Succession : de l’empathie pour des personnages qui n’en ont aucune ?

Succession : de l’empathie pour des personnages qui n’en ont aucune ?

Il y a un truc que j’ai vraiment du mal à capter, c’est la volonté de la fiction américaine de nous raconter des histoires concernant d’affreux personnages en nous demandant de compatir à leurs malheurs. Alors que moi , neuf fois sur dix, je jubile de leurs malheurs parce que le karma, tout ça. Enfin, quand je dis « jubile », j’exagère car en vérité, neuf fois sur dix, je m’en fiche. Et ce fut particulièrement le cas devant la série Succession.

Succession affiche de la saison 2

En grande fan des soap operas et autres conneries du genre, je me sens toujours obligée de me pencher sur des séries de type « une famille blindax se déchire parce que« . C’est le pitch de mon soap opéra que j’écrirai un jour (mais je sais pas si je l’écris façon scénario genre :

Andrew : Jill, nous devons mettre fin à cette liaison, tu es la femme de mon frère.

Jill : Mais si je l’ai épousé, lui, c’est parce que je t’ai rencontré trop tard. Embrasse-moi.

Andrew : Non.

Jill : Alleeeeez !

(Ils s’embrassent)

ou en mode vrai roman…). Donc forcément, Succession ne pouvait que susciter ma curiosité. L’histoire : un magnat de la télé fait un AVC, ses rejetons se battent pour récupérer la boîte mais papy n’a pas dit son dernier mot, ohlala. Bref, c’est coups tordus et revirements à tous les étages et les personnages masculins ne cessent d’éructer « suce ma queue » parce qu’ils sont dominants.

Une vie d’ordures

Bon, on va faire bref : je déteste cette série, je déteste les personnages. Ils sont si effroyable et vulgaires qu’à chaque claque qu’ils se prenaient dans la gueule, j’étais là « mmm…woke… ». Y a que le dernier épisode qui sauve un peu le truc mais pas suffisamment pour que je tente la saison 02. 

Affiche série HBO Succession Saison 1

Et là, je bute. Je bute vraiment. Il existe mille et une façons de raconter une histoire et je suppose que selon la sensibilité des uns et des autres, on ne réagit pas de la même façon. Mais pourquoi on me demande d’avoir de l’empathie pour des ordures ? Non parce que, clairement, dans Succession, ce sont tous d’affreuses personnes. Quand il leur arrive une merde, tu hausses les épaules, vraiment. T’as limite envie qu’il leur arrive encore pire parce que la balance karmique ne te paraît pas suffisamment à l’équilibre. Surtout, lui, là, Roman. Et ce qui m’énerve encore plus, c’est que ces horribles personnes font de moi quelqu’un de plus mauvais puisque je leur souhaite le pire…

Roman Roy dans Succession, interprété par Kieran Culkin
Lui, je vous jure, je lui voulais physiquement du mal

L’impossible empathie

… sans même ressentir une quelconque jubilation quand le karma se rappelle à eux. Alors dans le cas de Succession, vu que je les méprise de toute mon âme, j’ai du mal à me réjouir de chaque revers du destin puisque ça donne l’avantage à un autre personnage que je n’aime pas. 

Alors je ne vois qu’une explication dans la multiplication de séries aux personnages juste insupportables. Genre Docteur House que je n’ai jamais vraiment pu apprécier, Murder où ils sont tous complètement psychopathes et multi meurtriers et sans doute d’autres séries auxquelles je ne pense pas, là, de suite. De films aussi. J’écrirai un article spécifique sur les personnages détestables dans une oeuvre où les autres sont censés compenser le tout (j’ai détesté le dernier pub avant la fin du monde, et pas juste parce que je croyais que le film allait me raconter une toute autre histoire). Pourquoi ces oeuvres existent ? Pourquoi des gens ont inventé la vie de personnes exécrables ? Et je crois que nous tombons directement dans le hate watching. C’est exactement comme de la téléréalité où l’on mépriserait tous les participants et que l’on regarde juste pour détester les gens, se réjouir de leurs malheurs.

Le mariage de Sioban, Succession

La culture du hate watching

Et je ne trouve pas ça super fin. Ni particulièrement rassurant sur ce que nous sommes, sur notre société. Il est sans doute jouissif d’écrire sur un personnage effroyable, j’ai eu cette idée également (Allegria, une sorte de Carrie Bradshaw psychopathe et meurtrière)(j’ai écrit 1,5 pages environ). J’aimerais que l’on puisse écrire des personnages plus positifs, qui agissent pour de bonnes raisons et qui ne disent pas “suce ma bite” toutes les deux phrases. Je vais vraiment y être attentive sur mes prochains personnages… même si, à l’heure actuelle, aucun n’est vraiment moisi. Et surtout, surtout, personne ne pense que balancer le mot queue et ses dérivés tous les deux mots lui confère une certaine virilité… Des personnages un peu intelligents, en somme.

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