Le piège des pensées limitantes
Je suis du genre hypersensible. Ou quelque chose du genre. J’ai une capacité à imprimer le moindre commentaire un tout peu négatif qui peut m’être fait et en faire une certitude. A partir de là, je vais nourrir mes pensées limitantes et ne plus jamais revenir dessus. Alors que la vie m’a démontrée que je pouvais être différente et plurielle mais que voulez-vous, c’est plus collant que du chewing-gum sous une semelle en plein été, cette histoire.
Je suis pas douée au volant
Pour comprendre ce que j’entends par “pensées limitantes”, voici deux anecdotes. D’abord mon apprentissage de la conduite. J’étais pas la plus douée, on ne va pas se mentir. Arrive le dernier cours, mes parents y assistent, je fais un peu de la merde. Je me gare en fin de séance et verdict “il existe deux types de personnes : les intellectuels et les manuels. Nina, c’est une intellectuelle donc la conduite, c’est moins son truc”. Depuis, tout le monde a bien intégré que j’étais nulle. Ma conduite accompagnée a été marquée par le redesign d’une aile dans une marche arrière mal maîtrisée. Arrive le jour du permis, mes parents m’expliquent 150 fois qu’il était normal de rater le permis la première fois. Heureusement, la monitrice m’avait calé un cours juste avant le passage pour me rassurer. J’ai eu mon permis. Du premier coup. Mais ça reste. Alors que je n’ai eu qu’un accident en 22 ans… Ok, je n’ai plus de voiture depuis 15 ans. Un accrochage sans blessés. Mais je reste dans cette pensée limitante et dès que je conduis, je stresse énormément.
Je suis pas faite pour le vélo
Ces pensées limitantes sur ma conduite marchent aussi sur le vélo. J’ai peur de faire du vélo car je me sens quiche. Une quiche étourdie qui va tomber à la première racine venue, rentrer dans les voitures qui s’arrêtent trop brutalement. Alors je marche… et je tombe. C’est la vie. Je veux dire personne ne peut être focus sur ce qu’iel fait 100% du temps. Mes mésaventures en voiture, c’était souvent dans des moments de stress, de fatigue. Quand je tombe en marchant, c’est parce que je n’avais pas vu un défaut sur la chaussée et, comme je suis hyperlaxe, ma cheville s’est tordue.
Tomber, ça arrive même aux meilleurs
Qui n’est jamais tombé ? C’est même comme ça qu’on apprend à marcher… Alors pourquoi, moi, ce serait parce que j’ai un défaut d’attention ? Pareil pour la conduite. Je vous renvoie à la vidéo de Caro. Lors d’un stage de conduite, le moniteur a expliqué aux élèves que ne jamais avoir eu d’accidents était extrêmement rare. Mes parents en ont eus, ma soeur en a eu. En vérité, je crois que, dans ma famille nucléaire, je suis celle qui en a eu le moins. je ne conduis jamais, ok, mais surtout, vu que je suis persuadée d’être nulle, je suis peureuse… A Noël, quand je suis allée à Toulouse voir mon amie Anne, j’ai été incapable d’atteindre le 130 sur l’autoroute…
Moi, maladroite
Un autre type de pensées limitantes que j’ai : la maladresse. Je me trouve gauche. Toujours à me cogner, à faire tomber des trucs. A tomber tout court, donc. A écraser des pieds. Ainsi, lors de ma prime jeunesse, quand je me suis inscrite dans des agences interim pour des boulots d’été, j’ai indiqué que je ne voulais pas prendre des missions de serveuse. Aucun mépris de ma part pour les serveurs et serveuses, je me sentais incapable de promener des kilos de vaisselle sans en pulvériser la moitié. Quand je dis ça à ma mère, elle me gourmande “Pourquoi tu penses ça ?”. Oui, je souhaite réhabiliter le verbe gourmander. Car suis-je plus maladroite qu’une autre ? Plus maladroite que cette collègue qui renversa son verre pile sur une prise électrique ? Ou que mon collègue Loïc qui renversait son café tous les trois matins au bureau ? Est-ce que je me cogne plus que les autres, est-ce que j’écrase plus de pieds ?
Et si j’échouais parce que je suis persuadée que c’est inévitable ?
Je ne sais pas. Et quand bien même… Je suis certes maladroite mais j’étais la reine des bijoux en perle tantôt, je suis plutôt bonne en DIY. Mais entre mon côté “intellectuel” et ma gaucherie, je ne suis pas douée en danse, par exemple. Enfin, je crois ne pas l’être. Mais s’il le faut, c’est pas si pire. Peut-être que c’est vraiment pas ouf… non pas parce que je suis trop intello-gauche. Mais parce que mes pensées limitantes m’ont persuadée que je l’étais. Ne pas devenir la reine du dance floor à cause de mes pensées limitantes, ça ne m’empêche pas de dormir. C’est plus gênant quand je me persuade que je ne peux pas faire de vélo sans que ça se termine mal alors que j’aurais plus vite fait de faire mon trajet maison-travail en vélo qu’en transport. Je gagnerais 15 mn par trajet, 30 mn par jour. Enorme ! Mais les pensées limitantes ont ce terrible vice de devenir auto-réalisatrices. Si je me bloque sur une éventuelle chute, je vais me crisper… et tomber.
Lâche prise
Alors du coup, on fait quoi ? On lâche prise, certainement. Mon objectif ultime qui est si loiiiiin d’être atteint. Peut-être déjà relativiser en se disant que non, je ne suis pas plus maladroite ou mauvaise conductrice qu’un.e autre. Que je peux danser bien si je veux. D’ailleurs, samedi, à l’atelier Lady Shock, je fus étonnée de suivre niveau choré. Que je ne suis pas particulièrement mauvaise en conduite et même, j’envisage de louer une voiture au Japon… où ils conduisent à gauche. Quelle audace !
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