. Quand soudain, une femme assise (sur un strapontin…) juste à côté de nous me demande de façon très agressive “Pardon, vous pourriez parler moins fort ?”. Je la regarde en rigolant “non mais vous êtes sérieuse ?” puis Victor m’évacue immédiatement de cette potentielle embrouille en se mettant entre la femme et moi et on reprend notre discussion. Il me rassure néanmoins sur le fait que je ne parlais pas trop fort, juste que j’étais la seule à parler dans notre entourage immédiat. 

Agresser quelqu’un dans son bon droit ? 

A la gare suivante, je la vois se lever et marcher très raide et agacée vers une place plus loin. Je suis quand même assez choquée, Victor aussi. A quel moment tu reproches à des gens de discuter dans un lieu public et de façon aussi agressive ? Quand je suis agacée par un élément extérieur, je me pose la question : la personne est-elle dans son bon droit ? Exemple : je télétravaille le lundi et je révise un exam en anglais sur un outil que je ne connais pas concernant un métier qui n’est pas le mien . Or mon voisin joue de la perceuse toute la journée. Est-ce que je vais sonner chez lui pour lui demander d’arrêter ? Non car il est dans les heures autorisées pour les travaux, je n’ai rien à dire. Quand un groupe parle fort à côté de moi dans le métro, est-ce que je leur demande de se taire ? Non, même si leur conversation est hyper navrante. Idem si quelqu’un fume en terrasse à côté de moi et que ça me dérange parce que je viens d’arrêter. Il est dans son droit. Par contre, on peut s’exprimer avec douceur et gentillesse. Demander gentiment au fumeur s’il peut orienter la fumée de l’autre côté, par exemple. Non parce que si vous les agressez, vu qu’ils sont dans leur bon droit, vous n’obtiendrez rien. Avec de la douceur, par contre… bon, sauf la perceuse. Si travaux il y a, il faut bien les terminer. 

Ca bouillonne

Mais cette histoire ne m’a pas tant interpellée sur le ton employé que sur le bouillonnement de colère de la dame. Quand je lui ai demandé si elle était sérieuse, j’ai cru qu’elle allait me gifler. Alors déjà : qu’est-ce qui t’est arrivé pour être aussi en colère dès 9h du matin (on n’est pas très rigoureux sur les horaires en ce moment) ? Comment tu n’as pas été capable de redescendre de ta colère et même de l’entretenir en faisant ton sketch de meuf vénère qui change de place ? Sachant qu’en plus, à la station d’avant, on a failli se ramasser une classe de primaire qui pépiait fort sur le quai ? 

Et ça m’a fait un peu peur à dire vrai. Il m’est déjà arrivé de m’énerver un peu gratos comme ça et de faire mon sketch de la même façon. Alors pas si tôt le matin, surtout pas un matin où il n’y a aucun souci de RER mais je l’ai déjà fait… Et je ne veux pas être la harpie de service. Ce n’est pas gentil pour cette dame qui, effectivement, doit avoir de grandes contrariétés dans sa vie. Mais c’est vraiment le sentiment que j’ai eu. Ca et l’urgence de quitter Paris, aussi. Ce matin là, je me suis jurée de trouver les outils pour ne jamais, jamais, m’en prendre gratos à la meuf d’à côté juste parce que la marmite a débordé. Et vraiment, ça ne sera pas si facile, je me connais.