En vrai, ce que je recherche, c’est l’apaisement
L’avantage quand tu es dans le coup de mou, c’est que tu consacres beaucoup de temps à réfléchir à ce qui ne va pas et ce que tu pourrais faire pour que ça aille mieux. J’ai identifié mes axes. Déjà, refaire du sport pour de vrai. Y a que la sueur qui me détend, c’est comme ça. Mais surtout, j’ai réalisé que je me trompais de quête dans ma vie, au global. Rien que ça. Oui, pendant toutes ces années, j’ai cherché l’épanouissement alors qu’en vrai, la seule chose que je veux, c’est… l’apaisement.
Une vie pas si imparfaite. Mais…
J’ai pas une vie dégueulasse. J’ai globalement la santé, ma vie privée est franchement chouette et je m’épanouis dans mes marottes artistiques. Je n’ai qu’un seul point noir dans ma vie : le travail. Si je devais résumer ma vie pro, je dirais clairement que c’est “la grande fuite”. Il est vrai que j’ai eu un paquet de managers toxiques. Manipulation, humiliation et mauvaise foi. Jusqu’à ma boîte actuelle qui est un summum de maltraitance sur les salariés. Quand je raconte mes aventures pro, mes amis et mes proches me regardent souvent, l’air désolé et lèvres pincées “t’as pas de chance, quand même”. Sans doute. Et croyez pas que c’est une vue de l’esprit. J’ai quand même réussi à dégager un chef car j’étais la dernière ligne de la liste des salariés qu’il avait cramés. Cependant, si je remets un peu les choses en perspective, je me rends compte que même quand ça va, j’ai zéro motivation pour mon job.
Travailler sans colère ?
En vrai, je suis souvent en colère. Dans le travail spécifiquement où on frôle toujours la crise de nerfs pour R. Que je ressens que tout ça n’est qu’un immense jeu de chat perché. Y a un truc qui va pas ? Vite, se jeter au visage les responsabilités et se percher au plus vite. Le dernier a perdu ! Inévitablement, la sentence ne me paraît jamais très juste, surtout que ça tombe souvent vers le bas de l’échelle alors que tout le monde était parfaitement au courant. Le fusible n’est un N++ que quand on cherchait une bonne raison de le dégager. Et vous savez ce qui me fait vriller, c’est l’injustice. Et si y a bien un univers où l’injustice prime, c’est bien le monde du travail. Genre les incompétents montés bien haut qui te font faire n’importe quoi car ce sont tes N++ mais quand ça merde, c’est ta faute ? On a tous vécu ça.
Au paroxysme de la haine professionnelle
Je hais ma boîte. Littéralement. J’ai juste hâte de demander à rupture conventionnelle pour partir vivre ma meilleure vie à Bordeaux. Je ne rêve que de chômage (et de reconversion) pour souffler tellement le monde du travail m’épuise. J’en peux plus du micro-management et des demandes ubuesques et des claquettes à faire pour expliquer pourquoi TU obtiens de mauvais résultats alors que tu n’as eu d’autres choix que d’appliquer les mauvais plans de ta direction. Je veux que ça s’arrête. Je ne veux plus des matins chagrins et lundi gueule de bois. Sans alcool. Sauf que si je me penche sur mon passé pro, une évidence : je n’y suis guère heureuse. Je ne suis pas convaincue qu’il s’agisse juste d’une question de milieu et de métier-passion. Et là, je me pose une question : c’est quand qu’on arrête de lutter.
J’arrive pas à lâcher
Car là est mon malheur. Je n’accepte pas mon sort. Pour un faisceau de raisons complexes. Par exemple, dans ma boîte des enfers, j’ai su Day one que j’y resterai pas longtemps. Bon, je vais fêter mes un an le 15 septembre mais quand même. Pourtant, je suis stressée quand vient l’heure de se faire taper sur les doigts. J’arrive pas à m’en foutre alors que j’aimerais me faire licencier car ce serait la solution la plus simple. Je ne suis pas zen, je ne lâche pas prise. Par professionnalisme, dirons certains, par ego et orgueil, dirais-je. Je sais que cette boîte n’a aucun pouvoir dans mon milieu et qu’il pourrait chier sur mon nom H24 pour me rendre inemployable que ça n’aurait aucune conséquence. Mais j’aime pas être la cancre. Je n’aime pas qu’on pusse penser que je suis peu compétente. Alors qu’en plus, j’ai utilisé toute mon énergie à me faire oublier de la direction plutôt que de faire réellement et sérieusement mon taf. Donc y a tout ce gloubi-boulga dans ma tête qui m’empêche de lâcher l’affaire mais surtout…
Je veux l’apaisement
En vrai, je veux juste l’apaisement. Prendre les choses avec plus de philosophie. Ne plus me battre contre des moulins pour un gain nul. Oui, le monde du travail est injuste et le sera toujours. On est tous à la merci d’un.e manager qui nous saque pour de mauvaises raisons. La bienveillance en entreprise est plus souvent une légende qu’autre chose. La boîte qui n’a pas voulu de moi car j’étais trop sans filtre était labellisée “bienveillante”. Bienveillante tant que tu dis pas que ça va pas ? Tout ça n’est qu’un petit jeu de dupes où il faut faire genre que ça va. Ceux qui se plaignent sont vus comme des esprits chagrins, des nuisibles. Alors oui, personne n’aime les gens qui ne font que se plaindre, concentré d’énergies négatives. Et comme je suis la bonne pote empathique, ça doit pas aider que tous mes collègues viennent me confier leur mal-être. En vrai, je ne cherche pas un métier qui m’éclate, je cherche une boîte où je peux être sereine. Je m’en fous du challenge ou de la bienveillance, je veux de l’apaisement.
Je veux plus être la bonne élève
Et on va pas se mentir : c’est à moi de gérer ça en apprenant à vraiment lâcher mon rôle de bonne élève. Parce que, vraiment, qui s’en préoccupe ? Surtout que je connais parfois ce moment de grâce, ces moments où je m’en fous et je me laisse porter par le courant. Mmm… La prochaine fois, je vais noter ce que je fais à ces moments-là, j’ai peut-être la clé mais je m’en suis pas encore rendu compte.