C’est juste une question de tempo

C’est juste une question de tempo

Si je devais résumer ma vie, j’y verrais une sorte de fuite en avant couplée à une foi en l’avenir sans failles. En résumé « d’abord je règle ça, après ça ira mieux ». Toujours ce côté « il suffit de changer un ou deux paramètres et hop ! ». Sauf que manifestement, je ne trouve pas le bon tempo et ma vie rêvée reste hors de portée.

Le temps qui s'envole

Toujours attendre la prochaine vie

Quelque part cet hiver, Anaïs me parle de son nouveau copain et m’explique « il veut finir de gros travaux avant de chercher un nouveau taf mais s’il le faut dans ce sens, il ne fera jamais rien. » Je hoche la tête avec grande conviction et un peu d’angoisse. Je sais qu’elle a raison car je me mets régulièrement dans la même panade que ce jeune homme. Vous savez quelle est la petite ritournelle que j’ai souvent en tête ? « Pour moi la vie va recommencer ». Parce que chaque surplus est vécu ainsi « allez courage, accroche-toi ! Tu fais ça et après, tu vas pouvoir te la couler douce. ». Quand j’étais étudiante, quand je passais mes soirées à retaper mes notes ou rédiger un mémoire, je me disais « Ohlala, ce sera tellement bien la vie active. Rien à faire le soir, j’aurai plein de temps pour écrire ! ». L.O.L . Idem quand j’étais au chômage. Ma vie était suspendue à l’obtention d’un taf. Et aujourd’hui, je n’attends plus que de changer de taf pour pouvoir vivre à nouveau tellement celui-ci me bouffe.

Métronome qui donne le tempoEst-ce que je n’attends pas un temps qui ne viendra jamais ?

Sauf que… est-ce que la nouvelle situation répond à mes attentes ? Je n’écris pas beaucoup le soir car je n’ai plus trop d’énergie. Ouais à 20 ans, on est frais. On peut enchaîner journée de cours, séance bibliothèque et retape des notes pour en faire quelque chose de lisible 3 mois plus tard sans trop trembler. A 38 ans, c’est un peu difficile de pondre de la reco, des plannings éditos, des audits, du reporting… Sans avoir le cerveau qui te coule un peu par les oreilles à un moment. Et le travail, est-ce qu’il m’a apporté une certaine félicité comme je l’esperais quand j’étais au chômage ? Il m’a apporté la tune pour me payer des vacances pour me requinquer de l’exploitation et culpabilisation quotidienne. Tant de souffrance pour juste un peu de plaisir… le monde du travail, c’est trop 50 shades of grey…

La souffrance au travailUne mauvaise feuille de route

Du coup, est-ce que je calcule mal ma feuille de route ? Non parce que le pire dans mon histoire, ce sont les regrets. « Ah, si j’avais su que l’on chômage serait si long, j’aurais voyagé, pris des cours… » « Pourquoi je me suis barrée de telle boite ? C’était si peinard, j’aurais pu écrire tout le temps entre 2 tâches, ca aurait été canon ». Bon, ok, j’étais bored out, comme on dit. Après, c’est facile de réécrire l’histoire, d’autant que je suis la reine pour mettre une très jolie patine dorée sur mon passé. Aujourd’hui, mes années chômage ne me paraissent pas si dramatiques alors qu’à un moment, je me couchais à 6h du mat en ayant un peu bu pour être sûre de m’endormir sans ressasser d’idées noires… Je regrette un peu de ne pas avoir profité de cette période pour voyager, m’améliorer en langues, prendre des cours… avec quel argent ? Chut, laissez moi réécrire l’histoire en y ajoutant une bonne couche de déni.

Femme nostalgique
Bref, le temps de faire les choses me parait toujours dans le passé ou le futur, jamais le présent… et il est évident que c’est un tort.

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