Le développement personnel, réponse à l’absurdité de la vie

Le développement personnel, réponse à l’absurdité de la vie

De temps en temps, je vais traînasser sur Youtube et tombe inlassablement sur des contenus sur le développement personnel mais plutôt dans la critique de celui-ci. Meta de choc, évidemment, Réflexions basses apparu récemment. Ou encore Julie Rideau qui est allée très loin dans les croyances, dépassant largement le cadre du simple développement personnel. Ayant désormais abandonnée ses croyances new age, tout comme Elisabeth Feytit de Meta de Choc, d’ailleurs, elle se retrouve un peu désemparée car elle n’a plus d’outils pour faire face à l’absurdité de la vie. Voilà qui m’intéresse. On va développer.

Se cacher de l'absurdité de la vie
(c) Oscar Keys

Cet article n’a vraiment pas pour but de moquer celleux pratiquant le développement personnel. Déjà parce qu’à un moment, j’ai pratiqué, moi aussi. J’ai résolument écarté tout ce qui tenait de la pensée magique car je n’y crois tout simplement pas. Je pense que certaines dispositions d’esprit peuvent faciliter le succès… ou surtout l’échec. Coucou l’auto-sabotage, l’auto-jugement, les pensées limitantes, etc. Mais la méthode Coué et ses dérivés ont leurs limites. Une fois écarté les préchi-préchas ésotériques, ce qui concerne quand même pas mal “d’outils” du développement personnel, sont restés quelques principes de vie comme le Miracle Morning mais qui, chez moi, se limitait à “se lever tôt pour faire du sport et écrire”. Habitude que j’envisage de reprendre, d’ailleurs. L’écriture d’un journal intime, parfois, ça me reprend. Par contre, le bujo, ça ne m’a rien apporté. La strong to do list, ça me pousse au burn-out. 

Cependant, on a parfois besoin de béquilles émotionnelles. Je dis que la méthode Coué a ses limites mais ça peut faire du bien de se reposer sur quelques croyances. Moi, par exemple, j’ai longtemps cru que la vie s’occuperait des crevures et des incompétents. Et puis j’ai commencé à travailler. Encore récemment, j’ai maté la gueule de notre nouveau gouvernement et j’ai compris qu’être une ordure n’était pas un obstacle à la réussite. Que tu pouvais être encore nommé Ministre alors que tu avais trahi à tour de bras, que tu étais détesté des deux côtés des Pyrénées et non sans raison… Sans parler de celle qui tape son meilleur fou rire alors qu’on parle des morts de Mayotte. Longtemps, j’ai cru que ces gens-là  paieraient. Mais comme dirait ma psy “le monde n’est pas juste, Mme Bolte”. 

Ne pas regarder l'absurdité de la vie
(c) Oscar keys (again)

Et c’est précisément là où je voulais en venir. Le développement personnel vient en réponse à l’absurdité de la vie. Enfin, de nos sociétés devrais-je dire. Cette période de late capitalism est en train de rendre folles les classes les moins aisées. Quand je dis classes les moins aisées, ça va jusqu’aux CSP+ ici. Combien d’entre nous font un job qu’ils tolèrent, au mieux parce qu’il faut bien payer les factures ? Combien d’entre nous voient graviter dans les sphères supérieures de leur entreprise de parfaits incompétents, parfois nuisibles, sans espoir de les voir prendre la porte ? Et le pire, c’est que nos propres portes de sortie se comptent sur les doigts de la main. Perso, j’ai beau détester Robert et lui souhaiter la faillite, déjà parce qu’il est nul, en plus d’être sexiste, réac, franchement méchant et très certainement raciste, je ne peux pas m’évader. Parce que ma branche est déjà assez saturée et hors Paris, point de salut. 

Alors j’essaie de gérer avec des solutions autres. J’ai un fond de tristesse ou de ras-le-bol à traiter et vu que, de façon pragmatique, je ne peux pas régler le problème, je cherche une solution quasi magique. Détendons-nous avec des pensées positives, de la méditation, du coloriage… Ceci étant dit, j’ai eu une peinture au numéro pour Noël et peindre en écoutant un livre audio, c’est ma top activité de ce début 2025. On doit bricoler pour maintenir un semblant de bonne santé mentale et on se retrouve vite démunis. Par exemple, mon rêve de vie, ce serait de me barrer une semaine au soleil en hiver, histoire de recharger les batteries. Genre ce que j’avais fait en Thaïlande en 2012, là. Sauf que depuis, j’ai développé une giga éco-anxiété qui se traduit par une éco-culpabilité. Prendre l’avion pour un caprice de meuf en recherche de vitamine D, sérieusement ? Et puis serrer les fesses en attendant les prochaines vacances, toute l’année, est-ce raisonnable ?

un parfum de vacances
(c) Elizeu Dias

Alors on cherche un sens. Tiens, c’est quoi mon ikigai ? C’est quoi mon étoile du nord ? Suis-je plus intéressée par un accomplissement personnel ou par la sécurité financière ? Moi, j’avoue avoir résolu l’équation : je veux vivre mes étés de jeune adolescente jusqu’à basculer dans ma meilleure vie de retraitée. Mes étés d’adolescente, je passais mes journées à faire des loisirs créatifs de type peintures à numéro, puzzles, sel coloré, bracelets brésiliens, trucs en perle… en attendant l’heure d’aller me baigner. Aujourd’hui, je consacre mes heures de loisirs à tout ça plus de l’écriture et je fais de l’aquagym, on est pas mal… Reste les 8h par jour consacrés au boulot où je procrastine de fou, me créant un stress peu utile et j’aurai peu ou prou mon ikigai. Reste à voir Robert prendre une retraite anticipée et on sera bien. 

Bref, on aime bien se moquer des gens qui s’adonnent au développement personnel, cherchent dans l’éther des solutions pour affronter l’absurdité de la vie. Mais on fait tous comme on peut. J’ai beau avoir une analyse critique sur les rapports de force qui régissent la société en général et le monde du travail en particulier, ça ne m’aide pas forcément à subir tout ça. Je ne cherche pas une solution magique, juste des outils pour apaiser les sentiments négatifs générés par une société profondément inégalitaire. Evidemment qu’il faut trouver une réponse collective, ne pas laisser chacun être responsable de son bonheur ou malheur mais… vu que je ne crois pas au Grand Soir et que je sais que les choses ne changeront pas demain, en attendant…

Gérer son mal-être comme on peut
(c) Marea Wellness

Cependant, le développement personnel, s’il peut apparaître comme une solution acceptable à un mal-être qui nous dépasse, peut entraîner certaines dérives… dont on parlera semaine prochaine. 

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