Balade sur le Nil : Edfou et Kom Ombo
Le 25 février – 7h, le réveil sonne. Comme nous avons navigué toute la nuit pour atteindre Thèbes, je me précipite pour voir ce qu’il se cache derrière le rideau… Oh, un autre bateau ! Moi qui avais suggéré à Victor qu’on laisse les rideaux ouverts pour profiter d’un beau paysage à notre réveil… Heureusement qu’on a renoncé “des fois que”. Peu importe : notre halte à Thèbes ne durera que le temps de découvrir Edfou.
Des temples égyptiens construits par des Grecs… ?
Au menu du jour, deux temples plus récents ne datant “que” de 300 avant JC, sous occupation grecque. Les Grecs, malins, avaient décidé de s’allier à la population locale en lui laissant sa religion. Ils leur construisaient même des temples ! Dont Edfou, temple dédié à Horus. Point mythologie : Horus est le fils d’Osiris et Iris. Osiris était un roi très apprécié par le peuple mais pas trop par son frère, Seth, qui le tue pour récupérer le trône. Il découpe le cadavre de son frère en quatorze morceaux qu’il jeta dans le Nil. Isis les récupère pour lui redonner vie. Elle y parvient mais Osiris veut retourner à la vie éternelle, celle où il n’est pas trucidé par son frère. Iris accepte à la condition qu’il lui donne un enfant. Sauf qu’Iris n’a en fait récupéré que 13 morceaux, il manque le 14e… le pénis. Et comme dit notre guide, “ça marche moins bien pour faire un enfant.” Elle modela donc un pénis à base de terre et de poterie et tombe enceinte d’un fils, Horus. Elle le cache jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour aller botter le cul de Seth. Ce qu’il fit et il devint le Roi des deux Egyptes.
D’abord, balade en calèche
On part donc vers le temple en calèche, le transport local. C’est assez impressionnant : quand on sort du bateau, des dizaines de mecs en djellabah et gilets jaunes se mettent à nous hurler dessus pour qu’on monte avec eux. Alors qu’il y a un deal avec le bateau, c’est sûr qu’on va venir. Personnellement, je ne suis pas fan des balades en calèches en milieu urbain. Je suis pas experte mais il me semble que l’asphalte est terrible pour les chevaux qui ne sont pas hyper bien traités. Mais vu qu’il n’y a pas le choix, allons-y.
Edfou, c’est fou
Arrivés au temple, on est assaillis par les marchands puis on arrive devant le monument. Certains personnages sont burinés, d’autres non. Dans la salle, le plafond et le haut des colonnes sont noircis car le temple servait de refuge aux populations nomades qui y allumaient des feux. Pourquoi seulement le haut ? Mais parce que le reste était enseveli sous le sable. En regardant les habitations autour, les hauteurs des statues burinées, la noirceur du plafond et des murs, on peut mesurer la hauteur de l’ensablement du temple. Je ne peux m’empêcher d’imaginer un temple dépassant à peine du désert et les merveilles se révélant au fur et à mesure que les archéologues déblaient le site. Ca sonne si excitant ! Pour les visages burinés, on suppose que ça vient des coptes. En effet, pour briser les croyances, on “cassait” les dieux païens pour prouver qu’ils n’avaient aucun pouvoir.
Le laboratoire des senteurs
A Edfou, nous découvrons le quatrième élément typique des temples : le sanctuaire avec l’autel et une espèce de cabane au fond. A Edfou, deux particularités. D’abord un laboratoire de senteurs et parfums avec les hiéroglyphes racontant cette fonction. Puis le couloir autour du temple où avaient lieu des représentations publiques autour de la guerre entre Horus et Seth.
C’est parti pour la navigation !
Retour au bateau en calèche, le petit bakshish qui va bien. On traverse les trois bateaux pour rejoindre le nôtre et… bah il n’est plus là ? On ressort pour le retrouver un peu plus loin, on patiente pendant les manoeuvres parmi des tas de vendeurs dont des enfants. Ca crie beaucoup, j’avoue que ça m’agresse un peu. Aujourd’hui, on déjeune dehors en regardant les rives du Nil défiler sous nos yeux puisqu’on navigue, c’est magnifique. L’après-midi, on retourne à nos cabines, j’ouvre grand les rideaux pour profiter de la navigation… et je m’endors au bout de deux pages de mon livre. Je n’émergerai que pour le tea time. Le thé n’est pas terrible ici, on est loin du délicieux thé à la menthe tunisien.
Kom Ombo, temple de nuit
Au couchant, après quelques belles photos, on repart vers un nouveau temple, Kom Ombo, qui est l’un des rares éclairés, d’où la visite de nuit. Ce temple est dédié à deux divinités : Horus et Sobek, le crocodile. Les Egyptiens avaient un peu peur des crocodiles, animal certes dangereux, et avaient imaginé un Dieu pour se l’approprier un peu. Mais comme ils en avaient vraiment peur, ils ne lui consacraient qu’un demi-temple, histoire qu’il ne prenne pas trop la confiance non plus.
Le Nilomètre
Autre curiosité : l’agenda des festivités du temple en hiéroglyphe, une fête par jour histoire d’encourager les fidèles à venir régulièrement. Sous l’autel, on va également trouver une petite cachette pour le prêtre qui va pouvoir parler aux fidèles comme s’il était un Dieu et, enfin, le petit musée des crocodiles momifiés. Le temple se dresse juste au-dessus de la ville, un peu comme le Parthénon, et nous permet de mesurer l’effet crue du Nil puisque malgré sa place en hauteur, il pouvait se retrouver les pieds dans l’eau. D’ailleurs, il existe dans le temple un Nilomètre, utilisé pour fixer les impôts et qui mesurait la crue. A 7m, on est à l’optimum donc impôts plein pot (12% il me semble). Et ça diminue si on est en-dessous (sécheresse) ou au-dessus (inondations trop importantes) puisque les récoltes seront moins bonnes.
Shakira, Shakira !
Au retour, je tiens fermement la main de Victor en regardant mes pieds, les marchands nous filent des petits sobriquets, de type “miss Shakira” (yeah!) ou Mme Sarkozy (non merci). On avale notre dîner et on file se coucher. Car le lendemain matin, lever à 5h30. Gloups.
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