Et si je me faisais la paix ?
La vie, c’est frustrant. Vous voyez, moi, j’ai une vie rêvée tournant essentiellement autour de quelque chose de sain et d’épanoui avec de la nourriture fraîche et pleine de bonnes choses, du sport, des loisirs créatifs. Toute ma vie est dirigée vers cet objectif sauf qu’il existe un minuscule obstacle. Mes journées sont parasitées par un truc hyper chronophage : le travail. Et comme j’aime bien l’idée de gagner ma vie, va falloir revoir le problème. Phase un : et si je me faisais la paix.
Moi en mieux
Cette vie rêvée a un objectif que je résumerais en une sentence : devenir cette moi en mieux. C’est qui cette moi en mieux ? Moi en plus svelte, mieux fringuée, un appart mieux rangé et qui fait plein de trucs. Vous n’imaginez pas ma frustration quand je vois mes contacts réussir leurs mille vies. Frustration, pas jalousie. Non parce que je suis contente pour eux et pour certains, c’est certainement mérité, je suis juste énervée après moi de ne pas y arriver. Pendant que Jacques sort un roman, Louay réalise un voyage dont je rêve, Elisa exhibe sa nouvelle silhouette divine et Laura expose ses dernières créations couture parfaitement maîtrisée, je me demande ce que je fais de ma vie.
Alors évidemment, il y a le miroir déformant des réseaux sociaux. On n’a sans doute pas toujours idée du coût de ces vies rêvées ou de leur réalité. Par exemple, Elisa est superbe avec sa nouvelle sveltesse mais peut-être n’est-elle due qu’à une rupture douloureuse, une maladie ou a entraîné certains déséquilibres alimentaires. Jacques a peut-être publié un roman mais il ne se vend pas terrible et au fond de lui, son rêve d’enfant vient de mourir. Louay fait de belles photos de son voyage mais, curieusement, on ne voit pas son hôtel miteux (même si ça reste cool, un voyage).
Parfaite… mais pourquoi ?
Mais en fait… on s’en fout des autres. Concrètement, qu’est-ce qui arriverait de mieux à cette Nina parfaite ? Une meilleure santé, sans doute mais à part ça… Enfin, si, mais je me trompe de priorités. Je crois toujours qu’être plus mince et mieux habillée m’ouvrirait plus de portes. Ce n’est pas impossible MAIS quelles portes ? Je n’aime pas mon milieu professionnel donc progresser en payant avec mon ventre à peu près plat, franchement… Et surtout, en me faisant la paix sur ce sujet là, est-ce que je vais pas gagner ailleurs ?
Non parce qu’en vrai, c’est là où je voulais en venir. Si je ne renonce pas à mes rêves d’écriture (enfin, écrire, je le fais, je me poserai un jour la question de mon envie de plus ou non), ni au sport, je change l’optique. J’arrête de vouloir maigrir. Pour deux raisons : les régimes ne marchent pas et puis, il est temps que je dise merde à un ou deux diktats de ces foutus magazines féminins.
Faire la paix avec soi
Alors dire stop, c’est pas si simple, hein, parce que ça veut dire que je fais le deuil de cette fille mince qui n’aura jamais été moi… enfin, si, en fait. Il y eut un temps où mon IMC était exemplaire et malgré tout, je regardais mon ventre tel mon pire ennemi. Car en vérité, tous les régimes ne corrigeront jamais ma détestation de ce ventre que je vois comme responsable de tous mes maux. Car là est mon vrai Everest, plus que tous les régimes et toutes les tentatives de trouver la routine gagnante : faire la paix avec mon bidou. Alors, on relève ce nouveau challenge ?