J’ai passé pour vous… une audition
Enfin, non, gros mytho, je l’ai fait pour moi. Il va falloir que je vous parle un peu de la crise de la quarantaine car la mienne est… fantastique. Non mais vraiment, à un bore-out près, je vis ma meilleure vie, là. Et j’ai décidé de me montrer plus audacieuse. Un tout petit peu plus. Et dès début janvier, je me retrouve secouée dans ma zone de confort. Zeno, mon amie qui me veut du bien, me transmet une annonce pour une audition pour Starmania. Alors pas Starmania de Thomas Joly mais une version amatrice dont j’avais entendu parler sur Twitter. Après avoir fait un peu ma mijorée parce que LA FLIPPE, je finis par envoyer un mail. Ciel, je suis vraiment en train de m’inscrire à une audition ?
Chanteuse de salle de bain
Petite mise en contexte. Je ne suis pas musicienne. Je compte un an de violoncelle à mon actif. Et je compte même pas la flûte à bec, j’ai renoncé à ce truc dès qu’il a fallu semi boucher les trous pour faire le dièse ou je sais pas quoi. A la place, en cours, je me portais volontaire pour réciter une partie de la leçon que personne n’apprenait et j’épargnais les oreilles de mes camarades. Niveau chant, j’ai un an et demi de chorale pop et mes cours de comédie musicale à l’AICOM. Moi, je suis une vraie chanteuse de salle de bain… et de voiture aussi. Non parce qu’autant la conduite, ça me passionne pas, autant chanter en conduisant, sah quel plaisir ! Bref, je suis un peu légère même si je m’en sors pas si mal. Ouais, en 2020, je me calme sur la modestie à outrance.
J’aurais voulu être… une actrice ?
Je reçois un mail de réponse “youpi, super, viens passer l’audition ! Pas de panique, on est amateurs, viens en toute détente. Alors tu prépares une chanson et une petite saynette à jouer et tout ira bien”. Quoi ? Pardon ? Jouer une saynette ? Alors autant le chant, je peux m’en sortir mais le théâtre, j’en ai JAMAIS fait. A la comédie musicale, on ne fait que de l’impro. Bon, rassurons-nous : d’abord, j’ai une très bonne mémoire, ça va m’aider. Ensuite, ma prof de français du lycée m’avait jeté des fleurs sur la qualité de ma lecture lors du passage du bac blanc. Mais je joue quoi ? Bon, la chanson, je vais reprendre la petite sirène, je m’en étais bien sortie à la comédie musicale… si on excepte le fait que je m’étais complètement planté dans les paroles. Mais le texte, qu’est-ce que je joue ?
Répétitions en sourdine
Quand on sait pas, qu’est-ce qu’on fait ? On demande à Google. Je tombe donc sur un article listant des monologues et je sélectionne un passage de la série Killing Eve. Je vais donc jouer un personnage dont je ne sais rien tiré d’une série que je ne connais pas. Ok alors première mission : trouver une version française de cette scène. Etape 2 : répéter. Petite particularité : l’audition tombe mi-janvier, en pleine grève. Donc j’ai mon adoré en permanence à la maison… Et j’ose pas chanter (fort) quand il est là. Ah oui parce qu’en plus, mon plaisir à moi, c’est de chanter FORT. J’ai même une playlist qui s’appelle “chanter fort” qui réunit des chansons que je n’écoute jamais mais que j’adore chanter. Genre l’assasymphonie, là. Bref, je donne tout un soir où il sort faire passer un entretien.
Audition un jour de pluie
Jour J. J’ai pris mon après-midi, je relis mon texte X fois et c’est parti ! Parfois, la vie met tout pour que vous soyez dans de bonnes conditions, vous voyez ? Et bien là, non. L’audition a lieu à environ trente minutes de marche de chez moi. Génial, j’adore marcher ! Sauf qu’il pleut. Ce genre de pluie qui bruine, vous savez, qui vous mouille malgré votre super capuche. Et moi, en plus, j’ai des lunettes… donc oui, rapidement, je ne vois plus très bien. Et comme je marche sur une voie partagée avec des vélos, ils surgissent de nulle part à toute vitesse… Ah oui, NB : chers cyclistes, quand vous gueulez sur les voitures qui vous frôlent à grande vitesse sur la route, ça vous inspire pas de ne pas faire la même chose aux piétons ? Bref, j’arrive au théâtre un peu stressée, très agacée par le reste de l’humanité, l’oeil flou. Je suis accueillie par une jeune femme blonde fort sympathique qui me fait un peu redescendre. On discute un peu car on attend le deuxième… juré ? Je sais pas comment dire. Le gars arrive et… oh, c’est quelqu’un avec qui j’échange de temps en temps sur Twitter à propos de Starmania, justement. Il ne le sait pas car Nina n’est pas mon vrai nom et j’ai logiquement postulé avec ma vraie identité.
Une chanson totem que je plante à chaque fois
Bon, c’est à moi de jouer, littéralement. Je commence par le théâtre parce que j’ai pas la confiance du tout. Quand je répétais dans le silence de mon appartement, je me trouvais vraiment fausse. Je me plante un peu dans mon texte mais vu que personne ne le connaît et que je fais pas de grimace de “oh non, je me suis trompée”, ça passe. On enchaîne sur la chanson et… je sais pas pourquoi j’insiste avec cette chanson. Oui, elle est un bon totem pour moi qui veux toujours découvrir de nouveaux horizons mais je me suis encore plantée. Pas dans les paroles mais j’étais en avance sur la musique. On discute encore un peu, je fais mon coming-out twittesque. Du coup, on parle Starmania, Starmania, Starmania. Meilleure conversation du mois. Je repars avec ce délai : réponse le vendredi 24 janvier.
Et je réalise mon rêve d’ado
Samedi 25 janvier, 14h. J’ai cassé le bouton f5 de mon clavier pour actualiser ma boîte mail mais rien. Alors que j’ai quitté mon pc pour le canapé pour déjeuner, mon téléphone me signale une notification : la fille de l’audition m’a ajouté en amie sur Facebook. Je suis prise. Je vais donc jouer Cristal sur l’acte I. Et là, y a mon moi adolescente de 15-16 ans qui se lève pour une standing ovation d’anthologie. Parce que soudain, je percute que je vais réaliser son rêve, à cette petite. Oui, ado, j’étais folle de Starmania (j’en ai déjà parlé et j’ai republié des articles sur le sujet exprès sur mon blog Dystopie et sur Raconte moi des histoires). Je voulais être Cristal et à 40 ans, je vais l’être ! Les esprits chagrins souligneront que ce n’est qu’une production amatrice mais à ceux-là, je dirais : et alors ? Sincèrement, je suis heureuse d’avoir eu l’audace de passer l’audition. Ce n’était certes pas aussi tendu qu’une “vraie” (genre, là, le “jury” était sympa) mais ça représentait une sortie de zone de confort pour moi, quand même.
Vis tes rêves
Moralité ? N’oubliez jamais vos rêves, ils peuvent se réaliser 25 ans plus tard. D’ailleurs, à ce sujet, mon moi de 15 ans aimerait bien que j’envoie mon manuscrit du roman de Maja à des éditeurs donc je vais y passer un peu de temps et moins sur ma myriade de blogs. Mais ça fera encore plus de trucs à raconter après.
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