Que les choses m’arrivent par hasard

Que les choses m’arrivent par hasard

Si on devait me demander mon rêve le plus fou, ce serait de devenir la Laetitia Casta de l’édition. Quoi ? Elle écrit Laetitia Casta ? Alors j’en sais rien, je ne suis pas du tout au courant de sa carrière. Mais selon la légende, Laetitia Casta est devenue mannequin par hasard. Elle était sur la plage en Corse, une personne d’une agence de mannequin l’a repérée et hop. Défilés, shooting, Jean-Paul Gaultier, La bicyclette bleue, Louis Garrel. Et La Flamme. NB : j’ai peu d’avis sur Laetitia Casta mais j’aimerais que l’on exploite plus son potentiel comique. Alors moi aussi, je voudrais être découverte. Pas pour être mannequin vu que je n’ai ni l’âge, ni la taille, ni la sveltesse. Mais pour être autrice. Hé oui, la façon la plus aisée pour moi de me la raconter niveau talent, c’est d’être découverte par hasard. 

Je voudrais être découverte par hasard
(c) Hannah Olinger

Une belle histoire qui a failli arriver

L’histoire a bien failli arriver d’ailleurs. A la grande époque des blogs, j’avais été contactée pour écrire un bouquin sur les vingtenaires. Je m’y suis jamais mise…  parce que j’avais pas envie de parler de ça. C’était la grande époque où les maisons d’édition chassaient sur Overblog… Moi, je voulais publier un roman. Parce que c’est ce que j’aime écrire. J’aime essayer de ficeler mes histoires. Je suis pas contre les essais. Je rêve parfois de pondre une prose sur mes mille marottes, de la dystopie aux popular teens de la pop culture américaine, les soaps et là, je vais avoir une nouvelle marotte dont je devrais vous parler mercredi sur Raconte-moi des histoires. Teasing ! Mais écrire sur la génération vingtenaires, est-ce que ce n’était pas un peu trop prétentieux ? Je ne suis porte-parole de personne. Juste une provinciale qui débarque dans la capitale et galère à trouver un premier boulot, renonçant à son projet premier, faute d’opportunité. La galère est cependant relative puisque mes parents pouvaient m’aider donc pas d’histoire de coloc pour payer moins cher une piaule ou de courir des jobs alimentaires. Et puis y avait le cul, à outrance, via Meetic, Adopté un mec et je sais plus quoi. Pas Tinder, ça n’existait même pas. Pour dire le haut degré de péremption du truc. 

J’ai peur d’emmerder les gens

J’essaie de me faire violence et de pousser mes écrits à droite, à gauche, des fois que. C’est difficile, c’est fatigant. J’admire les gens qui savent faire leur pub sans trembler. Je les envie sans doute un peu. J’ai toujours peur de faire chier les gens avec mes projets, mes livres, mon envie d’en vendre plus de trois exemplaires. Alors je rêve d’un coup de pouce du destin. Que quelqu’un tombe sur mes écrits et se dise qu’il y a du potentiel. Oui parce que le défaut majeur de l’auto-édition, c’est le manque de regard critique mais ça aussi, j’ai un peu de mal… Susceptibilité ? Non, c’est plus que je peux vite être déstabilisée… et du coup, prendre une critique tellement à cœur que je peux tomber dans l’excès inverse. Genre on m’a fait remarquer que je chantais trop bas des chansons. Du coup, les fois suivantes, je partais plus haut…  et c’était trop. Parce que je ne me fais pas confiance ? Et bien… oui. 

Que le destin me tende la main

Autre point : j’ai été élevée dans une bulle de « ne te fais pas remarquer ». Quelque part, il y a une connexion entre ambition et prétention. Oser dire que je pense avoir le niveau pour être publiée, c’est du pur égo pour moi. Avoir de l’ambition, c’est presque péché. Alors que concrètement, je suis assez sûre de ma plume. Après, est-ce que mes fictions tiennent la route, c’est une autre histoire. Surtout qu’écrire un roman, c’est comme réaliser une grosse présentation PowerPoint. Quand t’as le nez dedans pendant des jours, tout te semble parfaitement logique et sibyllin. Et puis tu montres ton travail à une autre personne et elle te regarde « mais comment tu en arrives là ? » Et toi tu expliqués mais clairement, y a un hiatus dans l’histoire. Bref, il faut des fois que quelqu’un prenne un peu les commandes pour que ton histoire aille là où tu voulais. Indépendamment de ton style. Et je parle même pas de quelques impératifs d’édition où, je suppose, il doit y avoir des tendances. Mais je n’y connais rien. 

Les tendances en matière d'édition
(c) Green Chameleon

Et je voudrais enregistrer un EP

Je n’ai pris de conscience de ça que récemment. Que la seule façon d’envisager une histoire heureuse sur l’édition, c’est de pouvoir mettre la main sur le cœur en jouant les étonnées. Oh mais c’est incroyable, je n’avais rien demandé à personne. Rougit rougit. Je pourrais faire le parallèle avec la chanson. Je n’ai pas d’ambition musicale à proprement parler. Déjà parce que je ne joue d’aucun instrument et que je ne sais pas écrire de chanson et que le chant est avant tout une activité ludique pour moi. J’adore chanter et, de l’avis des personnes qui m’ont entendue, je m’en sors bien. Après des gens qui chantent juste et qui ont un brin de voix agréable, y en a des trouzaines. Je ne pense pas avoir quelque chose à apporter de ce côté là. Mais il ne me déplairait pas qu’il m’arrive un truc chouette genre intégrer un groupe et enregistrer un EP, je ne sais pas. Juste pour tenter l’aventure. 

Une belle success story à raconter

Et puis y a ça, aussi. L’histoire. En édition, l’histoire est rarement « cet auteur a envoyé un manuscrit, on l’a publié. » Non, les auteurs sont découverts, souvent. Dans la narration de la success story, j’entends. Il est presque étonnant que Bernard Werber confesse sans trembler que son scénario des Fourmis, il l’a envoyé sept ou huit fois à la maison d’édition qu’il voulait (Gallimard ?) avant que les choses ne se déclenchent. Un point pour l’opiniâtreté Bernard. Perso, j’ai envoyé un manuscrit, une fois, et j’ai bâclé de fou donc bon… Mais voilà, les gens talentueux, on aime nous expliquer qu’ils n’ont pas galéré, que tout fut simple car le talent suffit. Sauf que finalement, le talent d’écriture, ou de chant, est-ce si rare que ça ? Franchement, j’ai pas l’impression. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Surtout quand on n’a ni le réseau ni les codes. Tellement que dès que quelqu’un qui ne fait pas partie du milieu y arrive quand même, on part direct en belle histoire de découverte, petite pépite autrefois recouverte de la boue de l’anonymat. Donc tu mélanges mon éducation à base de “chut, pas de bruit” et ces histoires de célébrités juste placées au bon endroit par le destin et tu obtiens une Nina qui n’arrive pas à envisager le succès autrement que par hasard. Peut-être parce que c’est moins fatigant, aussi…

On va débroussailler tout ça

En tout cas, dans cet article, j’ai soulevé deux ou trois sujets que je vais filer les semaines prochaines. Oui, j’ai évacué un gros sujet au boulot qui me paralysait un peu donc maintenant, je vais avoir plus de temps pour écrire, ouf.

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